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AN. 433.

1153. C.

taux, comme étant faite en leur nom, & qu'on ne leur demandât rien davantage. Mais faint Cyrille s'y oppofa, foutenant que la déclaration de Paul ne fervoit qu'à lui feul & voulut abfolument que Jean d'Antioche donnât auffi fa Epift. ad Don. p. déclaration par écrit. Saint Cyrille tint ferme auffi fur quatre évêques dépofés, pour le rétabliffement defquels Paul infiftoit dès le commencement. C'étoit Hellade de Tharfe, Eutherius de Tyane, Himerius de Nicomedie, & Dorothée de Marcianople. S. Cyrille déclara qu'il n'y confentiroit jamais, & ils ne furent point compris dans la paix.

Epift. ad Theogn. to. 5. p. 152.

XX.

Ep. Epiph. Syno-
dic.c.203.

Saint Cyrille dicta, de concert avec Paul d'Emèfe, la déclaration Jean d'Antioche devoit souscrire, & en chargea que deux de fes clercs, avec une lettre de communion pour lui; mais il leur défendit de lui rendre la lettre de communion, qu'il n'eût auparavant figné la déclaration. Les deux clercs accompagnérent le tribun Aristolaüs, qui retourna à Antioche, s'ennuyant des longueurs de cette négociation. I promit avec ferment à faint Cyrille, que le projet de la déclaration ne fe perdroit point. Et fi l'évêque Jean, ajouta-t-il, ne veut pas le foufcrire, je m'en irai droit à Conftantinople, & je dirai à l'empereur, qu'il ne tient pas à l'églife d'Alexandrie que la paix ne se faffe, mais à l'évêque d'Antioche. Cet écrit contenoit l'approbation de la dépofition de Neftorius, & la condamnation de fes dogmes.

Cependant S. Cyrille agiffoit puiffamment à ConftantinoS. Cyrille agit à ple, afin que les ordres de la cour preffaffent Ariftolaus de Conftantinople. finir cette négociation, & Jean d'Antioche d'abandonner Neftorius. Saint Cyrille écrivit pour cet effet à fainte Pulcherie, à Paul préfet de la chambre, à Romain chambellan, à deux dames, Marcelle & Droferia; & il leur envoya des bénédictions, c'est-à-dire des préfens. Il en donna auffi à un autre préfet, nommé Chryforète, qui étoit oppofé aux intérêts de l'églife, & il le fit folliciter de fe défifter de fes pourfuites, par deux autres officiers à qui il envoya des préfens. C'est ce qui paroît par une lettre d'Epiphane, archidiacre & fyncelle de faint Cyrille, à Maximien de Conftantinople, par laquelle il le preffe d'agir de fon côté pour la conclufion de cette affaire. Suppliez, dit-il, l'impératrice Pulcherie, qu'elle écrive fortement à Jean, afin qu'il ne foit plus mention de cet impie, c'est-à-dire de Neftorius: que l'on écrive auffi à Ariftolaüs, afin qu'il le preffe. Priez le faint abbé Dalmace,

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qu'il demande à l'empereur, avec des conjurations terribles, & aux officiers de la chambre, qu'il ne foit plus mention de Neftorius: priez auffi le faint homme Eutychès qu'il combatte pour nous. C'est celui qui fut depuis héréfiarque. Epiphane ajoute : Vous verrez, par le mémoire ci-joint, ceux à qui on a envoyé des préfens, & combien la fainte église d'Alexandrie a fait pour vous; car nos clercs font affligés qu'elle foit dépouillée à caufe de ce trouble, & qu'elle doive au comte Ammonius quinze cens livres d'or, outre ce qui a été envoyé d'ici; & on lui a encore écrit de donner auffi des préfens aux dépens de votre églife à ceux que vous connoiffez intéreffés, afin qu'ils ne chargent pas l'église d'Alexandrie. Priez Pulcherie qu'elle faffe mettre Laufus à la place de Chryforète, pour abattre fa puiffance; autrement, nous ferons toujours maltraités. Cette lettre nous fait voir en partie ce qui fe paffoir à Constantinople.

Quelques-uns y murmuroient de l'accord commencé, & faifoient courir le bruit que faint Cyrille s'étoit rétracté

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& avoit condamné ce qu'il avoit écrit contre Neftorius. Car Epift.to..ep. Cyr les Neftoriens, qui vouloient revenir, interprétoient ainfi fa P. 152. lettre à Acace de Berée. Cela obligea faint Cyrille d'écrire aux prêtres Théognofte & Charmofyne, & au diacre Leonce, fes apocrifiaires à Conftantinople, c'eft-à-dire fes agens, pour folliciter à la cour les affaires de fon églife. Il leur raconte tout ce qui s'étoit paffé jufques alors, depuis la lettre qu'Acace de Berée lui avoit écrite pour entrer en né- Sup.n. 18. gociation; & conclud en ces termes: Ne laiffez donc perfonne en peine; je ne fuis pas fi dépourvu de fens, que d'anathématifer ce que j'ai écrit. J'y perfifte, & fuis dans les mêmes fentimens ; car ils font bons, & conformes à l'écriture & à la foi de nos peres.

