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AN.1143. qui les foûtiendroient; & ordonna que l'écrit feroit confervé, & qu'on en envoyeroit une copie authentique fur les lieux.

Ibid. p. 678.

La même année 1143. le vendredi premier jour d'Octobre, la feptiéme indiction étant commencée, le patriarche Michel tint un autre concile dans le palais Thomaïte, où affifterent treize métropolitains & les grands officiers de l'empereur, & le patriarche dit: Nous avons reçû plufieurs avis fâcheux contre la réputation du moine Niphon ; & nous avons vû un écrit de lui envoyé nommément à plufieurs perfonnes de Cappadoce, & qu'il a reconnu lui-même, Nous avons auffi appris de plufieurs perfonnes dignes de foi qu'il infulte à toute l'églife, & qu'il traite tous les autres d'heretiques. Il s'eft présenté jusqu'à deux fois devant le concile, qui a jugé qu'il étoit befoin d'un plus grand examen pour verifier les avis que nous avons reçûs, & connoître les fentimens de l'accufé; & cependant le concile a craint que s'il étoit en liberté, il ne communiquât fes erreurs à plusieurs au préjudice de leurs ames.

C'est pourquoi jusques à une plus ample informa tion, nous avons ordonné qu'il fera conduit au monaftere de Periblepte, avec ordre à l'abbé, à l'œconome & aux autres moines, de le mettre en retraite dans une cellule au dedans du monaftere, où perfonne du dehors ne puiffe approcher de lui, finon un feul ferviteur : qu'il ne parle à perfonne, ni laïque, ni ecclefiaftique, ni même aux moines de la maison, qu'il n'écrive à perfonne, & ne life que les livres que nous lui prefcrirons. Sous peine d'excommunication, s'il écrit ou inftruit quelqu'un en cachette; & d'être

tenu pour convaincu des rapports qui nous ont été AN.1144. faits contre lui. La Periplepte eft un titre de la fain- cang. C.P. te Vierge, à qui ce monastere étoit dédié, comme qui diroit l'Admirable.

Environ cinq mois après, le patriarche Michel porta fon jugement définitif contre Niphon, dans un concile tenu le mardi vingt-deuxième de Février indiction septiéme l'an 1144. où assisterent onze métropolitains & les officiers de l'empereur. La fentence porte en fubftance: Nous fommes aujourd'hui pleinement informez des erreurs que tient & enfeigne le moine Niphon contre la fainte communion des myfteres de J. C. & fur d'autres articles, par le témoi gnage de tels & tels. Nous favons qu'il reconnoît pour orthodoxes les deux évêques de la province de Tyane que nous avons déposez depuis peu, & qu'il approuve leurs fentimens. Enfin nous lui avons oui dire aujourd'hui publiquement en notre presence, anathême au Dieu des Hébreux. C'eft pourquoi nous avons ordonné qu'il foit enfermé fans aucune communication avec perfonne; & quiconque ofera deformais communiquer avec lui en quelque inaniere que ce foit, fera réputé être dans les fentimens & puni comme tel. Le moine Niphon étoit entierement ignorant des lettres humaines, mais il avoit étudié dès l'enfance les faintes lettres. En exécution de cette fentence on lui coupa fa barbe qui defcendoit jufques aux talons, on l'enferma & il demeura dans fa retraite forcée pendant tout le patriarchat de Michel

Oxite.

Le pape Celeftin fachant, que Pierre abbé de Clugni étoit en peine de l'état de l'églife Romaine,

94.

Ibid. p. 681.

Cinnam. 11. c. 10. p. 35.

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AN. 1143. en ce tems de trouble & de fédition, lui écrivit comCeleff. ep. 1. to. ment il avoit été élu le troifiéme jour aprés la mort x.conc. p.1031. du pape Innocent par les cardinaux prêtres & dia

ep. 18.

cres assemblez dans l'église de Latran, avec les évêques & les foudiacres, aux acclamations du clergé & du peuple Romain: ce font les termes. La lettre eft datée du fixiéme de Novembre; & l'abbé Pierre Pet. Gun. 11. la reçut le vingt-neuviéme du même mois veille de S. André, & la fit lire en plein chapitre. C'est ce qu'il témoigne dans fa réponse, où il felicite le pape, de ce que fa promotion a été plus pacifique que celle de tous les prédeceffeurs depuis Alexandre II. Il témoigne un grand defir de l'aller trouver, & de renouveller leur ancienne amitié. Mais il n'en eut pas le tems; car le pape Celestin mourut l'année fuivante 1144. le neuvième jour de Mars, après cinq mois & treize jours de pontificat, & fut enterré à S. Jean de Latran.

