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liérement avec toute cette bonne compagnie. Ceci, Madame, vous foit dit en paffant ; car j'apprens dans ce moment qu'il vous faut faire des complimens de condoléance fur la perte de M. votre petit-fils. Cette nouvelle me fait rengaîner bien des chofes que j'aurois à vous dire, & même quelques chanfons, que je me flate qui ne vous déplairoient pas; mais elles vous viendront quand je ne les croirai plus de contrebande; car apparemment M. & Mc de Simiane ne vous laifferont pas long-temps fans confolation. Après vous avoir affurée ici de la continuation de mes respects, & de mon très-fincére attachement, ne puis-je pas me tourner du côté de M. le Comte & de M. le Chevalier de Grignan, pour les affurer auffi des mêmes fentimens ? Me de Coulanges a oublié encore de vous parler de fa fanté, qui n'est pas trop bonne depuis quelques jours & qui m'inquiéte, quoiqu'il y ait plus vapeurs dans fon fait que d'autre chofe; mais le pauvre Chambon nous manque; il nous eft d'un grand fecours dans les moindres allarmes

de

par l'extrême confiance, que nous avons en fon fçavoir-faire & en fon amitié, dont il nous donna de bonnes preuves l'année dernière précifément dans ce temps-ci; je fupporte en vérité fort impatiemment fa longue prifon; car qu'eft-ce que ma fanté fans celle de Me de Coulanges?

LETTRE LXI.

LA MÊME A LA MÊME.

JA

A Paris, le 17 Juin.

'Ai eu la même conduite pour vous, Madame, que j'ai eue pour moi; c'eft celle auffi qu'ont obfervée toutes les perfonnes, qui par difcrétion n'ont pas cru devoir écrire à Me de Maintenon; elles ont fait paffer leurs complimens par Me la Ducheffe du Lude. J'ai écrit à cette dernière, & je me fuis chargée de tout. Vous verrez par fa réponse que je dis vrai; & je fuis même affurée que vous me croiriez, quand je ne vous l'enver

1703.

rois point. Il eft impoffible d'être plus touchée que Me de Maintenon l'a été de la mort de M. d'Aubigné *. Pour moi, je le fuis fort de celle de Gourville, avec lequel j'avois renouvellé un commerce très-vif; j'y ajoûterai que fon bon efprit étoit fi parfaitement revenu, que jamais lumière n'a tant brillé avant que de s'éteindre. Je n'ai point été à la campagne, comme je l'avois efpéré, je me fuis amufée à marier le frère de Me de Mornai avec Mlle de Menars; cette pensée là me vint; je la propofai à M. l'Abbé Duguet, qui voulut bien entrer dans cette affaire; elle eft enfin concluë & les noces fe font paffées avec toute la magnificence poffible. Nous efpérons de la bonté du Roi l'agrément pour la charge de Préfident à mortier; Mlle de Menars a tant de parens confidérables, qu'il y a lieu de croire que cette espérance n'est pas chimérique. On préfenta hier la nouvelle mariée au Roi, & à toute la Cour;

Charles d'Aubigné, Gouverneur de Berri, Chevalier des Ordres du Roi, & frère de Me de Maintenon,

Me de Maintenon lui fit des prodiges. Ma complaifance n'a point été jufqu'à aller à Verfailles, quoiqu'on l'eût defiré. J'ai renoncé au monde, & je n'ai pas l'humilité d'aller dans un pays, où je n'ai que faire, & où je n'ai rien d'agréable ni de nouveau à montrer. Je cours ce foir à Ormeffon, où M. le Maréchal de Catinat, & M. de Coulanges m'attendent; je vous manderai des nouvelles de la vie que nous allons faire ce Maréchal & moi. Je fuis ravie d'apprendre que vous avez enfin donné congé à M. de Rezé ; j'en tire la conféquence que vous revenez cet hiver; je vous affure qu'il y a longtemps qu'aucun événement ne m'a fait un plaifir fi fenfible. Je vous prie, Madame, que je fois raffurée fur votre rhumatifme, dont je fuis très en peine; vous vous traitez si durement que je ne vous trouve point bien entre vos mains. Je vis avanthier Me de Simiane, que je trouvai confolée de la perte qu'elle a faite; elle l'a réparée, car elle eft groffe; mais il en coûte quelque chofe à fa jolie figure. M. de Sévigné nous a

1703.

quitté pour fa Bretagne ; & Me votre belle-foeur va jeudi habiter la maifon de ma grand-mère ; je me fuis trouvée attendrie en leur difant adieu; il me paroît qu'ils vont changer & de vie & d'amis. C'eft, en vérité, une vraie Sainte que Me votre belle-fœur, plus aifée à admirer qu'à imiter. Je me plains, Madame de n'avoir point appris par vous votre retour; mais j'en pardonnerois bien d'autres, fi vous revenez, comme je le veux espérer.

LETTRE LXII.

LA MÊME A LA MÊME.

E

Je

A Ormefon, le 7 Juillet.

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ne fuis point contente, Madame, de la manière dont vous me parlez de votre retour; il me paroît que la faifon de Noël vous fait peur; pour moi, je fuis perfuadée que le printemps & l'été n'arriveront qu'alors; depuis trois femaines que j'habite ma folitude, je n'ai

eu

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