XXI.

Jean d'Antioche,

Conc. Ephef. '

Jean d'Antioche fe rendit enfin, & écrivit une lettre à faint Cyrille, où il dit : que pour le bien de l'églife, & pour fa- Réconciliation de tisfaire à l'ordre de l'empereur, il a donné commiffion à Paul d'Emèfe de faire la paix, & de donner en fon nom l'expofition de foi dont ils font convenus, en ces termes : Quant à la Vierge Marie mere de Dieu, & la maniére de l'incarna- 3. c. 306 tion, nous fommes obligés de dire ce que nous en penfons; non pour ajouter quoi que ce foit à la foi de Nicée, ni pour prétendre expliquer les myftéres ineffables: mais pour fermer la bouche à ceux qui veulent nous attaquer. Nous Tome IV. Eee

AN. 433.

Conc. Eph, p. 3: ci

29.

Ibid. c.34.

confeffons donc que Notre-Seigneur Jefus-Chrift eft le Fils unique de Dieu : Dieu parfait & homme parfait, compofé d'une ame raisonnable & d'un corps; engendré du Pere avant les fiécles, felon la divinité; & le même engendré dans les derniers jours pour notre falut, de la Vierge Marie, felon l'humanité: le même confubftantiel au Pere felon la divinité, & consubstantiel à nous felon l'humanité : car les deux natures ont été unies; c'eft pourquoi nous confeffons un Chrift, un Fils, un Seigneur. Suivant l'idée de cette union fans confufion, nous confeffons que la fainte Vierge eft mere de Dieu parce que le Verbe de Dieu s'est incarné & fait homme, & par la même conception a uni à lui le temple qu'il a pris d'elle. Quant aux expreffions des évangéliftes & des apôtres, touchant Notre-Seigneur, nous fçavons que les théologiens en appliquent les unes en commun, comme à une perfonne, & les autres féparément, comme à deux natures : attribuant à Jefus - Chrift celles qui font dignes de Dieu felon fa divinité, & les plus baffes felon fon humanité.

Ayant reçu cette confeffion de foi, nous fommes convenus, pour procurer la paix univerfelle aux églifes & ôter les fcandales, de tenir pour dépofé Neftorius, jadis évêque de Conftantinople; & nous anathématifons fes mauvaises & profanes nouveautés de paroles, parce que nos églifes confervent la faine & droite foi, comme votre fainteté. Nous approuvons auffi l'ordination du très faint évêque Maximien en l'églife de Conftantinople, & nous fommes dans la communion de tous les évêques du monde, qui gardent & enfeignent la foi pure & orthodoxe.

La paix étant ainfi faite, faint Cyrille annonça cette heureuse nouvelle à fon peuple, en un petit fermon qu'il fit le vingt-huitiéme de Pharmouthi, indiction premiére : c'est-à-dire le vingt-troifiéme d'Avril 433. Il fit lire enfuite dans l'églife la lettre de Jean d'Antioche, & fa réponse, dont il chargea Paul d'Emèfe. Outre les témoignages de joie & d'amitié elle contenoit auffi la déclaration de Jean d'Antioche, & quel-. •ques éclairciffemens de faint Cyrille fur fa doctrine, pour pag. 8. E. lever tous les fcrupules des Orientaux. On m'accufe, dit-il de dire que le facré corps de Jefus-Chrift a été apporté du ciel, & non pas tiré de la fainte Vierge: comment l'a-t-on pu penfer, puifque prefque toute notre difpute a roulé fur ce que je foutenois qu'elle eft mere de Dieu ? comment lę

AN. 433.

feroit-elle, & qui auroit-elle enfanté, fi ce corps étoit venu du ciel? Mais quand nous difons que Jefus-Chrift eft defcendu du ciel, nous parlons comme faint Paul, qui dit: Le pre- 1. Cor. xv. 47. mier homme étoit de terre & terreftre, le fecond eft venu

du ciel; & comme le Sauveur lui-même: Perfonne n'eft mon- Joan. 111, 13. té du ciel, que celui qui eft defcendu du ciel, le Fils de l'homme. Car encore que ce foit proprement le Verbe qui foit venu du ciel, on l'attribue aufli à l'homme, à cause de l'unité de perfonne.

