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MANNI.

L. ALA- à perdre, fongea d'abord à fe mettre en sûreté, & fe retira dans le Duché d'Urbin. Sa fuite fut fi précipitée, qu'il ne fongea point à avertir fon coufin, qui étoit en garnifon à Arezzo, de ce qui fe paffoit. Cet oubli fut la caufe de fa perte, car il fut arrêté peu de tems après, & conduit à Florence, où il eut la tête tranchée avec Diacettino le 7. Juin fuivant. Quant à notre Auteur & à Buondelmonte, qui s'étoit aufli évadé, ils furent profcrits, & leur tête fut mife à prix. (a))

Ils fe retirerent tous les deux par differentes routes à Venife, où le Senateur Charles Cappelle les reçut dans fon Palais. Mais ils ne demeu rerent pas long-tems en cette Ville, car le Cardinal Jules de Medicis ayant été l'année fuivante 1523. élû Pape fous le nom de Clement VII. ils ne s'y crurent pas en sûreté, & formerent le deffein de fe retirer en France.

(a) Les mêmes Journalistes de la Bibliot. Italique ont mal traduit ces paroles du Journal de Venife, è posto taglia di cinquecento foorini d'oro per uno, par celles-ci, ils furent mis à l'amende de 500. florins d'or.

En paffant à Brescia, ils furent L. ALAarrêtez & mis en prifon, on ne fçait MANNI. pour quel fujet, peut-être à la follicitation du Pape. Mais Charles Cappello l'ayant appris, travailla fi efficacement pour eux, qu'ils furent mis en liberté. Ce fervice fut cause que Cappello ayant été envoyé quelques années après en ambaffade à Florence , y fut traité avec beaucoup de diftinction par les Seigneurs Florentins.

Alamanni fuyant la puiffance & l'indignation du Pape, demeura fucceffivement en differens endroits, tantôt en France, tantôt à Gennes, attendant toujours un changement qui pût le rendre à fa Patrie.

Ce changement, arriva en 1527. Car l'armée de l'Empereur Charles V. ayant alors pris d'affaut la ville de Rome, & le Pape s'étant retiré dans le Château S. Ange, où il étoit comme prifonnier, les Florentins, qui tenoient le parti du peuple, reprirent courage, chafferent les Medicis & rappellerent les bannis entr'autres Alamanni & Buondel

monte.

L. ALA- Cependant les progrez de l'EmMANNI. pereur firent appréhender à Nicolas Capponi, qu'ils avoient élú Gonfalonier, quelque nouvelle difgra& cette appréhenfion le por

toit à s'accommoder avec ce Prince. Plufieurs étoient de fon avis, & dans le Confeil qui fe tint pour déliberer für ce fujet, Alamanni fit un long difcours pour l'appuyer. Mais le credit de ceux qui étoient d'un avis contraire l'emporta, & Alamanni commença à devenir fufpect au parti du peuple; ce qui l'engagea à paroître rarement à Florence, & à aller paffer la meilleure partie du tems à "Gennes.

La Republique de Florence ayant en 1528. levé des troupes, Alamanni fut élu Commiffaire General, & il accepta cet emploi, dont on lui envoya la Patente à Gennes, où il étoit alors.

Lorfqu'il vit les affaires des François entierement perduës en Italie, il fit de nouvelles tentatives pour engager les Florentins à fe détacher de leur parti & à fe joindre à celui de l'Empereur, mais toutes ses dé

marches furent auffi inutiles que la L. ALApremiere fois, & ne fervirent qu'à MANNI. le rendre odieux au peuple, ce qui le fit réfoudre à fe retirer pour toujours de Florence.

Cependant lorfque la treve eût été concluë entre Charles-Quint & François I. les Florentins envoyerent des Ambaffadeurs à l'Empereur, pour faire leur paix; mais ce Prince ne voulut point les recevoir, qu'ils ne promiffent de rendre la puiffance fouveraine aux Medicis. Sur leur refus l'armée de l'Empereur & les troupes du Pape s'emparerent de la meilleure partie de la Tofcane, & mirent le fiege devant Florence.

Dans cette extrêmité ils eurent recours à François I. mais ne le trouvant pas difpofé à les secourir, ils s'adrefferent à ceux de leurs Citoyens, qui étoient refugiez dans les Pays Etrangers. Alamanni, qui aimoit veritablement fa Patrie, oubliant tous les fujets de plainte qu'il pouvoit avoir contre elle, fit fi bien, qu'il ramaffa de côté & d'autre quinze ou vingt mille écus comme le rapporte Nardi, ou même

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A

MANNI.

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L. ALA- quarante mille, felon Segni, & les
porta de Lyon, où il s'étoit retiré
à Gennes, d'où il les fit paffer à
Pife.

Benoît Varchi, qui dans fon Hiftoire manufcrite de Florence rapporte cet évenement au mois de Mars & d'Avril de l'an 1530. le raconte autrement que Nardi & Segni. Il dit qu'Alamanni s'étoit lui-même tranfporté à Florence, de Gennes où il avoit toujours demeuré, après avoir été faire un tour à Barcelone ; & qu'il avoit trouvé moyen par fes follicitations de tirer du Roi de France vingt-deux mille écus, dont il avoit envoyé une partie à Pife, & dont il avoit porté une autre à Florence.

Quoiqu'il en foit de ce fait, qui n'a rien de fort intereffant, il eft sûr que ces fecours ne furent que d'une utilité mediocre pour les Florentins, puifqu'ils furent obligez de fe rendre le 10. Août de

cette année.

La forme du Gouvernement fut auffi-tôt changée, & Alexandre de Medicis fe mit en poffeffion de l'au

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