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ufages, défendant les folemnités profanes. Cette loi fut publiée à Carthage l'année fuivante 408, le cinquiéme de Juin. Toutefois quatre ans auparavant, Honorius, fous fon fixiéme confulat, c'est-à-dire l'an 404, avoit permis aux païens de célébrer encore les jeux féculaires, & fouffroit même à Rome les fpectacles des gladiateurs.

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La loi du quinziéme Novembre 407, fut une fuite de la défaite de Radagaife. C'étoit un païen Scythe de nation qui l'année précédente 406 étoit entré en Italie, avec une armée de vingt mille Goths, & menaçoit Rome. Alors les païens s'affembloient, & difoient hautement que cet ennemi avoit pour lui les dieux, & que la ville alloit périr parce qu'elle les avoit abandonnés. Ils faifoient de grandes plaintes, & demandoient le rétabliffement des facrifices. Toute la ville frémiffoit de blafphêmes contre le nom de J. C. comme étant la malédiction du tems préfent. Cependant il vint des troupes de Huns & de Goths au fecours de Romains; l'armée de Radagaife fe diffipa, & périt miférablement dans les montagnes de l'Appennin. Radagaife lui-même fut pris & tué; & les chrétiens regardérent cette victoire comme un effet de la protection divine.

Ils regardérent de même la mort du comte Stilicop, qui avoit toute l'autorité en Occident, fous le foible empereur Honorius. Stilicon fut accufé d'avoir attiré les barbares, qui commençoient à ravager l'empire; & de vouloir chaffer du trône l'empereur Honorius fon gendre, pour y mettre fon propre fils Eucher qui étoit païen, & qui, pour s'attirer les païens, promettoit de relever les temples & d'abattre les églifes. Cette confpiration étant découverte, Stilicon fut tué le dixiéme des calendes de Septembre, fous le confulat de Baffus & de Philippe, c'est-à-dire le vingt-trois Août 408,

& fon fils Eucher enfuite.

En effet dès l'année 406, les Vandales & les Alains pafférent le Rhin, & entrérent dans les Gaules. Les Quades, les Sarmates, les Gepides, les Herules, les Saxons & les Allemands leur aidérent à ravager tout ce qu'enferme le Rhin, l'Océan, les Alpes & les Pyrénées. Mayence fut prife &. ruinée, & plufieurs milliers de perfonnes maffacrés dans l'églife. Vormes fut ruinée après un long fiége: Reims, Amiens, Arras, Terouanne, Tournai, Spire, Argentine ou Strasbourg, devinrent des villes Germaniques. L'Aquitaine, la Novem popuTome. IV.

D

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AN. 408.

Ad Heliod.

lanie, la province Lyonnoife & la Narbonnoife, tout fut ruiné à la réserve de peu de villes. C'eft ainfi qu'en parle S. Jerôme qui regrette particuliérement Touloufe. Il fe plaint encore que les femmes nobles & les filles confacrées à Dieu ont été le jouet des barbares, les évêques pris, les prêtres & les cleres tués, les églifes renverfées, les chevaux attachés De gubern. 1.6. aux autels, les reliques déterrées. J'ai vu, dit le prêtre Salvien, dans les villes, les corps morts de l'un & de l'autre sexe nuds, déchirés par les chiens, & les oifeaux infecter les vivans qui reftoient.

Martyr, R. 14 Dec.

.

Comme ces barbares étoient encore païens, ils firent grand nombre de martyrs. L'églife honore le quatorziéme de Décembre S. Nicaife archevêque de Reims, avec la vierge Eutropie fa fœur, Florentius diacre, & Jucundus lecteurs tués à la porte de l'églife par les Vandales. On croit que S. Diogène d'Arras fouffrit le martyre dans le même tems. Trèves fut pillée jufques à quatre fois, & fon évêque Valentin tué. A Befançon l'évêque Antidius eft honoré le dix-feptiéme de Juin comme martyrifé par les Vandales. A Semont en Bourgogne, faint Florentin & faint Hilaire martyrs, honorés le vingt - feptiéme de Septembre. A Auxerre, S. Fraterne évêque martyrifé le jour même de fon facre. A Langres faint Martyr.R.23.Mai Didier évêque, avec faint Valére fon archidiacre & faint Prudence; & plufieurs autres martyrs en divers lieux desGaules.

Martyr. R. 27.Sept.

Ep. 27. al. 119.

12. 2.

