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par lui prononcées. Les trois autres lettres à Juvenal de Jéru falem, a Rufus de Theffalonique, & à Flavien de Philippes, n'étoient que des copies de celle-ci. Juvenal avoit fuccédé depuis peu à Prayle, qui avoit tenu le fiége de Jérufalem environ treize ans. Juvenal donna le premier évêque aux Arabes qui campoient dans la Palestine, & que faint Euthymius avoit convertis en grand nombre : & cet évêque fut Pierre, auparavant nommé Afpebète, pere de Trebon premier de ces convertis : on le nomma l'évêque des camps, Parembolón, parce que ces Arabes campoient difperfés en divers quartiers.

le

Vers le même tems le pape S. Celestin envoya dans la grande Bretagne S. Germain évêque d'Auxerre, pour réfifter à Agricola, fils d'un évêque Pelagien nommé Severien, qui corrompoit les églifes de Bretagne en y femant fon héréfie. Saint Germain y fut envoyé comme vicaire du pape fous le confulat de Florentius & de Denis, c'eft-à-dire, l'an 429. Pelage étoit de la grande Bretagne, ainfi il n'eft pas extraordinaire qu'il y eût des difciples. Le diacre Pallade, envoyé par le pape fur les lieux, l'excita à y procurer du fecours; & les évêques de Gaule de leur côté reçurent une députation de la grande Bretagne, qui les invitoit à venir promptement défendre la foi catholique. On affembla pour ce fujet un concile nombreux; & de l'avis de tous, on pria S. Germain d'Auxerre & S. Loup de Troyes de fe charger de cette entreprise : ainsi la miffion de ce concile concouroit avec celle du pape.

:

Saint Germain étoit évêque depuis onze ans, comme il a été dit S. Loup feulement depuis deux ans. Il étoit né à Toul d'une famille très-noble, avoit étudié dans les écoles des rhéteurs, & acquis une grande réputation d'éloquence, Il épousa Pemeniole, fœur de S. Hilaire évêque d'Arles. La feptième année de leur mariage, ils fe féparérent d'un commun confentement pour mener une vie plus parfaite; Loup quitta fa maifon paternelle, & fe retira au monaftére de Lerins, fous la conduite de S. Honorat qui en étoit alors abbé. Vincent frere de Loup fe retira auffi à Lerins, & fut prêtre & célèbre fes écrits. Loup, après s'y être exercé un an dans les jeûnes & les veilles, fit un voyage à Mâcon, pour diftribuer aux pauvres ce qui lui reftoit de bien; mais comme il y penfoit le moins, on l'enleva pour être évêque

par

de Troyes, & il gouverna cette église cinquante-deux ans. S. Germain & S. Loup s'étant mis en chemin pour la grande Bretagne, arrivérent au bourg de Nanterre près de Paris. Les habitans, fur la réputation de leur fainteté, vinrent au-devant d'eux en foule. S. Germain leur fit une exhortation, & regardant ce peuple qui l'environnoit, il vit de loin une jeune fille, où il remarqua quelque chofe de célefte. Il la fit approcher & demanda fon nom, & qui étoient fes parens; on lui dit qu'elle s'appelloit Geneviève : son pere Sevére & fa mere Gerontia fe présentérent en même tems. S. Germain les félicita d'avoir une telle fille, & prédit qu'elle feroit un jour l'exemple même des hommes. Il l'exhorta à lui découvrir fon cœur, & fi elle vouloit confacrer à Dieu fa virginité. Elle déclara que c'étoit fon deffein, & pria le faint évêque de lui donner la bénédiction folemnelle des vierges. Ils entrérent dans l'églife pour la prière de none; enfuite on chanta plufieurs pfeaumes, & on fit de longues priéres, pendant lefquelles le faint évêque tint fa main droite fur la tête de la fille : il alla prendre fon repas, & recommanda aux parens de la lui amener le lendemain. Ils n'y manquérent pas, & S. Germain demanda à fainte Geneviève fi elle fe fouvenoit de ce qu'elle avoit promis. Oui, dit-elle, & j'efpére l'obferver par le fecours de Dieu & par vos priéres. Alors regardant à terre, il vit une pièce de monnoie de cuivre, marquée du figne de la croix: il la ramaffa, & la donnant à Geneviève, il lui dit: Gardez-la- pour l'amour de moi, portez-la toujours pendue à votre cou pour tout ornement, & laiffez l'or & les pierreries à celles qui fervent le monde. Il la recommanda à fes parens, & continua fon voyage.

Sainte Geneviève pouvoit avoir alors quinze ans : car on remarque que, depuis cet âge jufques à cinquante, elle ne mangea que deux fois la femaine, le dimanche & le jeudi; encore n'étoit-ce que du pain d'orge & des fèves ; & ne but jamais de vin, ni rien de ce qui peut enivrer. Quelques jours après le départ de S. Germain fa mere voulut l'empêcher d'aller à l'églife un jour de fête & ne pouvant la retenir la frappa fur la joue. Auffi-tôt elle perdit la vue, & demeura. aveugle pendant deux ans. Enfin fe fouvenant de la prédiction de S. Germain, elle dit à fa fille de lui apporter l'eau du puits, & de faire le figne de la croix fur elle. Sainte

de

AN. 430.
XVI.
Commencemens
de fainte Gene-
viéve.
Conft. vita S.
Germ. c. 20. vita
S. Genovefa ap.
Sur. 3. Janv.

AN. 430.

XVII.

Loup vainqueurs. des Pelagiens.

Conft. vita s. Germ. 22. vita S. Lup. ap. Sur. 29.

Juk

Geneviève lui ayant lavé les yeux, elle commença à voir un peu ; & quand elle l'eut fait deux ou trois fois, elle recouvra la vue entiérement. On montre encore le puits, qui eft en grande vénération.

S. Germain & S. frirent une grande tempête, que mer au nom de la TriS. Germain & S. Loup s'étant embarqués en hyver, foufS. Germain appaifa en jettant quelques gouttes d'huile dans la nité. Arrivant en Bretagne, ils trouvérent une grande multitude raffemblée pour les recevoir, car leur arrivée avoit été prédite par les malins efprits, qu'ils chafférent des poffédés, & qui en fortant confefférent qu'ils avoient excité la tempête. Les faints évêques remplirent bientôt la Bretagne de leurs inftructions & de leur réputation. Ils prêchoient non feulement dans les églifes, mais dans les chemins & les campagnes, tant la foule qui les fuivoit étoit grande : enforte qu'ils fortifioient par-tout les catholiques & convertiffoient les hérétiques. Tout étoit apoftolique en eux, la vertu, la doctrine, les miracles. Les Pelagiens fe cachoient: mais enfin honteux de fe condamner par leur filence, ils vinrent à une conférence. Ils fe préfentérent bien accompagnés, & remarquables par leurs richeffes & leurs habits éclatans une multitude infinie de peuple s'affembla à ce fpectacle. Les faints évêques laifférent parler les hérétiques les premiers; & après qu'ils eurent difcouru long-tems, ils leur répondirent avec une grande éloquence, foutenue des autorités de l'écriture, enforte qu'ils les réduifirent à ne pouvoir répondre le peuple avoit peine à retenir fes mains, & témoi24 gnoit fon jugement par fes cris. Alors un homme qui avoit la qualité de tribun s'avança avec fa femme, préfer tant aux faints évêques leur fille âgée de dix ans & aveugle. Ils lui dirent de la préfenter aux Pelagiens, mais ceux-ci fe joignirent aux parens pour demander aux faints évêques la guérifon de la fille. Ils firent une courte prière; puis faint Germain invoqua la fainte Trinité, & ayant ôté de fon cou le reliquaire qu'il portoit, il le prit à fa main, & l'appliqua devant tout le monde fur les yeux de la fille qui recouvra la vue auffi-tôt. Les parens furent ravis, le peuple épouvanté; & depuis ce jour tout le monde se rendit à la doctrine des faints évêques.

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0.25.

Supilv. XV 111., Mo

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Ils allérent enfuite rendre graces à Dieu au tombeau du martyr S. Alban, le plus fameux de la Bretagne : S. Germain

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AN. 430.

fit ouvrir le fépulchre, & y mit les reliques de tous les apo-
tres & de plufieurs martyrs, qu'il avoit ramaffées de divers
pays, puis il prit fur le lieu même de la pouffiére encore
teinte du fang de S. Alban, l'emporta avec lui, & à fon re- p. 41.
tour bâtit une église en fon honneur dans la ville d'Auxerre,
où il mit ces reliques.

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;

Hist episc. Autis,

15:

