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bataille. Perfonne n'apporta plus de foin à dreffer les troupes qui lui furent confiées que Cnopias. Il avoit environ trois mille Candiots, entre lefquels il y avoit mille Néocrétes, dont il donna le commandement à Philon de Cnoffe. On avoit armé trois mille Afriquains à la maniére des Macédoniens, & Ammonius les commandoit. La phalange Egyptienne confistant en vingt mille hommes, étoit conduite par Sofibe. Il y avoit outre cela un corps de quatre mille Thraces & Gaulois, levé depuis peu tant de ceux qui demeuroient dans le païs, que de ceux qui vinrent d'ailleurs fe présenter, & c'étoit Denis de Thrace qui étoit à leur tête. Telle étoit l'armée de Ptolémée, & les différentes nations qui la compofoient.

Cependant Antiochus preffoit le fiége de Dure, & tous fes

Et quò ferre velint permittere vulnera

fit une nouvelle difcipline dans fes troupes & de nouvelles armes. Ecoutons fon Hiftorien dans M. Charpentier, car on ne fçauroit affez établir une vérité fi importante qu'en ajoutant les faits aux raifonnemens.

Dès que Cyrus eut joint Cyaxare avee trente mille Perfes qu'il amenoit à fon fecours, & qu'il fe fut informé du nombre des troupes qu'il pouvoit mettre en campagne, & de celles de fes ennemis ;

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du Cardinal de Richelieu, trouva le fecret de faire taire le feu des Espagnols; s'en voiant trop incommodé, il s'impatienta à la fin. Il ordonna à fes foldats de pofer leur moufquet à terre, & de mettre l'épée à la main. Il fondit fur eux bravement, & les mit en fuite: méthode qui fut trouvée très-convenable à l'humeur impétueufe de la nation, & dont on fe fervit par la fuite. Pourquoi laifler au vent le foin de porter fes coups à l'ennemi ? N'eft-ce pas l'épée qui fait Dites-moi auparavant, lui demandatoute la force & l'avantage du foldat? ,, t-il, quelle eft la façon de combattre Les nations belliqueufes décident - elles ,, de ces nations? C'eft prefque la même leurs combats autrement qu'en joignant,, de la nôtre, lui répondit Cyaxare: car l'ennemi l'épée à la main ? ,, la plupart de nos gens & des leurs fe fervent de l'arc & du javelot. Avec ,, ces armes-là, dit Cyrus, il faut combattre de loin. Cela eft vrai, répondit Cyaxare; & par conféquent, re,, partit Cyrus, la victoire fera du côté où il y a plus de combattans: car il eft bien aifé de juger qu'une groffe ,,,troupe bleffera beaucoup plus de gens C'eft Lucain qui dit cela, il dit vrai. dans une petite qui lui fera oppofée, Cyrus l'avoit penfé avant lui. C'étoit un ,, que la petite n'en pourra bleffer du grand Capitaine, & Xénophon nous le côté de la grande. Si cela eft ainfi, donne comme un des plus grands Maîtres ,, dit Cyaxare, il n'y a point de meilleur qui fût au monde. Si ce Guerrier célébre, expédient que d'envoier en Perse pour n'eft pas imaginaire dans l'Auteur Grec ,,y demander un plus grand fecours, ce que j'ai de la peine à croire, car il & remontrer que fi nous fommes dé l'eft un peu moins dans Hérodote, qu'il faits, ils auront enfuite les ennemis ait exifté ou non fur le pied que Xéno-,, fur les bras. En vérité, répondit Cyphon nous le repréfente, on convien- ,, rus, quand tous les Perfes feroient dra du moins que Xénophon étoit lui- ,, ramaffez enfemble, je ne crois pas que même un très-grand Maître, indépen-,, nous fuffions encore égaux en nombre damment de fon Héros, qui introdui-, aux ennemis. Que vous femble-t-il

ventis:

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Enfis habet vires, & gens quacumque, virorum eft.