Après la mort de Stilicon, la principale autorité vint à Olympius chrétien très-zèlé, qui fut fait maître des offices. S. Auguftin étoit de fes amis, & lui écrivit peu de tems après pour les intérêts de l'églife. Car les païens & les hérétiques d'Afrique ayant appris la mort de Stilicon, prétendirent qu'il étoit l'auteur des loix qui veñoient d'être publiées contre eux, & que l'empereur n'y avoit eu aucune part. Par ces difcours ils excitoient les peuples contre les catholiques, enforte que plufieurs évêques pafférent en Italie fugitifs pour implorer la protection de la cour. Saint Auguftin prie donc Olympius de travailler avec ces évêques à réprimer les défordres qui font arrivés en Afrique ; & cependant de faire connoître au plutôt à la province l'affection de l'empereur pour l'églife. On croit que ces évêques dont parle S. Ap.Dionyf.exig. Auguftin, étoient Reftitut & Florentius, qui furent députés par un concile tenu à Carthage le treiziéme d'Octobre de

n. 206.

cette même année 408, contre les païens & les hérétiques: dans le tems, dit l'extrait du concile, que Sevére & Macaire furent tués, & que les évêques Evodius, Theafius & Victor furent maltraités à cause d'eux.

La même année & le feiziéme des calendes de Juillet c'est-à-dire le feizième jour de Juin, il s'étoit déja tenu un concile à Carthage, où l'évêque Fortunatien avoit été député contre les païens & les hérétiques. Mais il eft à croire, que la nouvelle de la mort de Stilicon ayant augmenté leur infolence, obligea les évêques catholiques à s'affembler & à députer encore quatre mois après. Le fujet de la premiére députation fut peut-être le maffacre de Calame.

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XVII. Sédition de Ca

Aug. ep. 91. al. 202. ad. Nectar. 1.8.

n. 8.

Car le premier jour de Juin de cette année 408, les païens célébrérent une de leurs fêtes avec une telle infolence, qu'ils lame. pafférent danfant en troupe dans la rue devant la porte de l'églife, ce qui ne s'étoit pas fait du tems même de Julien; & comme les clercs voulurent l'empêcher, on jetta des pierres contre l'églife. Environ huit jours après, l'évêque ayant fait fignifier de nouveau au corps de ville les derniéres loix, contre les idolâtres, quoiqu'elles fuffent affez connues, principalement celle du vingt-quatriéme Novembre 407, & fe mettant en devoir de l'exécuter, l'églife fut encore attaquée à coups de pierres. Le lendemain les chrétiens ayant demandé acte de ce qu'ils avoient à dire, pour intimider les fédi- Sup. n. 15. tieux, la juftice leur fut déniée. Le même jour il tomba une grêle qui fembloit envoyée exprès pour les épouvanter : mais fitôt qu'elle fut paffée, ils revinrent à coups de pierres pour la troifiéme fois, & enfin mirent le feu à l'églife. Un des chrétiens s'étant trouvé en leur chemin ils le tuérent : les autres s'enfuirent ou fe cachérent comme ils purent. L'évêque fe fauva à peine dans un trou, d'où il entendoit les cris de ceux qui le cherchoient pour le tuer, & qui fe reprochoient d'avoir fait en vain tant de mal, puifqu'ils n'avoient pu le trouver. Cela fe paffa depuis la dixiéme heure, c'està-dire quatre heures après midi, jufques bien avant dans la nuit, fans qu'aucun de ceux qui pouvoient avoir de l'autorité, fe mît en devoir de l'empêcher.

que

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S. Auguftin fe rendit à Calame peu de tems après, pour confoler & appaifer les chrétiens: les païens mêmes demandérent à le voir, & il les avertit de ce qu'ils devoient faire pour se tirer de l'inquiétude préfente, & même pour cher

AN. 408. Ap. Aug. ep. 90.

al. 201.

2.7.

n. 9.