Cod. Vatic. ap. Bar

Le faint fiege ne vaqua encore qu'un jour; & le lendemain dixiéme de Mars, on élut Gerard prêtre cardinal du titre de fainte Croix en Jerufalem, qui fut nommé Lucius II. & couronné le dimanche de la Paffion douzième jour de Mars. Il étoit né à Bologne & chanoine regulier: ce fut le pape Honorius II. qui le fit cardinal & bibliothecaire de l'église Romaine. Il rébâtit fon églife dont il augmenta les reve nus, & y établit une communauté de chanoines reguliers. Le pape Innocent II, connoiffant sa vertu & fa capacité, le fit chancelier après la mort d'Aimeri; & en mourant il le fit camerier, lui confiant les biens de l'église Romaine. Il ne tint le faint fiege qu'onze

mois.

V.

Dol foumis à

Tours.

Sup. liv. LXIV.

Il jugea le differend qui duroit depuis fi long-tems AN.1144. entre l'archevêque de Tours & l'évêque de Dol, touchant la jurifdiction fur les évêques de Bretagne, l'archevêque de que le pape Urbain II. avoit adjugé à l'archevêque de Tours cinquante ans auparavant. Le pape Lucius n.16. Marienne colconfirma ce jugement par une bulle adreffée à Hu- let to. 1.p.80. gues archevêque de Tours: où il dit, que le pape Innocent avoit commis cette affaire à Geofroi évêque de Chartres fon legat, qui ne l'ayant point terminée, l'évêque de Dol avoit prié le même pape de l'évoquer à foi & l'avoit obtenu. Mais la mort du pape Innocent étant furvenue, continue Lucius, vous vous êtes prefentez l'un & l'autre devant nous : vous archevêque de Tours, avez produits les titres de votre églife, entre autre la bulle du pape Urbain, à quoi l'évêque de Dol n'a rien répondu de raifonnable, ni foutenu fa prétention par l'autorité d'aucun pape. C'est pourquoi de l'avis de notre conseil où étoient plufieurs évêques, cardinaux, abbez & nobles Romains; nous avons confirmé ce jugement du faint fiege, & vous avons invefti de notre propre main par un bâton de l'obéïffance de ces évêques. Ordonnant que tant l'évêque de Dol que tous les autres de Bretagne, foient déformais foumis à l'église de Tours, comme à leur metropole. Avec cette reftriction toutefois, que notre frere Geofroi évêque de Dol, tant qu'il gouvernera cette église, aura se pallium, & ne fera foumis qu'au pape.

Cette bulle eft datée de Latran le quinziéme deMai 1144. & le pape y nomme en cet ordre ceux qui étoient de fon confeil; premierement deux évêques cardinaux, puis Raimond archevêque de Tolede,

:

AN.1144. Henri évêque de Vinchestre, Ulger d'Angers & trois autres évêques François, puis les cardinaux prêtres & diacres enfuite Pierre de Clugni & deux autres abbez, & enfin les nobles Romains. On garde encore à Tours le bâton par lequel le pape donna cette inveftiture. En confequence de cette bulle le pape Lucius écrivit aux évêques de S. Brieu & de Treguier pour les abfoudre de l'obéiffance qu'ils avoient promife à l'évêque de Dol, & leur enjoindre de la rendre à l'archevêque de Tours. Il écrivit auffi au comte Geoffroi & aux feigneurs de Bretagne, pour leur enjoindre de ne point s'oppofer à l'execution de ce jugement.

n. 43.

Luc. ep. 3.

Raimond archevêque de Tolede étant à Rome, Sup liv.XIII. obtint de fon côté la confirmation de la primatie déja donnée à cette église par Urbain II. fur toute l'Espagne, cinquante-fix ans auparavant. La bulle de Lucius, datée du treiziéme de Mai 1144. porte entre autres claufes, que les diocefes des villes qui ont perdu leurs metropolitains par l'invafion des Sarrafins, feront foumis à l'archevêque de Tolede, tant qu'ils demeureront en cet état. Sous ce même pontificat AlInn. III. lib. I. fonse duc de Portugal & depuis roi, promit à l'église Romaine un cens annuel de quatre onces d'or, payables par lui & par ses heritiers.

cp.99.

V I. Lettres des Romains au roi Conrad.

Otto.Frifing.III.

Chr. c. 31.

Cependant les Romains poussant toûjours leurs entreprises, ajoûterent un patrice aux fenateurs qu'ils avoient déja établis, & donnerent cette dignité à Jourdain fils de Pierre de Leon, fe foumettant à lui comme à leur prince, puis ils allerent trouver le pape & lui demanderent tous les droits regaliens dont il joüiffoit, tant à Rome que dehors, comme appar

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