Imágenes de páginas
PDF
EPUB

je crois que celles qui lui demeureront,fe trouveront plus à plaindre que les autres. Mlle de L...la quitte. Me de Richelieu m'a priée de vous faire mille complimens de fa part. Adieu ma très - aimable belle, j'embraffe avec votre permiffion & la fienne M¢ la Comteffe de Grignan; n'eft-elle point encore accouchée ? M. de Coulanges m'a affurée qu'il vous enver roit Mithridate. On me peint aujourd'hui pour M. de Grignan; je croiois avoir renoncé à la peinture. L'hiftoire du charmant eft pitoyable; je la fçais...Orondate* étoit peu amoureux auprès de lui; il n'y a que lui au monde qui fçache aimer; c'eft le plus joli homme, & fon Alcine, la plus. indigne femme.

Héros de Roman.

LETTRE XXIII.

LA MÊME A LA MÊME.

A Paris, le 10 Avril.

Left minuit, c'eft une raifon pour

ne vous point écrire ; j'en fuis enragée; j'avois réfolu de répondre à votre aimable lettre; mais voici, ma chère amie, ce qui m'en a empêchée; M. de la Rochefoucauld a paffé le jour avec moi; je lui ai fait voir Me du Fresnoi, il en est tout éperdu. Je suis ravie que Me de Grignan ne foit plus qu'accablée de laffitude; la furprise & l'inquiétude que j'ai euës de fon mal, me devoient faire attendre à toute la joie que j'ai du retour de fa fanté; c'eft une barbarie que de fouhaiter des enfans. Je ne veux pas oublier ce qui m'eft arrivé ce matin; on m'a dit, Madame, voilà un laquais de Me de Thianges; j'ai ordonné qu'on le fit entrer. Voici ce qu'il avoit à me dire: Madame, c'eft de la part deMe de Thianges, qui vous prie de lu

1673

envoyer la lettre du cheval de Me de Sévigné, & celle de la prairie. J'ai dit au laquais que je les porterois à fa maîtreffe, & je m'en fuis défaite. Vos lettres font tout le bruit qu'elles méritent, comme vous voyez ; il eft certain qu'elles font délicieuses, & vous êtes comme vos lettres. Adieu, ma très-aimable belle; j'embraffe bien doucement cette belle Comteffe, de peur de lui faire mal: j'ai bien senti, je vous jure, fa fâcheufe aventure; je fouhaite plus que je ne l'efpère, qu'elle ne foit jamais exposée à de pareils accidens. Le Roi dit hier qu'il partiLoit le 25 fans aucune remise.

LETTRE XXIV.

LA MÊME A

Ꮮ Ꭺ

MÊME.

1694.

O

A Paris, le 29 Octobre.

N me dit hier que votre mariage étoit refait, c'est-à-dire, qu'on avoit envoyé des conditions à Me deGrignan, qu'elle auroit tort de ne pas accepter; & comme je fuppofe qu'el

le ne peut avoir tort, je conclus que vous vous mariez * & je m'en réjouis avec vous, ma chère amie.

[ocr errors]

Le Roi eft à Choisi pour jufqu'à famedi; tout le monde revient en foule; l'armée de Flandre eft féparée. Nous n'aurons Me de Louvois & M. de Coulanges que le 8 du mois qui vient; ils ont M. de Souvré & Mc de de Courtenvaux pour augmentation de bonne compagnie. La Maréchale de Villeroi eft partie pour paffer tout fon hiver à Verfailles avec fa belle

fille

; nous avons crû être fort fâ. chées de nous féparer. Au refte, Madame, j'ai vu la plus belle chofe qu'on puiffe jamais imaginer; c'eft un portrait de Me de Maintenon, fait par Mignard; elle eft habillée en SainteFrançoife Romaine: Mignard l'a embellie; mais c'eft fans fadeur, fans incarnat, fans blanc, fans l'air de la jeuneffe; & fans toutes ces perfections, il nous fait voir un vifage & une phifionomie au-deffus de tout.ce

*Il étoit question du mariage du Marquis de Grignan, petit-fils de Me de Sévigné, avec Mile de Saint-Amant, qu'il époufa peu de Lemps après.

que l'on peut dire ; des yeux animez,
une grace parfaite, point d'atours,
& avec tout cela aucun portrait ne
tient devant celui-là. Mignard en a
fait auffi un fort beau du Roi; je
vous envoie un madrigal que Mile
Bernard fit impromptu en voyant ces
deux portraits; il a eu beaucoup de
fuccèsici; vous jugerez fi nous avons
raifon. Mlle de Villarceaux eft morte
de la petite vérole fans confeffion, &
fans avoir eu le tems de deshériter
fes coufines. Me d'Epinoi, la Prin-
ceffe, eft accouchée d'un fils; & de-
puis ce grand jour on ne ceffe de ti-
rer & de boire à la place royale.
Adieu, ma chère amie.

LETTRE XXV.

LA MÊME A LA

1694.

MÊME.

A Paris, le 19 Novembre.

Ly a quinze jours, mon amie,
que je ne vous ai écrit ; je vous en
je
avertis, de peur que vous ne vous
en appercevicz pas. Je n'avois point

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »