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1406.

Monte anno

Le roi d'Angleterre de son côté fit une autre as- AN.1160. femblée aumois de Juillet 1160. au Neuf-marché to x. conc. p. dans le païs de Caux à fix lieues de Beauvais où x. Rob. de il affembla tous les évêques de Normandie avec 1160. les abbez & les barons. En même tems le roi de France affembla auffi les fiens à Beauvais ; dans l'une & l'autre affemblée on traita de l'affaire du fchifme; & tous s'accorderent de reconnoître le pape Alexandre & de rejetter Victor.

Cependant on tint en Angleterre un autre concile, pour juger des heretiques que le peuple nommoit Publicains. Ils étoient fortis originairement de Gascogne & s'étoient repandus en divers païs: car on difoit qu'il y en avoit une multitude innom brable en France, en Espagne, en Italie & en Allemagne. Or l'Angleterre le vantoit de n'avoir été encore infectée d'aucune hérefie, depuis la converfion de la nation fous S. Gregoire. Ceux qui y entrerent alors étoient Allemans, au nombre d'un peu plus de trente, tant hommes que femmes; gens ruftiques & fans lettres, excepté leur chef nommé Gerard, qui étoit un peu lettré. Aprés qu'ils eurent été quelque tems cachez, on découvrit qu'ils étoient d'une fecte étrangere & on les mit en prifon. Mais le roi ne voulant ni les chaffer ni les punir fans avoir été examinez, fit affembler à Oxford un concile d'évêques. On les interrogea publiquement touchant leur religion, & Gerard parlant pour tous répondit,qu'ils étoient Chrétiens & qu'ils suivoient la doctrine des apôtres. Mais étant interrogez en détail fur les articles de foi, ils déclareTome XV.

P

XLIX.

Heretiques

punis cu An

gleterre.
to. x. Conc p.

1404.

13.

Guill. Neuglib. 11.6.

AN.1160. rent qu'ils déteftoient le batême, l'eucaristie & le

mariage, & ne comptoient pour rien l'autorité de l'églife. Comme on les preffoit par les paffages de l'écriture, ils répondirent qu'ils croïoient ce qu'on leur avoit apris, & ne vouloient point difputer fur la foi. Ils fe moquerent des exhortations & des Matth. v, 15. menaces, difant: Heureux ceux qui fouffrent perfecution pour la justice.

Alors les évêques craignant que cette erreur ne fit du progrés, les declarerent heretiques, & les abandonnerent au prince, pour les punir corporellement. Le roi ordonna qu'on les marquât au front, & qu'aprés les avoir fuftigez publiquement on les chaffat de la ville: défendant étroitement que perfone ne les logeât ni ne leur donnât aucune assistance. Leur sentence ayant été prononcée ils coururent gaïement au fupplice leur maître LBC. VI. 22. marchant à la tête, & chantant: Vous ferez heureux quand les hommes vous haïront. Une femme Angloife, la feule qu'ils avoient feduite, les quitta par la crainte du fupplice & rentra dans le sein de l'églife. On les marqua tous au front du'n fer. chaud, afin qu'ils fuffent connus pour heretiques; & on marqua de plus au menton leur docteur. Enfuite on leur déchira leurs habits jufques à la ceinture, on les foüetta rudement & on les chaffa de la ville. Comme c'étoit l'hiver & que perfone ne leur donnoit le moindre foulagement, ils perirent miserablement par la rigueur du froid. Cette feverité garantit l'Angleterre de ces heretiques, qui étoient des Manichéens,comme il eft ailé de remarquer.

Alexauze Lanecent nommé pape

L. Alexandre re

leftine.

G.TXVIII.

c. 29.

to. x. conc. p.

En Orient le legat du Jean prêtre cardinal du titre de S. Jean & S. Paul connu en Paarriva à Biblus ou Giblet, avec quelques Genois vers la fin de l'an 1159. Pour avoir la permiffion d'entrer dans le royaume de Jerufalem en qualité 1403. de legat; il fit fonder auparavant l'efprit du roi Baudouin & des autres feigneurs, tant ecclefiaftiques que feculiers Aprés une grande déliberation on lui manda de demeurer, & ne pas entreprendre d'entrer dans le royaume : jusques à ce qu'on lui fit favoir par l'avis commun des prelats & des feigneurs ce qu'il devroit faire. Cependant on convoqua un concile à Nazareth où se trouverent Amauri patriarche de Jerufalem avec les autres prelats, & le roi avec quelques feigneurs. Les avis furent partagez : car quoi que les prelats Latins d'Orient ne fe fuffent encore declarez pour aucun des deux papes, ils ne laiffoient pas en fecret de favorifer l'un ou l'autre. Dans le concile donc les uns difoient qu'il falloit reconoître Alexandre & recevoir fon legat, & Pierre archevêque de Tyr étoit à leur tête : les autres préferoient Victor, difant qu'il avoit toûjours été ami & protecteur du royaume de Jerufalem ; & ne vouloient point absolument que le legat fût reçû.

