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faire connoître mon état ; au contraire je vous conju A N. 1100. re de ne me pas ordonner d'y retourner: finon à condition que je puisse observer la loi de Dieu, & que le roi repare le mal qu'il a fait à mon église. Autrement il fembleroit que j'aurois été juftement dépouillé, pour avoir voulu confulter le faint siege : ce qui feroit d'un dangereux exemple. Quelques-uns moins éclairez, demandent pourquoi je n'excommunic pas le roi : mais les plus fages me confeillent de n'en rien faire, parce qu'il ne me convient pas de me plaindre & de me venger tout ensemble. Enfin les amis que j'ai auprès du roi m'ont mandé qu'il fe moqueroit de mon

V.

laume le roux.

d'Angleterre,

Lib. 3. Nov.

excommunication.

Quelque tems après Anfelme apprit la mort du roi Mort de Guil- Guillaume le roux, qui fut tué par accident à la Henri I. Roi chaffe le jeudi fecond jour d'Août l'an 1100. & mourut fur le champ, fans penitence & fans confeffion. Anfelme le pleura amerement; & affura qu'il auroit mieux aimé que Dieu l'eût retiré du monde luimême, que de laiffer mourir de la forte ce malheureux prince. Il reçut bien-tôt un député de l'église de Cantorberi, avec des lettres où on le prioit inftamment de revenir; & par le confcil de l'archevêque de Lion il fe mit en chemin pour l'Angleterre : fort regreté dans le païs qu'il quittoit. Il n'étoit pas encore arrivé à Clugni, quand il reçut un autre député du nouveau roi Henri & des Seigneurs du roïaume pour preffer fon retour. La lettre du roi portoit, qu'a près la mort de fon frere il avoit été élû roi par le clergé & le peuple d'Angleterre ; & que la crainte des ennemis, qui vouloient s'élever contre lui, l'avoit obligé à fe faire facrer fans attendre l'archevêque, à

VI.

Concile de Va

to. x.conc.p.717< ex Hug. Flav. pa

qui il en faifoit excufe, proteftant de vouloir fe gouverner par fes confeils. Guillaume le roux n'avoit AN. 1100. point laiffé d'enfans; & comme Robert duc de Normandie fon frere aîné n'étoit pas encore revenu de la croifade, Henri qui étoit le cadet, profita de son abfence, & se pressa de fe faire reconnoître & couronner roi. Il fe maintint nonobftant les efforts de fon frere, & regna plus de trente-fix ans. Anfelme fit telle diligence qu'il arriva à Douvre le vingt-troifiéme de Septembre, & fut reçu avec une extrême Edmer. 3. Nawar joïe de toute l'Angleterre, qui esperoit à son retour une espece de résurrection, par la réparation de tous les défordres paffez, principalement dans la religion. En France les deux légats Jean & Benoît tinrent plufieurs conciles, dont le premier qui avoit été indiqué à lence. Autun fut tenu à Valence. Le principal fujet étoient les plaintes des chanoines d'Autun contre Norgaud 254 leur évêque, qu'ils accufoient d'être entré dans ce fiege par fimonie, & d'en diffiper les biens. Par l'autorité des légats il obligea les chanoines de venir au concile de Valence, nonobftant leurs protestations de ne devoir point être traduits hors de leur province car Valence eft celle de Vienne. Le concile commença le dernier jour de Septembre 1100. & il s'y trouva vingt-quatre prélats, tant archevêques & évêques qu'abbez. L'archevêque de Lion étant malade, y envoïa des députez ; & on difoit qu'il avoit empêché les évêques de Langres & de Challon d'y venir: car il n'étoit pas content que les légats lui ôtaffent le jugement d'un évêque de fa province. L'évêque de Mâcon revenant de Rome avoit été pris par l'antipape Guibert, qui le tenoit en prison: ainfi il n'y eut de la

province de Lion que l'évêque d'Aucun qui affifta au AN. 1100. concile de Valence.

Ses parties étoient treize chanoines de son église, entre lefquels étoient deux archidiacres, le prevôt & le chantre: de plus l'abbé de faint Benigne de Dijon, l'abbé de Flavigny & les députez de l'abbé de Clugny. Mais il foutenoit qu'il n'étoient pas recevables, parce que les ouailles ne doivent point accufer leur pafteur: qu'ils avoient confenti à fon élection & à fa confecration, quoiqu'avertis fous peine d'anathême, de proposer leurs reproches : que l'un d'eux avoit reçu de lui l'ordre de diacre, l'autre la charge de chantre, & lui avoient fait hommage l'un & l'autre. Enfin qu'il n'y avoit qu'un témoin outre l'accufateur. Les légats répondirent qu'en matiere de fimonie, toute perfonne, fût-elle infame, eft reçûë à accuser; & que le pape Gregoire VII. dans un concile de Rome avoit depofé un évêque fimoniaque fur l'accufation d'un abbé fon complice. Que d'ailleurs il suffisoit d'un accufateur avec un témoin.

