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CHOIX

DE

LETTRES DIVERSES.

LETTRE I.

M. LE CARDINAL DE RETZ,
A Me DE SÉVIGNÉ.

A Commerci, le 20 Dicembre.

I les intérêts de Madame de Meckelbourg * & de M. le Maréchal d'Albret vous font indifférens, Madame, je folliciterai pour le Cava

*Elizabeth-Angélique de Montmorenci, veuve de Gafpard de Coligni, Duc de Châtillon ; & remariée en Février 1664 à Chriftian-Louis Duc de Meckelbourg

A

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1673.

LETTRE II.

M. LE DUC DE LA ROCHE
FOUCAULD,

A Me DE SÉVIGNÉ,

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Paris, le 9 Février.

Ous ne fçauriez croire le plaifir que vous m'avez fait de m'envoyer la plus agréable lettre qui ait jamais été écrite; elle a été luë & admirée, comme vous le pouvez fouhaiter; il me feroit difficile de vous rien envoyer de ce prix-là; mais je chercherai à m'acquitter, fans efpérer néanmoins d'en trouver les moyens dans le foin de votre fanté car vous vous portez fi bien que vous n'avez pas befoin de mes remèdes, Me la Comteffe ( de la Fayette ) est allée ce matin à S. Germain remercier le Roi d'une penfion de cinq cens écus qu'on lui a donnée fur une Abbaye; cela lui en vaudra mille avec le temps, parce que c'eft fur un homme qui a la

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même penfion fur l'Abbé de la Fayette; ainfi ils font quittes préfentement; & quand ce premier mourra, la penfion demeurera toujours fur fon Abbaye; le Roi a même accompagné ce préfent de tant de paroles agréables, qu'il y a lieu d'attendre de plus grandes graces: fi je fuis le premier à vous apprendre ceci, voilà déja la lettre de M. de Coulanges à demi payée; mais qui nous payera le temps que nous paffons ici fans vous? cette perte eft fi grande pour moi, que vous feule pouvez m'en récompenfer; mais vous ne payez point ces fortes de dettes-là ; j'en ai bien perdu d'autres, & pour être ancien créancier, je n'en fuis que plus expofé à de telles banqueroutes. L'affaire de M. le Chevalier de Lorraine & de M. de Rohan est heureusement terminée; le Roi a jugé de leurs intentions, & perfonne n'a eu deffein de s'offenfer. M. le Duc eft revenu, M. le Prince arrive dans deux jours; on efpère la paix; mais vous ne revenez pas, & c'eft affez pour ne rien espérer.

Quoi que vous me difiez de Me de Grignan, je pense qu'elle ne fe fou

vient guères de moi, je lui rens cependant mille très-humbles graces, ou à vous, de ce que vous me dites de fa part. Ma mère* eft un miroir de dévotion; elle a fait un cantique pour fes ennemis, où la Reine de Provence ** n'eft pas oubliée. Embraffez M. l'Abbé ( de Coulanges) à mon intention, & dites-lui qu'après le Marquis de Villeroi, je fuis mieux que perfonne auprès de M. de Coulanges.

Si vous avez des nouvelles de notre pauvre Corbinelli, je vous fupplie de m'en donner: j'ai pensé effacer l'épithète, mais j'apprens toujours, à la honte de nos amis, qu'elle ne lui convient que trop.

Me DE LA FAYETTE.

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VOILA une lettre qui vous dit, ma belle, tout ce que j'aurois à vous dire. Je me porte bien de mon voyade S. Germain. J'y vis votre fils, j'en fis comme du mien; il est très-joli. Adieu.

ge

* Me de Marans, que M. de la Rochefoucauld appelloit fa mère.

** C'est-à-dire, Me de Grignan, que Me de Marans n'aimoit point.

LETTRE III.

Mc DE LA FAYETTE,

JA

A Mc DE SÉVIGNÉ.

Paris, 30 Décembre.

"'AI vu votre grande lettre à d'Hacqueville; je comprens fort bien tout ce que vous lui mandez fur l'E

1672.

vèque *; il faut que le Prélat ait tort, * de Marpuifque vous vous en plaignez; je feille. montrerai votre lettre à Langlade, & j'ai bien envie encore de la faire voir à Me du Pleffis, car elle est trèsprévenuë en faveur de l'Evêque. Les Provençaux font des gens d'un caraAtère tout particulier.

;

Voilà un paquet que je vous envoie pour Me de Northumberland vous ne comprendrez pas aifément pourquoi je fuis chargée de ce paquet; il vient du Comte de Sunderland, qui eft préfentement ici Ambaffadeur; il eft fort de fes amis; il lui a écrit plufieurs fois; mais n'ayant

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