SON..

N. SAN-l'on avoit, lorfqu'elles ont été faites. n'étoit pas fuffifant pour regler toutes les pofitions, &c. N'eft-ce pas convenir que les obfervations que l'on a faites depuis manquoient alors? & qu'ainfi tous les Geographes contemporains de M. Sanfon, & qui ont travaillé depuis lui, & d'après lui, n'ont pû manquer de faire les mêmes fautes prétenduës. Refte à juftifier ces obfervations que l'on vante tant,qui font venues fort tard, & à montrer les fautes qu'elles ont corrigées; ce que l'on n'a point encore fait, quoiqu'on l'ait tant promis. Les Itineraires d'Antonin, les Tables de Peutinger, les Notices de l'Empire, font des monumens fur lefquels on travaillera toujours pour l'Europe, & pour les autres parties de l'Empire Romain, indépendamment des obfervations Aftronomiques.

L'Anonyme a raifon de fentir l'étendue des obligations que la Geogra phie a à M. Sanfon; tout le monde le fent comme lui, & de s'étonner, qu'avec auffi peu de fecours qu'il avoit, il ait pu porter cette fcience auffi loin

4

SON.

qu'il a fait. Car il falloit un génie N. SAN-
auffi folide & auffi vafte
que celui
de Nicolas Sanfon, pour donner à
cette fcience l'ordre & la perfec-
tion qu'elle n'avoit point encore
cûë, & pour compofer un fi grand
nombre d'Ouvrages, qui ont fervi
de plan & de modele à tous les au-
tres, auffi-bien que de fond.

Qui de tous les Geographes a
donné plus de Cartes, & de mieux
faites que ce grand homme, & que
ceux de fa famille:& plus de Traitez
très-folides & originaux, fur di-
verfes parties de notre Continent,
dont plufieurs font encore demeurez
manufcrits, & fort defirez du Pu-
blic? Et qui a mieux entendu que
lui la Geographie ancienne, & fa
correfpondance avec la moderne ?
Le Public en fera le juge. Qu'a-t'on
fait depuis lui, que de tâcher de
l'imiter & de le fuivre ? C'eft donc
un Auteur d'un merite fuperieur &
original, que l'on doit par confé-
quent admirer & refpecter.

3o. Il mit toujours dans fes Cartes, dit l'Anonyme, les fources du Nil audelà de la ligne fous le Tropique du Ca

SON

N. SAN-pricorne. Parler ainfi, c'eft n'avoir point vu les premieres Cartes de Nicolas Sanfon fa Mappemonde Latine & Françoife, fon Afrique' Latine, & fon Afrique Françoise, où il met toujours l'une des fources du Nil à cinq degrez au-delà de l'Equateur, & l'autre à fix feulement. Cela eft bien éloigné du Tropique, qui en est à vingt-trois degrez & demi. Mais cette faute lui eft-elle particuliere ? puifque tous les autres Geographes avant lui l'ont faite de même, & le fieur Detifle lui-même, qui s'y eft trompé jufqu'en l'année 1700. Pourquoi donc attaquer le feul Sanfon fur ce point? & encore lui impofer une erreur de dix-huit degrez? Et l'Anonyme ne fçait-il pas que fes fils ont remis ces fources du Nil à leur place, dès qu'ils en ont eu connoiffance, c'est-à-dire, dans l'Abyllinie, au douzième degré de latitude. Nord?

4°. Il donna, continuë-t'il, à la Waute Afie, à la Chine, à la Tartarie, une étendue & une difpofition contraire au témoignage de toutes les

Relations exactes ; & l'on vit toujours N. SANdans fes Cartes la terre d'Yeço plus SON. proche de l'Amerique qu'elle ne l'eft en effet. Il falloit citer ces Relations exactes que l'on n'a euës que fort tard, & faire voir en quoi pêche cette difpofition de l'Afie,& qu'elle ne fe trouve ainfi difpofée que dans les Cartes de M. Sanfon; car on la trouve de même dans tous les autres Geographes fes contemporains, & dans ceux qui font venus après lui.

Pour la terre d'reço, c'eft encore un reproche commun à faire à tous les Geographes; mais l'Anonyme fçait bien que Guillaume & Adrien Sanfon ont reformé cela, & ont rapproché cette terre de l'Asie, jufqu'à l'y rendre contigue. Pourquoi cette retinence? Ils ont de même réuni dans la fuite la Californie au Continent, cette terre qui depuis deux fiecles a fi fouvent changé de figure, & que l'on trouve dans les Cartes, tantôt une Ifle, tantôt une prefqu'Ifle. M. Delifle n'eft pas le premier qui en ait fait une prefqu'Ifle; bien d'autres l'avoient fait

N. SAN- avant lui. Multa renafcentur quæ jam

SON.

cecidere. Horat.

:

Pour ce qui eft du Continent de l'Afie, que M. Delifle a borné du côté de l'Orient, au 165. degré; Hondius en 1630. ne l'avoit porté que jufques-là. Ne feroit-ce point de cet Auteur qu'il auroit pris cette idée ? On dira qu'il s'eft reglé fur les Obfervations Aftronomiques de Meffieurs de l'Academie Royale des Sciences à la bonne heure. Il a eu raifon de le faire, puifque ce n'est qu'à cette condition qu'il a été reçu en 1702. dans cet illuftre Corps ; car il n'étoit rien moins qu'Obfervateur & Aftronome. Dès 1681. Meffieurs Sanfon difoient dans leur Introduction à la Geographie: Meffieurs les Aftronomes de l'Academie Royale prétendent regler les longitudes par les Eclipfes des Satellites de Jupiter. Leur intelligence en ces matieres.

leur grande exactitude, nous doivent faire efperer la réuffite de cette entreprise. On ne méprifoit donc point ces Obfervations, comme dit l'Anonyme, & fi on les eût eûës bien détaillées, on en auroit fans doute profité.