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AN. 409.

The Philot. c. 8.
Chryf.epift. 25.

L. ult. C. Th. de

Just. de epifc.

༡.

aud.lib. 11.evd.

4

portoit déja le titre d'Augufte, régna en Orient fous la conduite d'Anthemius, l'homme le plus fage de fon tems ami de S. Aphraate & de S. Chryfoftome, qui lui écrivit fur fon confulat en 405. Théodofe le jeune, car il eft connu fous ce nom, avoit trois fœurs, Pulcherie, Arcadie & Marine, qui toutes trois demeurérent vierges. Pulcherie prit foin dans la fuite de leur éducation, & de celle de l'empereur fon frere, quoiqu'elle n'eût que deux ans plus que lui: mais fa fageffe & fa vertu étoient bien au deffus de fon âge.

On trouve encore deux loix d'Honorius de l'année 409, Cuft, reor. L. 9. C. qui refpirent la piété ; l'une en faveur des prifonniers, qui ordonne que tous les dimanches les juges les feront fortir, pour fçavoir s'ils ont les chofes néceffaires, leur donner de quoi vivre s'ils en manquent, & les conduire aux bains fous bonne garde : il eft recommandé aux évêques de tenir la main à l'exécution de cette loi. L'autre ordonne aux chrétiens des lieux voifins, de prendre foin que les captifs Romains, qui retournent chez eux, ne foient ni arrêtés ni maltraités.

I. 44. C. Th.de har.

La loi d'Honorius contre les Donatiftes & les Juifs ou Ep. 100. al 127. Célicoles, fut adreffée en particulier à Donat proconful d'Afrique, & S. Auguftin d'ailleurs fon ami lui écrivit à ce fujet, pour le prier très-inftamment de leur épargner la vie. Remarquez, dit-il, qu'il n'y a que les eccléfiaftiques, qui prennent foin de porter devant vous les affaires de l'églife. De forte que, fi vous puniffez de mort les coupables, vous nous ôterez la liberté de nous plaindre; & quand ils s'en appercevront, ils fe déchaîneront plus hardiment contre nous, nous voyant réduits à la néceffité de nous laiffer ôter la vie plutôt que de les expofer à la perdre par vos jugemens. Il finit par ces mots : Quelque grand que foit le mal qu'on veut faire quitter, & le bien qu'on veut faire embraffer, c'eft un travail plus importun que profitable, de n'y réduire les hommes que par la force, au lieu de les gagner par l'inftruction. Après la mort de Stilicon, les Goths qui fervoient dans. les armées Romaines furent maltraités, comme ayant été d'intelligence avec lui. On fit mourir en plufieurs villes leurs femmes & leurs enfans, & on pilla leurs biens. Irrités de cette infraction des alliances, ils fe réunirent fous Alaric le plus puiffant de leurs chefs; qui avoit fervi le grand Socr.v11.c. 10. Théodofe contre le tyran Eugène, & étoit revêtu des

XIX.! Rome-affiégée par Alaric.

Zof. L. 5. p. 812.

dignités Romaines. Il effaya encore de faire la paix avec Honorius; & n'ayant pu l'obtenir, il marcha vers Rome. On dit que, dans cette marche, il rencontra un faint moine qui voulut l'en détourner, lui repréfentant les maux dont il alloit être caufe; & qu'Alaric lui répondit : Je n'y vais point de moi-même ; mais quelqu'un me preffe & me tourmente tous les jours, en difant: Va piller Rome. Y étant arrivé, il l'affiégea fi étroitement, même du côté de la mer, qu'il n'y entroit plus de vivres, & que la famine & la pefte commencérent à la ravager. Plufieurs efclaves, principalement des barbares, pafférent du côté d'Alaric. En cette extrémité, les fénateurs païens crurent néceffaire de facrifier au Capitole, & dans les autres temples. Car des arufpices Toscans, appellés par Pompeien préfet de Rome , promettoient de chaffer les barbares par des foudres & des tonnerres; se vantant de l'avoir déja fait à Narnia ville de Tofcane, qu'Alaric n'avoit pas prise

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pas prife en marchant vers Rome. Zofime dit que, Lib. 5. p. 816. pour plus grande fûreté, on rapporta au pape Innocent le deffein que l'on avoit de faire à Rome des facrifices; & que le pape, préférant le falut de la ville à fon opinion, permit de les faire en fecret. Le croira qui voudra, fur la foi de ce païen: mais ce qu'il ajoute eft plus vraisemblable. Les Tofcans ayant foutenu que ces cérémonies ne ferviroient de rien à la ville, fi on ne les faifoit en public: le fénat monta au Capitole, & commença à y faire & dans les places publiques ce que l'on avoit réfolu; mais perfonne n'ofa y prendre part. On laiffa les Tofcans, & on fongea aux moyens d'appaiser Alaric.

• On traita en effet avec lui, & on convint de lui donner cinq mille livres d'or, trente mille livres d'argent, quatre mille tuniques de foie, trois mille peaux teintes en écarlate, trois mille livres de poivre. Pour faire cette quantité d'or & d'argent, comme il n'y avoit point de deniers publics, on taxa les particuliers, qui n'y purent fuffire; enforte qu'il en fallut venir aux ornemens des idoles, & aux idoles même d'or & d'argent : ce que Zofime déplore comme une impiété, qui mit le comble à la mauvaise fortune de Rome. On fondit entre autres une image de la Vertu après quoi, dit-il, tout ce qu'il y avoit chez les Romains de valeur & de vertu fut éteint, comme avoient prédit ceux qui étoient inftruits des chofes divines. Moyennant ces préfens, Alaric

P.817.

leva le fiége, & les Romains promirent de procurer la paix p.818. entre l'empereur. & lui. C'étoit l'année 409, fous le huitiéme confulat d'Honorius & le troifiéme de Théodofe.

AN: 410.

Sox. ix. c. 7.

Matth.

En effet le pape Innocent alla en députation vers l'empereur Honorius, qui étoit à Ravenne: & on rapporte avec vraisemblance à cette députation une loi contre les mathématiciens ou aftrologues, fous le nom defquels font fouvent L. 12. C. Th. de compris les arufpices & les autres devins. Par cette loi, il leur eft ordonné de brûler leurs livres en préfence des évêques, & d'abjurer leurs erreurs, ou de fortir de Rome & de toutes les autres villes, fous peine de déportation. Elle est du vingt-cinquième de Janvier 409. Alaric vint jufques à Rimini, pour s'approcher de l'empereur. Jovius, préfet du prétoire d'Italie, vint conférer avec lui: mais par fon imprudence il rompit la paix, qu'il auroit pu faire à des conditions. avantageufes.

L. 10. C. Juft. de epifc. aud.

Attale

XX.
empereur.

Alaric revint donc affiéger Rome une feconde fois ; & s'étant rendu maître du port, il obligea les Romains de déclarer empereur Attale préfet de la ville, qui favorifoit le paganisme & se fioit entiérement aux promeffes des devins: enforte que, contre l'avis d'Alaric il envoya en Afrique un nommé Conftant, fans lui donner les forces néceffaires pour s'en rendre le maître. Il marcha lui-même vers Ravenne, fondé fur des efpérances femblables. Honorius épouvanté lui envoya fes premiers officiers, & lui offrit de le reconnoître pour fon collègue: mais Attale le refufa, & lui ordonna de choisir une ifle ou quelque autre lieu pour fe retirer. Honorius avoit déja fes vaiffeaux prêts pour s'enfuir vers fon neveu Théodofe, quand il lui vint d'Orient un fecours inopiné; en même tems il vint nouvelle à Attale, que Conftant avoit été défait par Heraclien, qui tenoit l'Afrique pour Honorius; & qu'Heraclien avoit fi bien fait garder les ports, qu'il ne venoit plus de vivres à Rome, & que la famine y étoit. Il y retourna donc, & continua de fe conduire fi mal, qu'Alaric, de concert avec Honorius, le fit dépofer 9. de l'empire, qu'il ne garda pas un an entier. Les païens & les Ariens furent fort affligés de fa dépofition. Les païens voyant fa conduite, & fçachant comme il avoit été élevé, efpéroient qu'il fe déclareroit païen ouvertement: qu'il rétabliroit les temples, les fêtes & les facrifices. Les Ariens efpéroient qu'il les rendroit maîtres des églifes, comme fous Conftantius

Conftantius & fous Valens, parce qu'il avoit été baptifé AN. 410. par Sigefarius évêque des Goths, ce qui l'avoit rendu fort agréable à Alaric & à toute la nation. Il avoit déclaré conful pour l'an 410 un païen nommé Tertullus, dont le nom fut ôté des faftes.

Cependant Alaric étoit venu vers les Alpes, à foixante stades ou trois lieues de Ravenne, & étoit entré en traité avec Honorius; quand Sarus, autre chef des barbares, allié des Romains, craignit que leur union avec les Goths ne lui nuisît, parce qu'il étoit fufpect à Alaric. Il fit donc infulte à fes troupes avec trois cens hommes qu'il avoit, les furprit, & en tua quelques-uns. Alaric, irrité & allarmé de cet exploit, revint fur fes pas, affiégea Rome pour la troifiéme fois, & la prit par trahifon le neuviéme des calendes de Septembre Tan 1164 de fa fondation, fous le confulat de Varanes feul; c'est-à-dire, le vingt-quatrième d'Août, l'an de J. C. 410. Il l'abandonna au pillage; ordonnant toutefois, par refpect pour l'apôtre S. Pierre, que fon églife du Vatican fût un lieu de fureté. Ce qui empêcha l'entiére deftruction de Rome: car comme l'églife étoit grande, & avec les bâtimens qui en dépendoient, occupoit beaucoup de place, il s'y fauva tant. de gens, qu'ils repeuplérent la ville.

