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J. GORAS. acquis la difpenfe de l'examen. Cependant le Parlement de Toulouse, craignant les conféquences, voulut l'examiner.

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Qui le croiroit? Coras, qui avoit foûtenu tant de difputes, Coras fi familiarifé avec les Loix, s'étant presenté aux Chambres affemblées, pour répondre à quelque leger argument, fe trouva fi troublé, qu'il perdit la parole, deforte que fi on ne l'avoit connu on l'auroit declaré incapable. Ayant obtenu quelques momens pour se remettre il reprit fes efprits, & fatisfit l' Assemblée, Comme il devoit & étoit tenu, non toutefois fi hautement & dignement qu'on efperoit & attendoit de lui. C'eft ainfi que s'exprime M. May→. ward, liv. 1. ch. 75.

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- Coras fut un des premiers qui embrafferent la prétendue Reforme, pour laquelle il fe montra très-zelé. On fçait qu'après que le Prince de Condé fe fut rendu maître d'Orleans, & qu'il eut commencé la guerre par la prife de cette Ville, les Huguenots fe faifirent de pluLieurs autres.

Les Calviniftes des bords de la J. CORAS. Garonne comploterent d'en faire autant de Toulouse. On prétendque Coras fut un des principaux Auteurs de cette conjuration. Ce qu'ik y a de certain, eft qu'après que l'entreprise eut échouée par la dé-` route des Conjurez, qui donnerent & foûtinrent de rudes affauts, Córas faillit à être enveloppé dans les fanglantes executions de Juftice que le Parlement fit faire. Le Baron de Fourquevaux, fon bon ami, eut beaucoup de peine à le fauver de la fureur du peuple, qui demandoit fa mort.

Cependant le Parlement par une Mercuriale fans exemple, interdit tous les Officiers fufpects de la prétendue Reforme, & Coras fut de leur nombre. Mais le Roi touché des plaintes de ces Officiers, les rétablit dans leurs Charges par des Lettres Patentes, qui ne furent néanmoins enregistrées qu'après trois Arrêts du Confeil.

A peine Coras eut-il repris fes fonctions, qu'il fe chargea d'une Commiffion contre la ville de Tou

JCORAS.loufe. Les Capitouls ayant mis en déliberation dans un Confeil, fi on le recuferoit ou non? On convint non-feulement de le recufer, mais encore de fe pourvoir contre lui au nom du Syndic de la Ville en réparation des injures qu'il avoit laiffé gliffer dans un de fes Livres (a) contre les Capitouls & les autres Officiers de l'Hôtel-de-Ville.

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Il faut convenir que Coras étoit dans le tort, d'avoir gratuitement & fans raifon maltraité les Magiftrats Municipaux d'une des plus grande Villes du Royaume, dans laquelle il fe faifoit gloire d'avoir reçû la naiffance; cependant il ne paroît pas que l'Inftance en réparation d'injures ait été pourfuivie. La vénéra tion qu'on avoit pour Coras fit apparemment oublier les termes facheux qu'il avoit laiffé échapper.

Coras étoit grand Jufticier, mais fier & farouche; ce qui lui attira bien des affaires. Il en eut une avec le Cardinal Stroffi, Evêque d'Albi de laquelle il fe tira pourtant avec honneur, comme il paroît par un (a) Mifcell. Juris. Lib. 3 c. 6.

Arrêt de l'an 1565. qui eft dans les J.Corasi Regîtres du Parlement.

Au commencement de l'année 1568. les nouvelles étant arrivées que les Chefs des Huguenots, la Reine de Navarre & le Roi fon fils s'étoient retirez à la Rochelle, & que la paix étoit rompuë, la guerre fe ralluma dans le Royaume, & les Religionaires fe retirerent dans les Villes de leur parti. Plufieurs Confeillers du Parlement de Toulouse en uferent ainsi, entr'autres Coras, qui fe refugia à Realmont.

L'Hiftoire manufcrite, qui rapporte ce fait, ajoûte que les Confeillers fugitifs, qui étoient la fleur du Parlement, obtinrent commiffion du Prince de Condé, pour dreffer une Chambre Souveraine. Commiffion qu'on leur fit dans la fuite un crime d'avoir recherchée, & ce fut une des principales causes de la mort de Coras, qui arriva ainfi.

Le dernier jour d'Août de l'année 1572. on apprit à Toulouse les premieres nouvelles de ce qui s'étoit paffé à Paris au maffacre de la

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J. CORAS. S. Barthelem. Le lendemain premier Septembre les Catholiques s'affemblerent, & il fut réfolu entre eux de fe faifir de ceux de la Religion. Le 4. du même mois Coras fut emprisonné avec plufieurs autres. Loin de fe troubler, il confola les compagnons de fon malheur. Il fut interrogé & fommé de faire l'aveu de certaines écritures privées, & il fe défendit avec beaucoup de force & de prefence d'efprit. Il ne paroît pas que le Parlement, qui lu faifoit le procès, Chambres affemblées, l'ait condamné.

Le quatre Octobre fuivant, qui étoit un famedi avant le foleil levé, quelques écoliers, batteurs de pavé, conduits par un nommé la Tour, entrerent dans la Conciergerie, on ne fçait par quel ordre. Ils étoient armez de haches & de coutelas, & faifant defcendre les prifonniers les uns après les autres, ils les maffacrerent aux pieds des degrez, fans leur donner le tems de fe plaindre. Coras y périt avec deux de fes Confreres. Après les avoir ainfi maffacrez, on les pendit avec les Robbes

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