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C. D'Es-avoir le moindre rapport aux nouvelles erreurs qui regnoient alors.

PENCE.

Sa conduite déplut fort aux ennemis de l'Eglife, & l'Historien de leur prétenduë Reforme ne manque pas d'avancer, qu'il ne fit rien qui vaille depuis cette lâcheté ; parce qu'il ne ceffa point depuis ce tems d'écrire contre eux; reproche qui fait fon éloge.

Entre les propofitions que d'Ef pence voulut bien facrifier à l'amour de la paix, celle qui regarde la Le-gende dorée de Jacques de Voragine a été depuis embraffée fans aucune difficulté par tous les Sçavans. Melchior Canus, Dominicain, ne fe contente pas de l'appeller, comme il avoit fait, Legende de fer, il ajoûte qu'on y lit des monftres de miracles, au lieu de vrais miracles, que l'Auteur avoit une bouche de fer, un cœur de plomb, & fort peu de gravité & de prudence. Vivés & d'autres illuftres Catholiques n'ont pas parlé plus avantageufement de cette Legende, pour laquelle on étoit fort prévenu du tems de d'Efpence; mais pour laquelle notre

fiecle plus éclairé a un fouverain C. D'Es mépris.

L'année fuivante 1544. d'Espence fuivit le Cardinal de Lorraine dans le voyage qu'il fit en Flandres, pour ratifier la paix entre le Roi & l'Empereur Charles-Quint; & il étoit en chemin pour revenir à Paris, lorfqu'il reçut une Lettre de François I. datée du 15. Novembre 1544. par laquelle il lui ordonnoit de fe rendre dans la huitaine à Fontainebleau, où il avoit jugé à propos d'assembler quelques bons & notables perfonnages pour avifer & deliberer des préparatifs neceffaires pour le fait du Concile de Trente.

Le lieu de l'affemblée fut changé dans la fuite, car d'Efpence n'ayant pû faire affez de diligenc pour executer l'ordre du Roi, Pierre Caftellan, ou du Chatel, qui devoit préfider à l'affemblée, lui écrivit le 19. Decembre fuivant, de fe rendre inceffamment à Melun, où les autres Theologiens étoient déja affemblez. Il s'y rendit effectivement, & eut bonne part aux déliberations, parce que, quoiqu'il fût le plus

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PENCE.

PENCE.

C. D'Es- jeune de Licence de tous ceux qui y étoient, il parloit toujours le premier, entamoit les matieres, & difoit fon fentiment avant les autres, tant on avoit bonne opinion de fa capacité.

Le Concile ayant été transferé en 1547. à Boulogne, le Roi Henri II. y envoya le fieur d'Urfé, Gentilbomme ordinaire de fa Chambre, ebo Michel de l'Hopital, Confeiller au Parlement de Paris en qualité d'Ambaffadeurs,& leur affocia Claude d'Efpence, qui fut porteur de fa Lettre au Concile, dans laquelle il eft qualifié de personnage de bonnes maurs & loüables qualitez, fuffifamment édifié ès faintes Lettres, au moyen de quoi, ajoûte la Lettre, il fera pour quelquefois fervir, s'il eft appellé, en aucunes chofes, qui fe pourront prefenter ès propofitions, conclu fions & déterminations dudit Concile. Cette Lettre eft du 15. Août Août 1547. Son voyage ne fut pas long, car le Concile ayant été interrompu quelque tems après, il revint auffitôt en France, où il travailla à mettre au jour plufieurs Ouvrages de

Theologie, dont je parlerai plus C. D'ES

bas.

PENCE.

Le Cardinal de Lorraine le mena en 1655. à Rome, où fon merite éclata fi fort, que le Pape Paul IV. conçut beaucoup d'eftime pour lui, & eut la penfée de le faire Cardinal, pour le retenir dans cette Ville. Mais foit qu'il eût depuis changé d'avis, foit que les envieux de d'Efpence lui euffent rendu de mauvais offices auprès de lui, il ne fut point élevé à cette dignité; & c'eft une chofe dont il remercie Dieu dans fon Epitre Dedicatoire du Livre des Devoirs des Pasteurs, adreffé à Odet de Chatillon, & dans fon Apologie, où il parle ainfi: Comme j'étois prêt de rendre raifon de ma foi, étant à Rome, il plut au T. S. P. Paul IV. m'oüir touchant plufieurs autres chofes; même lorfqu'il comptoit de me retenir à Rome, en me faifant Cardinal. Je ne feins rien; car que gagnerois-je à feindre? Or ne fçais-je fi en ce, mon bon Ange me fut bien ou mal propice; mais je fçais bien & j'en jure que toutes les fois qu'il me fouvient de = cette courte famée, & du bruit qui pour

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C. D'Es-lors me paffa devant les yeux, d'un PENCE. honneur fi grand & fi gratuit que tels fi cherement marchandoient, & ne l'emporterent, autant de fois je remercie Dieu de ce qu'il ne permit pas que le Pape Paul IV. executa la volonté qu'il avoit de me faire tant de bien, ou plutôt tant de mal.

Sleidan, & ceux qui l'ont fuivi, affurent qu'il manqua le Chapeau, pour avoir prêché contre la Legende dorée, mais c'eft une pure conjecture , que d'Efpence refute fuffifamment par le filence qu'il gar

de fur cet article.

D'Efpence fe trouva en 1560. aux Etats d'Orleans, & il fut un des Theologiens qui affifterent aux Conferences qu'on tint pour déliberer fur ce qu'il y avoit à faire dans le Concile.

L'année fuivante il fut un des Tenans pour les Catholiques au Colloque de Poiffy, qui fe termina comme font ordinairement les Affemblées de ce genre, où l'on ne convient de rien, & où chaque parti s'adjuge la victoire.

On propofa enfuite de le ren

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