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jour en préfence de fes évêques & de fes domeftiques: Je fçais que vous avez juré de vous attacher fidellement à moi, & vos travaux font voir la fincérité de votre ferment; mais afin que notre amitié foit perpétuelle, je veux que vous embraffiez ma religion. Sébastien trouvant une invention convenable pour le frapper, demanda que l'on apportât un pain blanc puis le prenant entre fes mains, il dit: Pour rendre ce pain digne de la table du roi, on a premiérement féparé le fon de la farine, & la pâte a paffé par l'eau & par le feu. Ainfi dans l'églife catholique, j'ai paffé par la meule & par le crible: j'ai été arrofé de l'eau du baptême. & perfectionné par le feu du Saint-Efprit. Qu'on rompe ce pain qu'on le trempe dans l'eau: qu'on le repaîtriffe, & qu'on le remette au four; s'il en devient meilleur, je ferai ce que vous voulez. Il vouloit par cette parabole montrer l'inutilité d'un fecond baptême. Genferic l'entendit bien, & ne fçut qu'y répondre. C'eft pourquoi il chercha enfuite Boll. 27. Mart, un autre prétexte pour faire mourir le comte Sébastien ; & & il fe trouve en quelques martyrologes honoré comme martyr.

On rapporte à cette défolation de l'Afrique deux lettres de S. Leon, qui font fans date: la premiére aux évêques de la Mauritanie Cefarienne, la feconde à Rustique de Narbonne. S. Leon ayant été fouvent averti par ceux qui venoient de Mauritanie, qu'il s'y faifoit des ordinations irrégulières, donna commiffion à l'évêque Potentius, qui alloit de Rome en cette province, de s'en informer; & le chargea d'une lettre aux évêques de la province, que nous n'avons plus. Potentius envoya au pape une ample relation de l'état de ces églifes: ce qui l'obligea d'écrire la lettre que nous avons. S. Leon y marque d'abord, que les troubles du tems ont donné occafion à ces défordres, qu'il explique en particulier. Plufieurs évêques avoient été élus par brigue ou par tumulte populaire. On avoit élu des bigames, des laïques, des hérétiques convertis : quoiqu'il foit néceffaire d'éprouver dans les ordres inférieurs ceux qui doivent être évêques, afin de s'affurer non feulement de leur capacité, mais de leur humilité. Il décide que les bigames doivent être dépofés & exclus, non feulement de l'épifcopat, mais de la prêtrife & du diaconat; & il compte pour bigames, ceux qui ont épousé des veuves. A plus forte raison, ajoute-t-il, on doit déposer

XLIX. Lettre de faint

Leon auxévêques
de Mauritanie.

V. not. Quefn.
Epift. 1. al. 87.

C. 4.

C. 5.

L.

c. 6. ]

celui qui, comme on nous a rapporté, a deux femmes à la fois, ou qui en a époufé une autre après que la fienne l'a quitté. Quant à ceux qui ont été ordonnés étant fimples laïques, le pape leur permet de demeurer évêques, fans que cette difpenfe puiffe être tirée à conféquence, au préjudice des décrets du faint fiége, & des fiens en particulier. Ce qui marque que cette décrétale n'eft pas la premiére de S. Leon: mais les autres peuvent avoir été perdues. Il conferve dans fon fiége Dona de Salicine, qui s'étoit converti avec fon peuple, de l'héréfie des Novatiens; & Maxime Donatifte converti, quoiqu'il eût été ordonné laïque: mais à la chatge que l'un & l'autre donnera fa profeffion de foi par écrit. 6.7. Quant à Aggar & Tiberien, qui avoient été ordonnés avec des féditions violentes, étant fimples laïques; il en laisse le jugement aux évêques des lieux, fe réfervant toutefois à décider fur leur rapport. Il y avoit eu des religieufes violées par les barbares; S. Leon les juges innocentes, & leur confeille toutefois de s'humilier, & ne fe pas comparer aux autres vierges.

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Rustique, évêque de Narbonne, étoit fils d'un évêque nommé Bonofe: fa mere, foeur d'un autre évêque nommé Arator, & veuve très-vertueufe, prit grand foin de fon éducation; & après qu'il eut étudié en Gaule, où il y avoit d'excellentes écoles, elle l'envoya à Rome, pour achever de fe former dans l'éloquence, fans y rien épargner. Etant revenu auprès d'elle, il embraffa la vie monaftique, & reçut en ce tems-là des inftructions fur la maniére dont il devoit s'y conduire, par une lettre fameufe de faint Jérôme, qui le renvoie à S. Proclus évêque de Marseille, pour s'inftruire de vive voix. Après que Ruftique eut demeuré quelque tems dans le monaftére, il fut ordonné prêtre de l'églife de Marfeille, qui femble avoir été fa patrie: & enfin évêque de Narbonne

l'an 427.

