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1518.

faveur de cette discipline les lois canoniques et civiles; il observoit qu'au moins il étoit injuste que l'église Gallicane fût privée de son droit d'élection sans avoir été entendue; il concluoit toujours pour la convocation d'un concile național.

Le chancelier expose toutes les variations arrivées dans la promotion aux prélatures, et il en conclut que l'élection ne pouvoit être de droit divin; il rassemble les exemples de nomination royale, tant en France que dans les autres états chrétiens, pour tâcher de la faire regarder comme le droit commun; il soutient que le droit des fidèles a passé au souverain qui représente l'état, qui est l'état même; il étale tous les inconvéniens de l'élection, tous les abus qui s'y étoient glissés. Mais ne pouvoit-on réformer les abus et conPasq. rech. server l'usage? « Que s'il convenoit pour les abus.............. extirper la tige, dit Pasquier à ce sujet, ce seroit pêle-mêler toutes choses. »

L. 3. c.

3. c. 27.

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Duprat soutient que le concordat ne blesse en rien les libertés de l'église Gallicane; que par conséquent elle étoit sans intérêt dans cette affaire et sans titre pour y être appelée; il rejette donc l'idée d'un concile national, il étale tous les avantages du concordat, soit qu'on l'envisage en lui-même ou relativement aux conjonctures du temps, et aux intérêts de l'Europe. Il ne voit que des raisons de recevoir ce décret avec empressement et avec reconnoissance.

Les remontrances du parlement étoient sages et savantes; on y reconnoissoit des magistrats instruits et amis de l'ordre; la réponse du chancelier Duprat n'étoit ni moins savante, ni moins féconde en raisons tirées de l'histoire et du droit public, mais en que!

ques endroits, elle manquoit d'un mérite essentiel, la

bonne foi.

Combien les affaires de l'Eglise influoient alors sur la politique! le chancelier dit, dans cette réponse, que les Suisses avoient juré de ne jamais faire la paix avec le Roi, s'il ne révoquoit la pragmatique. De quoi les Suisses se mêloient-ils ? ce recès avoit sûrement été fait avant la bataille de Marignan.

1518.

Mss. cité.
Dupuy,

Le Roi lut les remontrances et la réponse, et trouva les raisons du chancelier les meilleures, car c'étoient celles qui l'avoient déterminé. Lorsqu'il crut s'être assuré d'avoir pris le parti le plus sage, il donna audience aux députés du parlement, le dernier février 1518. « Avez-vous, leur dit-il, d'autres raisons à m'al« léguer que celles que vous m'avez données par écrit? << je vous déclare que mon chancelier y a répondu. » Les députés demandèrent à voir la réponse : « Vous ne la << verrez point, leur dit le Roi, ceci dégénéreroit en un << procès éternel. Vous êtes cent têtes dans le parlement, qui, en sept mois et plus, avez produit avec peine «< ces remontrances que mon chancelier a détruites en Concordats. << peu de jours. Il n'y a qu'un roi en France, j'ai tout << fait pour rendre la paix à mon royaume. Je ne souf<< frirai point qu'on anéantisse ici ce que j'ai terminé avec << tant de difficulté en Italie. Mon parlement voudroit « s'ériger en sénat de Venise; qu'il se mêle de la jus<< tice, elle est plus mal administrée qu'elle ne l'a été « de cent ans; je devrois peut-être le tenir à ma suite «< comme le grand-conseil, et veiller de plus près sur << sa conduite. »

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Il leur parla ensuite de trois conseillers laïcs, auxquels il avoit donné des charges possédées auparavant

histoire des

Id. ibid.

1518.

Id. ibid.

par

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«

des clercs; il voulut absolument qu'ils fussent reçus. Les députés alléguèrent la nature de ces charges, qui ne pouvoient être remplies que par des clercs; le Roi répliqua : « J'ai résolu de ne jamais placer d'ecclésiastiques dans mon parlement, et j'ai pour cela de « fortes raisons. 1o. Ces messieurs ont des vues d'indé<< pendance qui choquent mon autorité. 2°. Ils s'atta<< chent trop peu à leurs charges, parce qu'ils briguent «< des évêchés et des bénéfices qui valent mieux que « les trois ou quatre cents livres que je leur donne « pour rendre la justice. 3°. S'ils veulent faire leur « devoir, ils ont des occupations ecclésiastiques qui ne <«<leur laissent pas assez de temps pour les fonctions « de leurs charges. >>

1

Les députés insistèrent, et dirent que la règle étoit contraire à la volonté du Roi.