Les Saxons & les Pictes faifoient la guerre aux Bretons: XVIII. les Pictes étoient des barbares de la partie feptentrionale de Vainqueurs des Saxons. l'ifle, ainfi nommés, parce qu'ils fe peignoient le corps de Conft.lib. 1. c. 28 diverfes couleurs. Les Saxons étoient des peuples de Ger- Beda, s. hift. c. 84 manie , que les Bretons avoient appellés à leur fecours contre les Pictes ; & qui depuis s'étoient joints à eux pour s'établir en Bretagne, comme ils firent environ vingt-cinq ans après. Les Bretons épouvantés eurent recours aux faints évêques. C'étoit le carême, & par leurs inftructions plufieurs demandérent le baptême; enforte qu'une grande partie de l'armée le reçut à Pâques dans une églife de feuillées, que l'on dreffa en pleine campagne. Après la fête, ils fe préparérent à marcher contre les ennemis, animés de la grace qu'ils vencient de recevoir & attendant avec grande confiance le fecours de Dieu. S. Germain fe mit à leur tête ; & fe fou venant encore du métier qu'il avoit fait en fa jeunesse, il envoya des coureurs pour reconnoître le pays, & posta ses gens à couvert dans une vallée, fur le paffage des ennemis, qui s'attendoient à les furprendre. S. Germain avertit les fiens de faire tous le même cri dont il donneroit le fignal. Il cria trois fois Alleluia: toute l'armée fit en même tems le même cri, qui étant multiplié par les échos des montagnes, fit un bruit fi terrible, que les barbares en furent épouvantés. Ils jettérent leurs armes, s'enfuirent en confufion, abandonnérent leur bagage, & plufieurs fe noyérent en paffant une riviére. Ainfi les faints évêques ayant délivré la Bretagne des Pelagiens & des Saxons, repafférent en Gaule, & retournérent chez eux. Pour affurer encore plus la religion dans cette ifle, le pape S. Celeftin y renvoya le diacre Pallade, qu'il avoit ordonné évêque pour les Scots ou Ecoffois; & ce fut le premier évêque de cette nation, qui jufques-là avoit été très-barbare. S. Jerôme témoigne qu'ils n'avoient point de mariages réglés, & qu'ils mangeoient la . chair humaine, jufques à couper les mamelles des femmes, & les autres parties charnues de ceux qu'ils trouvoient à

Profp. x.conc. coll.

C. 41.

Hier. ep. 83. ad

ocean. & 2. in Jo

vin. c.

XIX. Lettre de Jean

torius.

d'Antioche àNef1. p. conc. Eph. c.

l'écart. Saint Pallade fut envoyé évêque en Ecoffe fous le AN. 430. Prof. Chr. confulat de Baffus & d'Antiochus, c'est-à-dire l'an 431. S. Cyrille ayant reçu par le diacre Poffidonius les lettres du pape S. Celeftin, les les envoya à ceux à qui elles étoient adreffées, & accompagna de fes lettres celles qui étoient pour Jean d'Antioche, & pour Juvenal de Jérufalem, qui avoit fuccédé à Prayle depuis trois ou quatre ans. Il exhorte Jean à fe déterminer, déclarant que pour lui il est résolu de fuivre le jugement du pape & des évêques d'Occident, pour conferver leur communion. Il dit à Juvenal, qu'il faut écrire à l'empereur afin qu'il prenne l'intérêt de la religion, & délivre l'églife de ce faux pafteur. Il marque à l'un & à l'autre qu'il a fait fon poffible pour ramener Neftorius à la raifon.

21. C. 24.

25.

,

car

Jean d'Antioche étoit ami de Neftorius, qui avoit été tiré de fon clergé. Ainfi fur la lettre de S. Cyrille il lui écri vit, lui en envoyant la copie, & de celle du pape S. Celeftin. Je vous exhorte, dit-il, à les lire de telle forte, qu'il ne s'élève aucun trouble dans votre efprit: puifque c'est delà que viennent fouvent les difputes & l'opiniâtreté perni1.p. conc. Eph. c. cieufe. Mais auffi, dit-il, ne méprifez pas cette affaire le Démon fçait pouffer fi loin par l'orgueil celles qui ne font pas bonnes qu'il n'y a plus de remède. Lifez ces lettres avec application, & appellez à cet examen quelques-uns de vos amis à qui vous laiffiez la liberté de vous donner des confeils utiles plutôt qu'agréables. Encore que le terme de dix jours, marqué par la lettre du très-faint évêque Celestin, foit très-court, vous pouvez faire la chofe en un jour; & même en peu d'heures: car il eft facile, en parlant de l'Incarnation de Notre-Seigneur, de fe fervir d'un terme convenable, ufité par plufieurs des peres, & qui exprime véritablement fa naiffance de la Vierge. Vous ne devez, ni rejetter ce terme comme dangereux, ni penfer qu'il ne faut pas vous dédire. Si vous êtes dans les mêmes fentimens que les peres & les docteurs de l'églife, comme nous avons appris par plufieurs amis communs ; quelle peïne avez-vous à déclarer votre faine doctrine, principalement dans ce grand trouble qui s'est élevé à votre fujet? Car fçachez que cette queftion eft agitée au près & au loin: toute l'églife en est émue, & par-tout les fidèles en font tous les jours aux mains. " Vous le verrez clairement par la chofe même. L'Occident,

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l'Egypte,

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