Bella gerit gladiis.

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efforts n'aboutiffoient à rien. Outre que la ville par fa fitua tion étoit très-forte, Nicolas ne ceffoit d'y jetter du fecours. Enfin les approches de l'hiver le déterminérent à se rendre aux follicitations des Ambaffadeurs de Ptolémée ; il consentit à une trève de quatre mois, & promit que pour le reste on le trouveroit toujours fort raifonnable. Cela étoit bien éloigné de fa pensée; mais il fe laffoit d'être fi longtems éloigné de

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donc plus à propos de faire, dit Cya- eft pas accoutumé. Il eft certain aufli ,, xare? Pour moi, répondit Cyrus, fi que de bonnes armes accroiffent l'ardeur ,, j'étois à votre place, je ferois faire & le courage des foldats. Germanicus ,, promtement pour tous les Perfes qui pour animer fes foldats à affronter les viennent après moi, des armes telles Allemans, leur fit voir le désavantage ,, que portent les Gentilshommes qui de leurs armes.,, Que les Allemans ne font dans l'armée, c'eft-à-dire une cui-,, pourroient pas manier leurs grands raffe pour couvrir l'eftomac: le petit,, bouclier pour le bras gauche, le ci

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,, meterre ou la hache à la main droite.

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boucliers, ni leurs longues piques, par des halliers & des troncs d'arbres comme le foldat Romain couvert de fes armes feroit fon épée & fon javelot, qu'ils priffent garde feulement à redoubler leurs coups, & à chercher ,, le vifage défarmé de l'ennemi ; que les barbares n'avoient ni cuiraffe, ni ar¬ met, & que leurs boucliers d'ofier ou de bois peint feroient de foible ré,, fiftance contre leurs épées. Qu'il n'y ,, avoit des piques qu'aux premiers rangs,

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& que le refte n'avoit pour armes, ,, qu'un bâton brûlé. Il n'y a pas ce me femble de meilleur moien d'encourager les foldats, que de leur reprefenter le défaut des armes de leurs ennemis, & le grand avantage des leurs qui nous portent à les joindre. Il paroit pourtant par ce que dit Tacite, que les Romains redoutoient extrémement les longues piques des Allemans dans les plai nes, car les armes défenfives des Romains ne laiffoient pas que d'être income modes dans les grandes marches.,, Tout

Par ce moien vous ferez que nos gens ,, iront à la charge avec plus d'aflùrance, & les ennemis n'oferont les attenque dre de pied ferme. Aufli comme nous prendrons le foin de combattre tout ,, ce qui fèra tête, ce fera affaire à vous ,, & à votre cavalerie de pourfuivre ceux,, ,, qui tourneront le dos, afin qu'ils ne ,, puiffent ni fuir en fûreté, ni fe rallier. Cyaxare jugea qu'il avoit raifon, & fans plus fonger à mander de nouvelles troupes, il fit faire les armes ,, dont il lui avoit parlé. J'ai cru devoir rapporter tout ce paffage, qui contient d'excellentes inftructions pour les Miniftres & les Généraux d'armées, & qui leur apprend que l'on ne doit jamais s'oppofer à des changemens de grande importance. Les Romains étoient fi peu contraints à l'égard des ufages mêmes de la plus longue prefcription quant à leur difcipline militaîre, & à leurs armes qu'ils les changeoient à tout moment par cette fage politique ils parvinrent au plus haut dégré de la perfection de la fcience de la guerre. Ce qui,, nous apprend qu'il ne faut rien négliger lorfqu'il s'agit d'une propofition qui tend à la perfection des armes, quand même il s'agiroit d'un notable changement.,, Ce que dit Tite-Live après Polybe, eft très-vrai & très-digne de remarque, qu'une nouvelle méthode de combattre, & des armes différentes de celles dont on fe fert communément & plus avantagenfes, font terribles à l'ennemi qui n'y

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fon Roiaume, & d'ailleurs il avoit de bonnes raifons de prendre fes quartiers d'hiver à Séleucie. Car il n'y avoit plus lieu de douter qu'Achée ne lui tendît des piéges, & ne s'entendît avec Ptolémée.