Le roi prenoit un avis moïen avec les feigneurs & quelques prelats; & de peur de faire un fchif me dans l'église d'Orient, il proposoit de ne prendre parti ni pour l'un ni pour l'autre. D'accorder au legat la liberté de vifiter les lieux faints comme pelerin, fans marques de legation; & de demeurer

&

AN.1160. dans le royaume, jufques à la premiere occafion de repasser, à laquelle il feroit obligé de partir. Le roi diloit pour fon avis: Le fchifme eft nouveau, le monde ne connoît pas encore quelle est la meilleure caufe: il est dangereux de fe déterminer dans une affaire douteufe. D'ailleurs on n'a pas befoin d'un legat dans ce royaume; pour être à charge par sa dépense aux églises & aux monasteres & les appauvrir par ses exactions. C'étoit l'avis du roi, & quoi qu'il parût le plus utile, l'avis de ceux qui vouloient que le legat fut reçû, prévalut. Il fut donc appellé & vint dans le royaume, où dans la fuitte il fut incommode à plufieurs qui s'étoient réjoüis de fon arrivée. Ce font les paroles de Guillaume archevêque de Tyr.

Le patriarche Amauri écrivit en fon nom & au nom de fes fuffragans la lettre synodale adreffée au papeAlexandre,où il dit : Nous avonsreçû vôtre lettre avec le respect convenable, & l'avons luë en presence des archevêques de Nazareth & de Tyr & de nos autres freres. Et voïant que vôtre élection a été faite par la volonté unanime des évêques & des autres cardinaux, avec le confentement du clergé & du peuple, nous l'avons louée & approuvée; nous avons excommunié les fchifmatiques, favoir Octavien avec les deux cardinaux Jean & Gui & leurs fauteurs ; & nous vous avons élû & reçû unanimement pour feigneur temporel & pere fpirituel. Ce titre de seigneur temporel donné au pape eft d'autant plus remarquable, que le roi de Jerufalem & les feigneurs étoient presens à ce concile.

Amauri pa

rufalem,

Tyr.XVII..19.

c. 20.

Il y avoit trois ans qu'Amauri étoit patriarche LI. de Jerufalem: car Foucher fon predeceffeur mou- triarche de je, rut le vingtiéme Novembre 1157. la douziéme année de fon pontificat. Les prelats s'étant assemblez à Jerusalem pour lui donner un fuccesseur, on élût Amauri contre les regles, par le credit de deux princeffes fœurs du roi Melifende & Sibile comteffe de Flandres. Il étoit François natif de Neêle dans le diocese de Noïon, & alors prieur du faint fepulcre : c'étoit un homme affez lettré, mais trop fimple & peu capable de remplir une fi grande place; & il y fut mis nonobstant l'opposition d'Hernese archevêque de Cefarée & de Raoul évêque de Bethlehem, qui même en appellerent à Rome. Amauri y envoya Frideric êvêque d'Acre: qui en l'absence de ses adversaires obtint du pape Adrien, & à ce que l'on difoit par de grands prefens, la confirmation du patriarche, & lui aporta le pallium. Amauri fut le huitiéme patriarche latin de Jerufalem & en tint le fiége vingt-deux ans. De fon tems le royaume changea de maître. Le G. Tyr. roi Baudouin III mourut l'onzième jour de Février 1162. la vingtiéme année de fon regne & la trente troifiéme de fon âge. Comme il ne laiffoit point d'enfans fon frere Amauri lui fucceda. Il fut couronné dans l'église du S.fepulcre huit jours aprés la mort de Baudouin& regna douze ans& demi.

c. ult. & XIX

C. I

LII. Milon II. évê

En France le bienheureux Milon évêque de Teroüanne mourut le feiziéme de Juillet 1158. aprés que de Teravoir tenu ce fiége vingt fept ans. Son neveu nommé Milon comme lui, chanoine regulier &

roliane. Bibl.Pramonf

p. 460

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