« Cette règle, reprit François avec colère, est la << volonté de mes prédécesseurs, je suis roi aussi << bien qu'eux, je veux être obéi: portez demain mes << ordres à mon parlement. >>

La mauvaise saison, les débordemens de la Loire rendoient la route difficile; d'ailleurs les députés auroient voulu rester plus long-temps à Amboise dans l'espérance de ramener le Roi, dont ils connoissoient la bonté; le grand-maître demanda pour eux un délai, Mss. cité le Roi répondit : Si demain matin avant six heures ils Dupuy, histoire de la ne sont partis, j'envoyerai des archers les prendre et les Pragm.etdes jeter dans un cachot pour six mois, et malheur à qui osera me parler pour eux.

Concordats.

On reconnoît bien à ces traits le prince impatient et emporté qu'on a vu (1), dans l'affaire du cartel, com

(1) Tome second de cette histoire, pages 357, et suivantes.

mettre jusqu'à sa réputation de valeur à force de pétulance, provoquer les défis de son rival, les lui rendre avec éclat, annoncer à l'Europe un combat singulier entre deux rois, et le faire manquer pour n'avoir pu se contraindre à écouter un instant le héraut qui lui portoit l'assurance du champ.

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Il faut l'avouer, François I, en voulant quelquefois trop humilier le parlement, ne se respecta pas assez lui-même. Des auteurs ont écrit que dans une autre occasion, cette compagnie ayant envoyé des députés lui faire des remontranĉes jusqu'au fond du Haynault, où il étoit occupé à faire un siège, François, pour toute Ord. Joly, réponse, leur fit porter pendant quelques heures des Tome prehottes et des fascines. Ce tour de page ou cette vio- Recueil des Antiq.de Palence militaire, trop indigne d'un grand roi, ne peut ris, p. 133. être oubliée par l'histoire, parce que malheureuse

ment c'est un trait qui peint le caractère.

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On concevra plus aisément ses vivacités dans l'affaire du concordat; ces tracasseries domestiques sont souvent plus fâcheuses que des guerres étrangères; elles sont du moins plus épineuses, plus sensibles, plus présentes. Les intentions du Roi étoient pures; il avoit voulu donner la paix à l'Eglise, à l'état, retrancher les abus dont la nation se plaignoit; d'ailleurs il avoit donné parole au Pape, il se piquoit de n'en manquer jamais, et il craignoit que le Pape ne crût cette résistance concertée entre le Roi et le parlement.

On ne doit pas non plus trouver injuste le refus que le Roi faisoit de communiquer au parlement la réponse du chancelier. Tout ce qu'on pouvoit dire pour et contre le concordat étoit dit, c'étoit à l'autorité à prononcer; la raison avoit tout discuté, et comme

mier.

il arrive si souvent, elle n'avoit produit que de l'incer1518. titude; les avantages, les inconvéniens des deux

partis pouvoient paroître à peu près égaux à un œil impartial; le Roi avoit raison, il saisissoit le point de vue politique; le parlement n'avoit pas tort, il se bornoit au point de vue légal; et tant de particuliers, qui décident avec une précipitation toujours si stupide et si téméraire ces questions majeures qui intéressent la constitution des empires, devroient sentir le bonheur de n'être point appelés par état à les décider.

A peine les députés avoient commencé d'alarmer leur compagnie par le récit du sévère et dur accueil qu'ils avoient essuyé, qu'on vit entrer dans l'assemblée le seigneur de la Tremoille, envoyé par le Roi impatient de se voir obéi. La Tremoille déclara au parlement que le Roi avoit passé trois jours à l'examen de ses remontrances et des réponses du chancelier, qu'il les avoit comparées et pesées, qu'il persistoit dans sa volonté; que renvoyer le concordat, c'étoit renouveler la guerre, qu'enfin il falloit obéir dans le moment, ou se déclarer rebelle. La Tremoille ne dissimula point (quoiqu'il présentât cette idée avec beaucoup de ménagemens) qu'un refus attireroit à la compagnie des traitemens rigoureux ; il l'exhorta, il la conjura de ne point allumer la colère d'un roi accoutumé dans sa cour à une obéissance respectueuse qu'il méritoit toujours par la justice de ses ordres. Le premier président Olivier répondit que le lendemain la compagnie en délibéreroit, et qu'il espéroit que le Roi seroit content.

Le lendemain les gens du Roi annoncèrent avec toutes les marques de la douleur et de l'effroi que la Tremoille les avoit mandés la veille, qu'il ne leur avoit

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