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qu'il fut de retour, il fit demander A. C. par le Nonce du Pape Marefcotti ZALUSKI la permiffion d'aller en Portugal pour y executer fa commiffion en attendant le retour de la Cour à Madrid, & il l'obtint après bien des inftances.

Arrivé en Portugal, il reprefenta à cette Cour que pendant la vie du Roi Michel la Republique avoit été engagée dans une guerre onéreufe contre les Turcs, & que bien que leur puiffance eût été un peu diminuée par la victoire que les Polonois avoient remporté à Cochim, il étoit neceffaire de profiter de cette victoire pour tirer raifon des dommages que les Turcs avoient caufé à la Republique. Il fit fentir que la Pologne n'étoit pas en état de réfifter à un fi puiffant ennemi, & que par cette raifon elle fe voyoit obligée d'implorer le fecours des Puiffances Etrangeres ; que le Portugal, par l'interêt qu'il avoit toujours pris au bien de la Chrétienté, devoit empêcher que fon principal rempart ne fût renverfé, & que pour l'empêcher il étoit neceffaire

A.C. d'accorder un fecours d'argent à la ZALUSKI. Pologne.

Zaluski avoit lieu de croire qu'il obtiendroit ce qu'il demandoit, d'autant plus qu'un Miniftre de grande confideration étant venu à mourir dans ce tems-là, avoit laiffé environ huit cens mille écus à la difpofition du Roi. Cette fomme lui fut effectivement accordée, quoiqu'après beaucoup de follicitations. Mais le Nonce du Pape, qui avoit d'autres vûës, s'intrigua avec tant de fuccès, que Zaluski perdit bientôt le fruit de fes travaux, & que la donation fut revoquée. Ainfi il fut obligé de s'en retourner & d'aller tenter fortune à Madrid.

A peine fut-il arrivé fur les Frontieres d'Efpagne, qu'il reçut une Lettre du Nonce Marefcotti, dans laquelle il lui confeilloit de ne point venir à Madrid en droiture, la Cour auffi-bien que le peuple étant fort mécontens du refus que les Polonois avoient fait d'accepter pour Roi le Duc de Lorraine. En confé quence de cet avis, Zaluski fit un détour affez confiderable, & trouva

les Espagnols un peu appaifez à fon

arrivée.

Charles II. étoit encore fous la tutelle de la Reine fa mere, & ce fut à elle que Zaluski remit l'Ordre de la Toifon d'Or. Mais fa principale negociation ne réuffit point. Le Tréfor étoit épuifé, & l'Espagne, par les dépenfes exceffives qu'elle avoit été obligée de faire depuis quelque tems, étoit prefque hors d'état de fe foûtenir elle-même. L'Envoyé de Pologne s'arrêta quelque tems à Madrid, après quoi il vint en France, felon les ordres qu'il en avoit de fa Cour. Il reçut du Roi avant fon départ une rose de diamans.

Deux jours après fon arrivée à Paris, il eut audience du Roi & de la Reine, & leur notifia l'élection de Jean Sobieski. Il prit congé de la Cour trois femaines après, & s'embarqua à Calais pour Hambourg d'où il continua fa route par Danzig.

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Auffi-tôt qu'il fut en Pologne, il fe fit ordonner Diacre & puis Prêtre par fon oncle Olczevvski, qui

A. C. ZALUSKI.

A. C. étoit devenu Primat du Royaume ZALUSKI. pendant fon abfence. Ce Prélat le fit fon Chancelier, & l'envoya à Javorovu, pour le faire voir à la Cour. Il y fut reçu affez froidement de la Reine, parce qu'elle étoit mécontente de fon oncle; cependant elle fut obligée de diffimuler, ayant alors befoin de fon crédit pour une affaire importante.

La mort de fon oncle arrivée peu de tems après, lui fit concevoir de grandes efperances; il fut pourtant obligé de prendre pour s'avancer d'autres mefures que celles qu'il avoit prifes jufques-là; c'eft-à-dire qu'il fallut penfer à ouvrir sa bourse. Des préfens affez confiderables le firent parvenir au pofte de Chancelier de la Reine, qui le reçut enfin fous fa protection.

Il paroît qu'il étoit un peu colere. Un jour ayant été rebuté du Rei affez durement à la Diete de Grodno, au fujet d'une propofition qu'il fit de la part de la Reine, il demanda fon congé à cette Princeffe, & fe difpofoit à quitter tout, lorfque la Princeffe Radzivil l'en

gagea à differer fon départ & le ra- A. C. mena à la Cour, où le Roi lui fit ZALUSKI, des excufes & l'affura de fa protection, & où il rentra dans l'exercice de fa Charge.

Ce Prince eut dans la fuite beaucoup de confiance en lui: il le chargea des affaires domestiques de la famille Radzivil, qui fe trouvoient fort dérangées par des dépenfes exceffives. Zaluski executa fi bien fa commiffion, qu'il acquitta pour plufieurs millions de dette, & qu'il dégagea tous les bijoux & les terres qui étoient hypothequées. Ce fut apparemment pour le récompenfer de ce fervice que le Roi lui confera Abbaye de Wachoc, & peu après en 1683. les Evêchez de Kovu & de Czernichovv.

Son attachement pour les Radzivils, proches parens du Roi, mais que la Reine n'aimoit point, le fit quelques années difgracier de cette Princeffe, qui conçut une telle haine pour lui, qu'il fut obligé de réfigner fa Charge de Chancelier de la Reine le 4. Octobre 1687. & même de s'éloigner de la Cour.

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