Dans ce faccagement plufieurs palais & plufieurs autres édifices publics furent brûlés, quantité de gens tués; plufieurs femmes déshonorées, même des vierges confacrées à Dieu. Une femme mariée, d'une excellente beauté, & catholique, tomba entre les mains d'un jeune Goth Arien, qui voyant qu'elle réfiftoit à fon mauvais defir, tira fon épée pour lui faire peur, lui effleura la peau, & lui mit la gorge en fang. Elle préfenta hardiment fa tête à couper; & le barbare, touché de fa vertu, la mena lui-même à l'églife de S. Pierre, la recommanda aux gardes, & leur donna fix piéces d'or pour fa nourriture, afin qu'on la rendît à fon mari.

Un autre Goth des principaux, & chrétien, trouva dans une maifon d'une églife une vierge confacrée à Dieu, & avancée en âge : il lui demanda honnêtement fon or & fon argent; & elle lui dit avec fermeté qu'elle en avoit quantité, & qu'elle alloit lui montrer. En effet elle expofa à fes yeux de fi grandes richeffes, que le barbare fut étonné du nombre, du poids & de la beauté de tant de vafes dont il ne fçavoit pas même les noms. Ce font, lui dit-elle, les Tome IV. E

Orof. VII. c. 42.

XXI. Rome prise & pillée.

Hift. Mifc. lib. 13. in fine.

Profp. Chr. 411. Marcell. 410.

Soz. 11, 4. 10.

Oroj. VII. c. 39.

AN. 410.

Hier. ep. 16. ad Princip. c. 6.

vafes de l'apôtre faint Pierre; prenez-les fi vous ofez, vous
en répondrez: comme je ne puis les défendre, je n'ofe les
retenir. Le barbare, touché de refpect, l'envoya dire à
Alaric, qui commanda qu'auffi-tôr on reportât tous les vafes,
comme ils étoient, à la bafilique de S. Pierre ; &
que l'on
y menât auffi avec escorte la vierge facrée, & tous les chré-
tiens qui s'y joindroient. Cette maifon étoit loin de l'églife
de S. Pierre, enforte qu'il falloit traverfer toute la ville. Ain-
fi ce tranfport des vafes facrés fut un fpectacle & une pom-
pe magnifique. Ils étoient portés un à un fur la tête à dé-
couvert ; & des deux côtés marchoient des foldats l'épée à
la main. Les Romains & les barbares chantoient ensemble des
hymnes à la louange de Dieu. Les chrétiens accouroient de
tous côtés plufieurs païens firent femblant d'être chrétiens en
cette occafion; & plus il s'amaffoit de Romains pour fe fauver,
plus les barbares s'empreffoient à les entourer pour les défendre.

Les barbares étant entrés chez fainte Marcelle, lui demandoient fon or & fes richeffes cachées. Elle leur dit qu'elle n'en avoit point, montrant pour preuve la pauvreté de ses habits mais ils ne la crurent pas; ils la tourmentérent à coups de fouet & de bâton. Elle fe jettoit à leurs pieds, & leur demandoit avec larmes de ne point féparer d'elle fa fille Principia, pour laquelle elle craignoit l'infulte dont ellemême étoit à couvert par fon âge avancé. Les barbares en furent touchés, & les conduifirent toutes deux à l'églife de S. Paul. Car Alaric avoit ordonné qu'elle fervit d'afyle, auffi bien que celle de S. Pierre. Sainte Marcelle remercioit Dieu d'avoir fauvé l'honneur de fa fille, & de l'avoir ellemême préfervée du pillage par la pauvreté 'volontaire. Elle mourut peu de jours après entre les bras de fa fille; & l'illuftre Pammaque mourut auffi vers le même tems. Un diaEpitaph. ap. Bar cre nommé Denis, qui fçavoit la médecine & l'exerçoit gratuitement, fut emmené par les Goths: mais il fe rendit fi aimable & fi vénérable parmi eux, qu'ils le regardoient comme leur maître.

an, 410.

Hier. præf.lib. 1. in Exech.

Oroj. vii. c. 39.

I. c. 41.

Un grand nombre de chrétiens fortit de Rome à cette occafion; & on regarda comme un effet de la providence, que le pape S. Innocent en fût forti quelque tems auparavant, pour aller en députation vers l'empereur Honorius: car il étoit encore alors à Ravenne. Les barbares laifférent fortir ceux qui voulurent, leur donnérent escorte, & leur

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