cher le falut éternel. Mais comme ils craignoient toujours, ils lui firent écrire par un d'entre eux nommé Nectaire, qui étoit un vieillard vénérable & homme de lettres. Il repréfente à S. Auguftin l'amour de la patrie qui le fait agir, & le devoir des évêques qui eft de ne faire que du bien, témoiEp. 91. gnage remarquable de la part d'un païen. Il le prie du moins de féparer les innocens des coupables, offrant au refte de rétablir tout le dommage, & ne demandant que l'exemption de la peine. S. Auguftin loue fon affection pour fa patrie, & lui repréfente que rien n'eft plus propre à entretenir la n. 3.] fociété des hommes & à rendre une ville floriffante, que la religion chrétienne qui enfeigne la frugalité, la tempérance, la foi conjugale, les bonnes mœurs; & que rien n'est plus contraire à la fociété civile , que la corruption des mœurs qu'entraîne l'idolâtrie, par l'exemple des faux dieux. Venant à la fédition de Calame, il demeure d'accord de la douceur qui convient aux évêques. Nous tâchons, dit-il, de faire enforte que perfonne ne foit puni des peines les plus févéres, non feulement par nous, mais par qui que ce foit à notre poursuite. Il foutient qu'il eft néceffaire de faire un exemple en cette occafion ; & toutefois il convient de laiffer aux coupables la vie & la fanté, & de quoi la foutenir, mais non pas de quoi mal faire: ainfi toute la peine d'un fi grand crime fe réduifoit à quelque perte de biens. Quant aux dommages, dit-il, que les chrétiens ont foufferts, ils les prennent en patience, ou ils .font réparés par d'autres Aug. epift. 140. al. chrétiens: nous ne cherchons à gagner que les ames, prix même de notre fang. Nectaire demeura en filence environ huit mois, peut-être dans l'efpérance que la mort de Ap. Aug. ep. 103 Stilicon rendroit meilleure la condition des païens. Enfin il revint à la charge, & donnant de grandes louanges à S. Auguftin, avec quelque efpérance de fa converfion, il infiftoit toujours fur un pardon entier à tous les habitans de Calame. Ep. 104. 7. 5. S. Auguftin demeura ferme à vouloir que les coupables fuffent punis; mais en même tems il montre la douceur de l'églife par la qualité de la peine. Nous ne prétendons point, dit-il, qu'ils perdent la vie, ni qu'ils fouffrent des tourmens ou aucune peine corporelle; nous ne voulons pas même les réduire à une telle pauvreté qu'ils manquent du nécessaire : nous voulons feulement leur ôter la richeffe qui les met en état de mal faire, comme d'avoir des idoles d'argent, qui

264. n. I.

al.253.

77. 10.

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au

AN. 409.

font caufe qu'ils mettent le feu à l'églife, qu'ils donnent au
pillage à la populace la fubfiftance des pauvres
& répan-
dent le fang innocent. Et enfuite trouvez bon du moins qu'ils n. 6.
craignent pour leur fuperflu, eux qui ne fongent qu'à brû-
ler & piller notre néceffaire; & que nous puiffions faire ce
bien à nos ennemis de leur épargner des crimes qui leur
font nuifibles, par la crainte de perdre des chofes dont la
perte n'est point nuifible. Il paroît par cette lettre que Pof-
fidius, évêque de Calame, fit le voyage d'Italie après la vio-
lence commife contre fon églife, apparemment pour se join-
dre aux députés des deux conciles de l'an 408 & en deman-
der juftice.

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:

n. I.

XVIII.

L. 43. C. Th, de

hæret.

z. 42. Cod.

Ces députés d'Afrique obtinrent à la cour d'Honorius. ce qu'ils demandoient, comme il paroît par plufieurs loix Loix pour l'églife. datées vers la fin de l'an 408, fous le confulat de Baffus & de Philippe, qui confirment toutes les loix précédentes contre les Donatiftes, les Manichéens, les Prifcillianiftes, les païens & les Célicoles & en ordonnent l'exécution défendant expreffément leurs affemblées. Il eft auffi défendu L 45. cod. aux ennemis de la religion Catholique d'exercer des charges dans le palais. Les Célicoles ou adorateurs du Ciel, dont il est ici parlé, profeffoient une nouvelle héréfie, qui tenoit, à ce que l'on croit, du judaïfme & du paganisme du moins le nom en étoit nouveau. Ils pervertiffoient le baptême comme les Donatiftes, & il s'en trouvoit principalement en Afrique. Il y eut, l'année suivante 409, une constitution d'Honorius, pour étendre contre eux les peines des hérétiques & des apoftats. Quant aux Juifs, il y a contre eux une loi de Théodofe du vingt-neuviéme Mai de cette année 408, qui ordonne aux gouverneurs des provinces d'empêcher, qu'à la fête qu'ils célébroient en mémoire de leur délivrance par Efther, ils ne brûlaffent une croix, fous prétexte de brûler la figure d'Aman avec fon gibet: parce qu'ils le faifoient au mépris de la religion chrétienne.

¡L. 19. C. Th. de Jud. & ibi Gothof.

L. 18. cod.

Ef. 1x. 21.

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Marc. Chr. an.

408.

L'empereur Théodofe commençoit à régner après la mort de fon pere Arcade, arrivée le premier jour du même mois Soz. Ix. c. 1., de Mai, fous le confulat de Baffus & de Philippe, c'est-àdire en 408. Arcade avoit régné treize ans, depuis, la mort de Théodofe fon pere, & en avoit vécu trente & un. Prince foible, & toujours gouverné par fa femme & par fes eunuques. Son [fils Théodofe, qui n'avoit que huit aps,

&

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