L'autre reproche étoit d'admettre un mêlange, ou une p.1109. D. confufion du Verbe avec la chair. J'en fuis fi éloigné, dit faint Cyrille, que je crois qu'il faut être infenfé pour le penfer, & pour attribuer au Verbe divin la moindre apparence de changement. Il demeure toujours ce qu'il eft, fans altéra tion. Nous reconnoiffons tous auffi qu'il eft impaffible, quoiqu'il s'attribue les fouffrances de la chair; comme faint Pierre

a dit fi fagement: Jefus-Chrift ayant fouffert en fa chair, &. Petr. V. »à non pas en fa divinité. Il déclare encore qu'il fuit en tout la doctrine des peres, particuliérement de faint Athanafe, & le fymbole de Nicée, fans altérer une fyllabe, comme ayant été dicté par le Saint-Efprit ; & finit en ces termes : Ayant appris que quelques-uns ont corrompu la lettre de notre pere Athanafe à Epictète, au préjudice de plufieurs perfonnes, nous avons cru néceffaire de vous envoyer une pag. 1112. C. copie tirée fur les anciens exemplaires que nous en avons.

C'eft que Paul d'Emèfe, difcourant avec faint Cyrille fur la foi, lui demanda fort férieufement s'il convenoit de ce que faint Athanafe avoit écrit à Epictète. S. Cyrille lui dit : Avezvous cette lettre fans altération? car les ennemis de la vérité y ont beaucoup changé: pour moi je m'y accorde en tout & par-tout. J'ai la lettre, dit Paul; mais je voudrois m'affurer, fur les exemplaires que vous avez, fi elle eft falfifiée ou non. Il prit donc les anciens exemplaires : & les ayant conférés avec ceux qu'il avoit apportés, il les trouva corrompus, & pria faint Cyrille de lui en donner des copies fur les fiens & les envoyer à Antioche.

Jean d'Antioche, ayant appris la nouvelle de cet accord, en fit part à Théodoret: lui promettant un plus grand éclairciffement après l'arrivée de Paul d'Emèfe, qui étoit en chemin pour revenir d'Egypte. Mais cette paix étoit fufpecte à Théodoret; & avant qu'on en parlât, il vouloit qu'on

Epift. ad Acac

Mel, in fin.

XXII.

Suite de la récor

ciliation.

Baluz. Synod. o. 86.87.

AN. 433.

C. 2.

rétablit dans leurs églifes ceux qui avoient été déposés pour la caufe qu'il eftimoit bonne. Jean d'Antioche écrivit ensuite à tous les évêques d'Orient, pour leur annoncer la paix. Nous fommes, dit-il, d'un même fentiment, Cyrille & nous: nous confervons la même foi. Il n'y a plus de différence ni de fujet d'en douter, après la lettre qu'il m'a écrite: tout y eft clair, & conforme à nos propofitions. Il approuve & loue nos expreffions, & expofe la tradition des peres, qui étoit, pour ainfi dire, en danger de périr d'entre les hommes. Il enfeigne clairement la différence des natures, avec l'identité de perfonne du Fils de Dieu: enforte qu'il doit fatisfaire à tous ceux qui font de bonne volonté, & couvrir de confufion les incrédules qui renouvellent l'erreur d'Apollinaire. Je vous envoie la lettre même de Cyrille, par laquelle il nous a fatisfait ; & celle que je vous ai écrite, afin que vous voyiez que dans cet accord je n'ai rien fait de honteux ni de fervile.

Aristolais, ayant ainfi heureusement terminé fa négociation, retourna à Conftantinople, avec une lettre de Jean d'Antioche pour l'empereur: qui lui déclare que la paix eft faite; que 91. S. Cyrille & lui font fatisfaits l'un de l'autre ; qu'il approuve l'ordination de Maximien & la dépofition de Neftorius, & anathématise sa mauvaise doctrine. Nous vous prions, ajoutet-il, pour rendre au monde une joie parfaite, & dont aucune ville ne foit privée, d'ordonner que les évêques, qui ont été chaffés de leurs églifes pendant ces troubles, foient rétablis, & qu'il ne refte aucune trace de l'animofité paffée. Vous en avez des exemples; & en cas pareil on a remis les anciens évêques dans leurs fiéges, & ceux qui avoient été ordonnés pendant les troubles, font demeurés fans fonc.87. tion en attendant leur mort. Il femble que Jean d'Antioche écrivit ainsi, pour fatisfaire Théodoret & quelques autres, qui ne vouloient point accepter la paix, que les évêques dépofés ne fuffent rétablis.

Conc. Ephef.p.3.co

27.

Jean d'Antioche écrivit auffi une lettre de communion en fon nom, & des autres évêques qui étoient avec lui, adreffée au pape faint Sixte, à faint Cyrille, & à Maximien de Conftantinople; où il approuve la fentence du concile d'Ephèfe contre Neftorius, le tient pour dépofé, anathématife fes dogmes impies, approuve l'ordination de Maximien, & embraffe la communion de tous les évêques du monde.

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