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P. RA- l'ufage des remedes, mais par la fo brieté, par l'abstinence & par l'exercice, fur tout par celui du Jeu de Paume, qui étoit fon divertiffement ordinaire.

Il étoit parfaitement défintereffé, & fi liberal, qu'il diftribuoit une partie de fon bien à ceux de fes écoliers qui en avoient befoin.

Il avoit un génie fort vafte & un fçavoir profond; il avoit embraffé toutes les Sciences, & ne propofoit pas moins que de les reformer toutes; mais c'étoit une entreprise qui furpaffoit fes forces. L'envie de se diftinguer, fon penchant naturel à contredire, & fon opiniâtreté l'ont engagé dans des difputes & des embarras qu'il auroit pû s'épargner. La hardieffe qu'il eut de foûtenir à la fin de fa Philofophie que tout ce qu'Ariftote avoit dit étoit faux, étoit une action de jeune homme, qu'il fe fit cependant un point d'honneur de foûtenir dans la fuite, mais qui ne le rendoit gueres moins ridicule que l'étoient fes adverfaires, en foûttenant que tout ce qu'Ariftote avoit avancé étoit vrai,

On loüe beaucoup fon éloquence, P.RA dont Brantome (a) rapporte une MUS. preuve finguliere. M. Ramus, dit-il, étoit un fort difert & éloquent Orateur, &peu s'en est-il vû de femblables; car il avoit une grace inégale à tout autre, qui fecouroit davantage fon éloquence, jufques-là qu'au bout de quelque tems, Lui s'étant rendu Huguenot, & étant en la compagnie de Meffieurs le Prince &l'Amiral, au voyage de Lorraine, &leurs Reitres, qu'ils avoient fait venir, ne voulant passer vers la France, qu'ils n'euffent de l'argent, après qu'ils en eurent un peu touché par quelques bourcillemens que les Huguenots_eurent faits entr'eux, & que M. Ramus les eut haranguez, ils en furent gagnez & menez au cœur de la France, pour faire affez de maux.

Il falloit qu'on lui connut du talent pour gagner les efprits, puifqu'on voulut l'engager par de grandes promeffes à aller en Pologne em 1572. après la mort du Roi Sigifmond Augufte, pour prévenir par fom éloquence les Polonois en faveur

(a) Mem. des Hommes Ill. to, 2.p. §fi

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P. RA-du Duc d'Anjou, qui fut élu l'an née fuivante; mais il le refufa fous prétexte que l'éloquence ne devoit point être mercenaire. Il ne prévoyoit pas le malheur qui lui arriva peu de jours après, & qu'il auroit évité en faifant ce voyage.

Quoique les Mathematiques ayent été fon fort, & ayent fait fa principale étude, on a fait depuis lui tant de nouvelles découvertes dans cette science, qu'on ne tient pas à present grand compte de ce qu'il a laiffé fur cette matiere.

Il fe mêla auffi de Theologie, & voulut fe rendre en quelque maniere chef de parti, en changeant la difcipline qui étoit en ufage dans les Eglifes Calviniftes. Il fe propofa d'y introduire le gouvernement Democratique, & prétendit que la puiffance des Chefs, conferée aw peuple par Jefus-Chrift, ne devoit être commife aux Confiftoires,qu'afin qu'ils formaffent les premieres déliberations ou les premiers jugemens, qui feroient enfuite propofez. au peuple & qui ne pourroient paffer pour Loi, qu'en cas qu'ils fuffent confirmez

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confirmez par les fuffrages des chefs P. RAde famille; il difoit que fans cela mus. on introduifoit dans l'Eglife l'Oligarchie & la Tyrannie. Mais font fentiment ayant été examiné dans un Synode National tenu à Nimes au mois de Mai 1572. fut rejetté, comme une chofe qui n'étoit propre qu'à caufer de la confufion, & qu'à produire une veritable Anarchie. Il est à préfumer que Ramus avoit d'autres vûës, & que s'il eût obtenu ce qu'il demandoit, il eût été plus loin, & fe fût fervi de fon éloquence pour engager l'affemblée du peuple à faire encore d'autres changemens plus confiderables. C'eft ce qu'appréhendoit Theodore de Beze, qui opina fortement contre lui dans le Synode de Nifmes.

Les difgraces, les traverfes & les chagrins que Ramus eut à foûtenir pendant le cours de fa vie, & qu'il fe procura fouvent à lui-même, trouverent en lui un courage & une conftance capable de les foûtenir. Ses ennemis, qui n'oublierent rien pour le chagriner, fe fervirent quelquefois pour cela de fes écoliers. La Tome XIII. Bb

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P. RA-premiere fois qu'il expliqua fa Logique dans le College de Cambray en 1552. on le fiffla, on fit des huées, on battit des mains & des pieds. Mais il ne fe déconcerta pas ; il s'arrêtoit de tems en tems, jufqu'à ce que le bruit ceffât, & il acheva ainsi fa leçon à plufieurs reprises. Cette fermeté étonna ceux qui vouloient par là lui faire de la peine, & rabbatit dans la fuite leur audace. On lui fit les mêmes infultes à Heidelberg, & avec auffi peu de fuccès, pendant les leçons qu'il y fit l'an 1568.

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Catalogue de fes Ouvrages. I. Inftitutiones Dialectica III. Libris. Parif. 1543. in-8°. C'est la premiere édition qui a été fuivie de plufieurs autres; entr'autres des fuivantes, qui font accompagnées de Commentaires de divers Auteurs. Cum Quaftionibus pralectionum & repetitionum Friderici Beurhufii. Tremonie 1581. in-8°. It. Audomari Talai pralectionibus illuftrata & emendata per Joannem Pifcatorem. Francofurti 1583. in-8°. It. Scholiis Guil. Tempelli illuftrata & ejufdem Epiftola de P. Rami

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