CHAPITRE X V.

Combats fur terre & fur mer entre les deux Rois. Antiochus vainqueur entre dans plufieurs places.

L

A tréve conclue, Antiochus envoia des Ambaffadeurs au Roi d'Egypte, avec ordre de lui rapporter au plutôt les difpofitions de ce Prince, & de le venir joindre à Séleucie. Puis aiant mis des garnifons dans les différens poftes, & confié le foin des affaires à Théodote, il reprit la route de Séleucie, où il ne fut pas plutôt arrivé qu'il diftribua fes troupes en quartiers d'hiver. Du refte il ne fit pas grande attention à exercer fon armée, perfuadé qu'étant déja maître d'une partie de la Coclefyrie & de la Phénicie, il feroit aifément & fans combat la conquête du refte. Il fe flattoit d'ailleurs que la chofe fe décideroit de gré à gré & par des conférences, que Ptolémée n'oferoit pas en venir à une bataille. Les Ambaffadeurs de part & d'autre étoient entrez dans le même fentiment, ceux d'Antiochus par les honnêtetez que Sofibe leur avoit faites à Memphis, & ceux de Ptolémée, parce que Sofibe avoit empêché qu'ils ne viffent les préparatifs qui fe faifoient à Alexandrie.

&

Selon le rapport des Ambaffadeurs d'Antiochus, Sofibe étoit préparé à tout événement, & dans les conférences qu'avoit Antiochus avec les Ambaffadeurs d'Egypte, il s'étudioit à leur faire voir qu'il n'étoit pas moins fupérieur par la justice de fa cause que par fes armes. En effet quand ces Ambaffadeurs furent arrivez à Sélcucie, & qu'on en vint à difcuter ce qui regardoit la paix en particulier, felon l'ordre qu'ils en avoient reçu de Solbe, le Roi dit qu'on avoit tort de lub faire un crime de s'être emparé d'une partie de la Cœlefyrie, qu'il l'avoit feulement revendiquée comme un bien qui lui appartenoit qu'Antigonus le borgne avoit le premier conquis. cette province, que Séleucus l'avoit eue fous fa domination,. que c'étoit là les titres authentiques fur lefquels il étoit fondé Ccc iij

à fe la faire rendre par Ptolémée, qui n'y avoit aucun droit: qu'à la vérité ce Prince avoit eu la guerre avec Antigonus, mais pour aider Seleucus à s'y établir, & non pas pour y dominer lui-même. Il appuioit principalement fur la conceffion qui lui avoit été faite de ce païs par les Rois Caffander, Lyfimaque & Séleucus, lorfqu'après avoir défait Antigonus, ils décidérent unanimement dans un Confeil que toute la Syrie appartenoit à Séleucus.

que

Les Ambaffadeurs de Ptolémée foutinrent tout au contraire, c'étoit une injustice manifefte que la trahifon de Théodote & l'irruption d'Antiochus, & prétendirent que Ptolémée fils de Lagus s'étoit joint à Séleucus pour aider celui-ci à se rendre maître de toute l'Afie; mais que c'étoit à condition que la Cœlefyrie & la Phénicie feroient à Ptolémée. On difputa longtems fur ces points de part & d'autre dans les conférences, & l'on ne concluoit rien; parce que, les choses se traitant par amis communs, il n'y avoit personne qui pût modérer la chaleur avec laquelle un parti tâchoit de faire fon avantage au préjudice de l'autre. Ce qui leur caufoit le plus d'embarras, c'étoit l'affaire d'Achée. Ptolémée auroit bien voulu le comprendre dans le Traité; mais Antiochus ne pouvoit fouffrir qu'on en fit mention; il regardoit comme une chofe indigne, que Ptolémée se rendît le protecteur d'un rébelle & ofât feulement en parler.