Quand ce vint au jugement il y eut de la conteftation entre les évêques & les légats. Les évêques difoient l'on devoit obliger l'accufé à fe purger, que fuivant l'ufage de l'églife Gallicane, confirmé au concile de Clermont en préfence du pape Urbain. Les légats répondirent que fuivant les canons, c'étoit aux accufateurs à prouver ce qu'ils avançoient. L'accufé appella au faint fiege, mais les légats ne défererent point à fon appel, parce que le pape leur avoit donné la plenitude de fa puiffance. La féance du concile aïant duré jusqu'à la fin du jour, on remit la décision de l'affaire. Pendant la nuit Norgaud envoïa des pré

fens aux évêques, dont quelques-uns les prirent, d'autres les refuferent, & ceux-ci en furent remer- A N. 1oo. ciez publiquement par les cardinaux légats dans la féance du lendemain. L'affaire y fut encore agitée, mais non pas terminée; & à la priere de tous les évêques on donna un délai jufqu'au concile que les mêmes légats devoient tenir à Poitiers. Cependant Norgaud fut declaré fufpens de toute fonction épifcopale & facerdotale. Et c'eft ce qui fe paffa à son égard au

concile de Valence.

VII. Mort de l'antipape Guibert.

L'antipape Guibert mourut pendant la tenuë de ce concile, c'est-à-dire vers le commencement d'Octobre l'an 1100. la vingtiéme année de fon intrufion chr. Virdun p. dans le faint fiege, & la vingt-troifiéme de fa révolte 256. contre Gregoire VII. Dès le commencement du pontificat de Pascal, les Romains le preffoient d'a- Dompizo. battre l'antipape: trouvant honteux qu'il eût résisté à fes trois prédeceffeurs. Ils lui offroient de l'argent; & les députez du comte Roger venant le complimenter de la part de leur maître, mirent à ses pieds mille onces d'or. Le pape Pascal encouragé par ces fecours, commença à agir contre Guibert, le chaffa d'Albane,

&
par là ruina fon parti dans Rome. Guibert fe re-
tira à Citta-di-Caftello; & dans cette fuite il mourut
fubitement. Toutefois le fchifme ne fut pas éteint.
Son parti lui fubftitua un nommé Albeat, qui fut
pris par les catholiques le jour même de fon élection,
& enfermé à S. Laurent. Les fchifinatiques élurent
enfuite Theodoric, qui fut pris au bout de trois mois
& demi, & enfermé au monaftere de Cave. Enfin ils
élurent Maginulfe qui féduifoit le peuple par
prédictions & des fuperftitions magiques; mais il fur

des

Petr. Pifan.

auffi chaffé de Rome, & mourut en exil réduit à une AN, 1100. extrême mifere.

Chr. Vird. p. 256.

L'évêque de Mâcon delivré de la prifon de Guibert trouva à Rome des députez de l'église d'Autun, 1. 257. qui en fa présence rapporterent au pape ce qui s'étoit paffé au concile de Valence; & le pape en fut encore informé par les lettres des deux cardinaux Jean & Benoît fes légats, qui prioient les cardinaux qui étoient à Rome de ne pas fouffrir que l'on donnât atteinte à ce qui avoit été fait pour l'honneur de l'église Romaine. L'évêque de Mâcon intercedoit pour l'évêque d'Autun fon confrere, & le pape le renvoïa avec des lettres par lesquelles il exhortoit fes légats à favoriser la juftice: promettant en ce cas de ratifier leur jugement. Dès le quatorziéme d'Avril de cette année 1100. le pape avoit accordé à Norgaud la confirmation des privileges de son église, le reconnoissant pour évêque legitime. L'évêque de Mâcon revint ainfi en France, & affifta au concile de Poitiers.

Pafch.epift.

VIII.

Concile de Poiziers.

▼. epift. 84.

Avant la tenue de ce concile, & même de celui de Valence, Ives de Chartres aïant reçu du légat Jean des lettres pleines d'amitié, lui répondit par une lettre où il louë d'abord fa fermeté de s'être abftenu de la communion du roi. En quoi, ajoute-il, vous avez travaillé pour votre réputation & pour l'interêt de la légation dont vous êtes chargé : quoique quelques évêques de la province Belgique aïent couronné le roi à la Pentecôte contre la défenfe du pape Urbain d'heureufe memoire, comme s'ils croïoient que la justice fût morte avec lui. J'ai expliqué ailleurs Rup. Liv. LXIV. ce que c'étoit que ce couronnement des rois aux grandes fêtes; & le roi Philippe s'en étoit rendu in

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