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H

VOYAGE

LITTERAIRE

DE DEUX RELIGIEUX BENEDICTINS
de la Congregation de Saint Maur.

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I. Quantité de Pieces, d'Infcriptions & d'Epitaphes, fervantes à
éclaircir l'hiftoire, & les genealogies des anciennes familles.
II. Plufieurs Ufages des églifes cathedrales & des monasteres,
touchant la difcipline & l'hiftoire des églifes des Gaules.

III. Les fondations des monafteres, & une infinité de recherches
curieuses & intereffantes qu'ils ont faites dans près de cent évêchez
& huit cent abbayes qu'ils ont parcouru.

OUVRAGE ENRICHI DE FIGURES.
Author Gulal Ed. Martene et Urs. Durand
PREMIERE PARTIE.

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PREFACE

о

UOIQUE la folitude foit le partage des religieux, & fur tout des Benedictins, qui font profeffion d'une retraite trés-particuliere, neanmoins elle ne les reffere pas tant

dans l'enceinte de leur cloître, qu'ils ne puiffent quelquefois en fortir; & le proverbe qui dit qu'un moine hors de fon monaftere, femblable au poiffon. hors de l'eau, ne fait que palpiter, n'est pas si veritable, fi qu'ils ne puiffent en certains cas entreprendre des voyages, même affez longs. L'antiquité nous fournit plufieurs illuftres perfonnages de cette profeffion, qui n'ont point fait difficulté d'en faire de fort grands, les uns pour s'inftruire des devoirs de leur état, les autres pour fe perfectionner dans les sciences; ceux-cy pour fatisfaire à leur devotion, ceux-là pour les neceffitez de leur monaftere, & même pour les affaires de l'Eglife & de l'Etat. Caffien, qui fut le pere d'un fi grand nombre de moines, parcourut toutes les folitudes de l'Egypte & de la Thebaïde avec fon amy Germain, pour fe former fur le modele de tant de faints folitaires, & apprendre d'eux les belles instructions qu'il nous a laiffe dans fes Conférences & dans ses Inftitutions monaftiques. Saint Jerôme, fi refpectable

parmi les Docteurs de l'Eglife, quitta fon defert de Syrie pour aller à Jerufalem, où il apprit la langue Hebraïque fous les plus habiles d'entre les Juifs. Il alla enfuite à Conftantinople, où il eut pour maître dans la theologie, l'illuftre S. Gregoire de Nazianze. Je ne parle pas de cette foule de faints abbez, qui par un motif de piété, ont entrepris le voyage de, Jerufalem & de Rome pour y répandre leurs cœurs devant le Seigneur, & arrofer de leurs larmes ces lieux faints, qui avoient été arrosez du fang du fils de Dieu, & de celui des princes des apôtres. S. Engilbert & S. Adalard ont été employés par leurs princes en des négociations pour le bien de l'Eglife & de l'Etat, qui les ont fouvent arrachez du sein de leur cloître, & privez des douceurs de la contemplation. Tous ces grands perfonnages n'ont pas cru dans tous leurs voyages, s'éloigner des devoirs de leur état, ny donner atteinte à la perfection à laquelle ils s'étoient engagé de tendre; perfuadez que le bien public doit toûjours l'emporter fur le particulier, & qu'ayant un cœur aufsi droit qu'ils l'avoient, ils pouvoient porter leur folitude au milieu du monde, & converfer avec les puiffances du fiecle, fans participer à fa corruption. Fondez fur de fi beaux exemples, les deux religieux qui donnent icy la relation de leurs voyages, ont cru qu'ils pouvoient pour le fervice du public entreprendre les voyages qu'ils ont fait durant fix ans, & que les travaux de l'étude & les fatigues de leurs courses leur tiendroit lieu d'une rigoureufe pénitence. Ils n'y ont point recherché d'autre plaifir, que celui de fe rendre utile à l'Eglife, & l'on peut dire qu'ils n'y en ont point goûté d'autre. Ils ont eu feulement Dieu en vûe, & comme ils n'ont cherché que lui, auffi a t-il toûjours été avec eux,

& il a rempli leurs travaux de tant de bénédictions, qu'ils ont fujet d'espérer que le public en fera content. Ils ont parcouru près de cent évêchez, & plus de huit cent abbayes pour y chercher les mémoires neceffaires à la nouvelle édition du Gallia Chriftiana, à laquelle on travaille dans leur Congrégation; & ils ont eu la consolation de trouver la plupart des fupérieurs difpofez à leur permettre de recueillir une ample moiffon dans des champs, qui bien fouvent étoient en friche, ou peu cultivez. La pouffiere qui couvroit un grand nombre de manuscrits, & de titres à demi pourris, & la confusion d'une infinité d'archives qu'ils ont débrouillées & examinées, ne les ont point rebutez. Le defir de rendre fervice au public, & l'efpérance que leur travail pourroit être de quelque utilité à l'Eglife, leur ont applani les difficultez les plus infurmontables, la grandeur de l'Ouvrage n'a fait qu'animer leur zele; & dans l'affiduité de leur travail, ils ont eu la joie d'avoir déterrez près de trois cent évêques qui avoient été inconnus à monfieur Robert & à meffieurs de Sainte-Marthe, d'avoir recueilli beaucoup de mémoires pour corriger, éclaircir, & augmenter l'hiftoire des évêques des Gaules, d'avoir fait fur les titres originaux & autentiques des fuites des premieres dignitez des cathedrales qui n'en avoient point, ou augmenté considérablement celles des églifes qui en avoient déja; d'avoir fait fur de femblables monumens des liftes d'abbez ou d'abbeffes de plus de fix cent monafteres, dont ceux qui avoient travaillé avant eux, n'avoient rapporté que les noms, & dont même ils avoient ignoré le nom de près de cent; d'avoir ramaffé plus de deux mille pieces qui doivent fervir de preuves dans le Gallia Chriftiana, fans parler du grand nombre de celles qui font

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