Pendant cette conteftation, où chacun se défendit du'mieux qu'il put fans rien décider, le Printems arrive. & Antiochus affemble fes troupes, menaçant d'attaquer par mer & par terre & de fubjuguer le refte de la Coclefyrie. Ptolémée de fon côté fit Nicolas Généraliffime de ses armées, amaffa des vivres en abondance proche de Gaza, & mit en mouvement deux armées, une fur terre & une fur mer. Nicolas plein de confiance fe met à la tête de la premiére, foutenu de l'Amiral Périgéne, à qui Ptolémée avoit donné le commandement de la feconde. Cette derniére étoit compofée de trente vaiffeaux pontez & de plus de quatre cens vaiffeaux de charge. Le Général, Etolien de naissance, étoit un homme expérimenté & courageux, qui ne cédoit en rien aux autres Officiers de Ptolémée. Une partie de fes troupes s'empara des détroits de Platane, pendant que l'autre, où il étoit en perfonne, fe jetta dans la ville de Porphyréon pour fermer par là, avec le fecours de l'armée navale, l'entrée du païs à Antiochus.

Celui-ci vint d'abord (a) à Marathe, où les Aradiens le vinrent trouver pour lui offrir leur alliance. Non seulement il accepta leurs offres, mais appaifa encore une conteftation qui divifoit depuis quelque tems les Aradiens infulaires de ceux qui habitoient la terre ferme. De là entrant dans la Syrie par le promontoire appellé Face - Dieu, il prit Botrys, brûla Triére & Calame, & vint à Béryte. Il envoia d'ici Nicarque & Théodote devant, pour occuper les défilez qui font proche du Lyque. Enfuite il alla camper proche la riviére de Damure, fuivi de près par mer de fon armée navale que commandoit l'Amiral Diognéte. Aiant pris là Théodote, Nicarque & fes armez à la légére, il marcha vers les défilez où Nicolas s'étoit déja logé, & après avoir reconnu la fituation des lieux, il fe retira dans fon camp. Dès le lendemain,. laiffant au camp les pesamment armez fous le commandement de Nicarque, il marche avec le refte de fon armée vers l'ennemi, qui campé dans un terrain fort ferré, fur la côte, entre le pied du mont Liban & la mer, & environné d'une hauteur rude & efcarpée qui ne laiffe le long de la mer qu'un paffage étroit & difficile, avoit encore mis bonne garde à certains poftes & en avoit fortifié d'autres, croiant qu'il lui feroit aisé d'empêcher qu'Antiochus ne pénétrât jufqu'à lui.

Ce Prince partagea fon armée en trois corps. Il en donna un à Théodote, avec ordre de charger & de forcer les ennemis au pied du mont Liban: Ménédéme avec le fecond avoir ordre exprès de tenter le paffage par le milieu de la hauteur: le troifiéme fut pofté fur le bord de la mer, Dioclés Gouverneur de la Parapotamie à la tête. Le Roi avec fa garde fe plaça au milieu, pour être à portée de voir ce qui fe pafferoit, & d'envoier du fecours où il feroit néceffaire. Diognéte & Périgéne fe difpoférent de leur côté à un combat naval. Ils s'approchérent de la terre le plus qu'il leur fut poffible, & tâchérent de faire en forte que leurs armées ne fiffent enfemble qu'un même front. Le fignal donné, l'on attaque de tous les côtez en même tems. Sur mer comme les forces étoient égales, on combattit avec égal avantage. Par terre la forte fituation des poftes que Nicolas occupoit, lui donna d'abord quelque fupériorité. Mais quand Théodote eut rompu les en

(a) Celui-ci vint d'abord à Marathe... prit Botrys, brila Triére & Calame. ] Ces villes ne fe trouvent point dans Cel

larius. Il est très-aifé de les placer, puifqu'elles fe trouvent fur la marche de l'ar mée d'Antiochus,

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