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torité fouveraine. Les principaux L. ALAChefs du parti populaire furent mis MANNI, à mort, d'autres furent bannis en differens endroits, & du nombre de ces derniers fut Louis Alamanni, qui fut exilé en Provence, comme il paroît par la lifte que Varchi en donne. Mais n'ayant pas obfervé fon ban, il fut cité & declaré rebelle en 1532.

Se voyant par là hors d'efperance de revoir jamais fa Patrie, il vint s'établir en France, où fon merite lui fit trouver un Protecteur dans la perfonne de François I. & où fon talent pour la Poëfie lui donna les moyens de fe faire un nouveau patrimoine. Ce Prince, qui l'aimoit lui fit beaucoup de bien, l'employa en differentes affaires importantes, & l'honora du Collier de l'Ordre de S. Michel.

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Henri, Duc d'Orleans, qui monta enfuite fur le trône, ayant épousé en 1533. Catherine de Medicis, cette Princeffe le prit à fon fervice, en qualité de Maître-d'Hôtel.

La mort de Clement VII. arrivée l'an 1534. & celle du Duc Alexandre

L. ALA-de Medicis, qui fut tué en 1537. MANNI, firent efperer aux Florentins de pouvoir rétablir le Gouvernement populaire. Ils prirent les armes dans ce deffein, & Alamanni ne manqua pas de les y animer par fes lettres. Il est même à préfumer qu'il fit un voyage à Florence, pour les y exhorter plus efficacement, comme il paroît par un des Sonnets, où il marque expreffement que fix ans après s'être retiré en France, il avoit paffé en Italie, d'où il étoit revenu peu de tems après en ce Royaume.

Il fit un autre voyage en Italie avec fes deux fils Nicolas & Batifte vers la fin de l'an 1539. car on_a^ dans un Manufcrit de Florence fixLettres de lui écrites de Rome ; la premiere le 18. Novembre de cette année,& les deux dernieres au mois de Decembre fuivant. Deux Lettres d'Annibal Caro nous apprennent qu'il demeura en cette Ville tout le mois de Janvier de l'an 1540.

Il alla enfuite à Ferrare & à Padoue, d'où il paffa à Mantoue pour revenir en France; une de fes Let

tres datée de Mantoue le 22. Avril, L. ALA& écrite à Varchi, nous inftruit de MANNI. ce détail.

Alamanni ne fut pas plutôt de retour en France, qu'on l'aggregea à l'Academie des Infiammati, qui fe forma en ce tems-là à Padoue par les foins de Daniel Barbaro & d'U golin Martelli, comme Razzi le rapporte dans la Vie de Varchi, qui en fut un des principaux Mem

bres.

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Alamanni fit encore un tour en Italie au commencement de l'année 1541. & il fe trouva pendant le carnaval à Ferrare à la premiere representation d'une fameufe Tragedie de Jean-Batifte Giraldi Cintio, intitulée: Orbecche.

L'an 1544. la paix ayant été conclue entre l'Empereur & le Roi de France, François I. envoya Alamanni en ambaffade à Charles-Quint, & ce fut alors qu'il lui arriva ce que Jerôme Rufcelli rapporte dans fes Imprefe illuftri, p. 208.

Parmi les Poefies qu'il avoit compofées à la loüange de François 1. étoit un Dialogue fatyrique, où

L. ALA-le Coq faifoit entr'autres ce reproMANNI. che à l'Aigle.

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Aquila Grifagna,

Che per piu divorar due becchi porta. L'Empereur avoit lû cette Piece, & fe fouvint à propos de cet endroit. Car Alamanni ayant paru devant lui, & lui ayant fait un dif.cours, où il s'étendoit fort fur fest louanges, & dont toutes les périodes commençoient par le mot Aquila; ce Prince qui l'avoit écouté avec beaucoup d'attention, fe contenta de lui dire, lorfqu'il eut fini Aquila Grifagna

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Che per piu divorar due becche porta. Ces paroles ne démonterent point Alamanni, qui reprenant la parole, lui dit: Seigneur, quand j'ai écrit ceci, je l'ai fait en Poëte, à qui il eft permis de mentir ; maintenant je parle en Ambaffadeur, qui doit ne dire que la verité. Je parlois alors en jeune homme, je le fais prefentement en homme mûr ; le chagrin de me voir éloigné de ma Patrie m'animoit alors, mais je fuis maintenant exemt de paffion. Une réponse fi fage plut extrêmement à l'Empereur, qui fe leva auffi-tôt,

&

MANNI.

& lui frappant de la main fur l'é- L. Atapaule, lui dit que fon exil ne devoit point lui faire de peine, puif,qu'il avoit trouvé un protecteur tel que le Roi de France, & que c'étoit plutôt au Duc de Florence à s'affliger, d'avoir perdu un fujet de fon merite.

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Alamanni fut depuis bien venu à la Cour de l'Empereur dont il obtint tout ce qu'il voulut, & s'en retourna en France chargé d'honneurs & de préfens.

François I. étant mort en 1547. Henri II. qui lui fucceda, ne témoigna pas moins de bienveillance à Alamanni. Il l'envoya en 1551. à Gennes, pour engager cette Republique à recevoir fes vaiffeaux dans fes ports, & à donner un libre paffage aux troupes qu'il avoit deffein d'envoyer en Italie. Il l'avoit outre cela chargé d'une commiffion secrette, de voir les Senateurs qui étoient attachez aux interêts de la France & de menager par leur moyen quelque foulevement, qui retirât la Republique du parti de l'Espagne & la foûmît à la France. Tome XIII.

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