S. Leon étant arrivé au pontificat, Ruftique envoya fon archidiacre Hermès le confulter fur divers points de discipline: témoignant par fes lettres un grand defir de quitter fon fiége, pour vivre dans le repos & la retraite. S. Leon ne le lui confeille pas, & lui repréfente que la patience n'eft pas moins néceffaire contre les tentations ordinaires de la vie, que contre les perfécutions pour la foi : que ceux qui font chargés du gouvernement de l'églife, doivent garder courageufement

Inquif. 1.

leur pofte; & fe confier au fecours de celui qui a promis de ne la point abandonner. Quant aux queftions propofées faint Ruftique, faint Leon y répond ainfi : Le prêtre, ou par le diacre qui s'eft fauffement dit évêque, ne doit point paffer pour tel:puifqu'on ne peut compter entre les évêques, ceux qui n'ont été ni choifis par le clergé, ni demandés par le peuple, ni confacrés par les évêques de la province, du confentement du métropolitain. Les ordinations faites par ces faux évêques font nulles, fi elles n'ont été faites du confentement de ceux qui gouvernoient les églifes auxquelles ces clercs appartenoient. Cette reftriction eft difficile à en- v.not. Quefn. tendre, à moins que l'on ne fuppofe que ces faux évêques avoient effectivement le caractére épifcopal; mais qu'ils l'avoient reçu par une ordination illégitime, comme Armentarius d'Embrun, dépofé au concile de Riés. Si un prêtre Sup. n. 44. ou un diacre demande d'être mis en pénitence, il la doit Inquif.2. faire en particulier; parce qu'il eft contre la coutume de l'églife, de leur impofer la pénitence publique.

La loi de la continence eft la même pour les miniftres Inquif.3 de l'autel, que pour les évêques & les prêtres. Ils ont pu, étant laïques ou lecteurs, fe marier & avoir des enfans. Etant élevés à un dégré fupérieur, ils ne doivent pas quitter leurs femmes, mais vivre avec elles comme s'ils ne les avoient point. Par les miniftres de l'autel obligés à la continence, S. Leon entend même les foudiacres, comme il paroît par fa lettre à Anaftafe de Theffalonique. Il faut diftinguer la concubine, de la femme légitime: ainfi celui qui quitte fa concubine pour fe marier, fait bien; & celle qui épouse un homme qui avoit une concubine, ne fait point mal, puisqu'il n'étoit point marié. S. Leon ne parle ici que des concubines efclaves; & non de celles qui étoient en effet des femmes légitimes, mais fans en porter le titre fuivant les loix.

Epift. 12. al. 84, c

4.

inquif. 4. 5. 6.

Sup. liv. xx. n. 48.
Conc. Vol. 1.c. 17.

Ceux qui reçoivent la pénitence en maladie, & ne veulent Inquif.7: pas l'accomplir étant revenus en fanté, ne doivent pas être abandonnés, il faut les exhorter fouvent, & ne désespérer du falut de perfonne, tant qu'il eft en cette vie. Il faut Inquif. 9. ufer de la même patience à l'égard de ceux qui preffés de mal demandent la pénitence, & la refufent quand le prêtre eft venu, fi le mal leur donne quelque relâche: s'ils demandent enfuite la pénitence, on ne là leur doit pas refuser. Ceux Inquif.&

V. Quefn.

qui reçoivent la pénitence à l'extrémité, & meurent avant que d'avoir reçu la communion, c'est-à-dire la réconciliation,

doivent être laiffés au jugement de Dieu, qui pouvoit différer leur mort. Mais on ne prie point pour eux, comme morts hors la communion de l'églife. En d'autres églifes on ne laiffoit pas de prier pour eux. Les pénitens doivent s'abftenir Inquif. 10. même de plufieurs chofes permifes. Ils ne doivent point plaider s'il eft poffible, & s'adreffer plutôt au juge eccléfiaftique qu'au féculier : ils doivent perdre plutôt que de s'engager au négoce, toujours dangereux : il ne leur eft point permis de rentrer dans la milice féculiére, ni de fe marier, fi ce Inquif. 13. n'eft que le pénitent foit jeune, &. en péril de tomber dans la débauche; encore ne lui accorde-t-on que par indulgence.

11.

12.

Inquif. 14.

15.

Le moine qui après fon vœu fe marie, ou embraffe la milice féculiére, doit être mis en pénitence publique. Les filles qui après avoir pris l'habit de vierge fe font mariées, quoiqu'elles n'euffent pas été confacrées, ne laiffent pas d'être V. Quefn. coupables. C'est qu'il y avoit deux fortes de vierges: celles qui ne s'étoient engagées que par le vœu, ou folemnel, en entrant dans un monaftére, ou fimple, en prenant l'habit & demeurant chez leurs parens: celles qui avoient reçu la confécration, qui ne fe donnoit qu'à l'âge de quarante-ans, comme S. Leon même l'ordonne, & par l'évêque un jour de fête folemnelle.

Inquif. 16.

Ceux qui ont été abandonnés jeunes par leurs parens, qui étoient chrétiens, enforte qu'on ne trouve aucune preuve de leur baptême, doivent être baptifés, fans craindre de réi17. térer le facrement. Ceux qui ont été pris fi jeunes par les ennemis, qu'ils ne fçavent s'ils ont été baptifés, quoiqu'ils fe fouviennent que leurs parens les ont menés à l'églife; il faut leur demander s'ils ont reçu ce que l'on donnoit à leurs parens, c'est-à-dire l'euchariftie : s'ils ne s'en fouviennent pas, il faut les baptifer fans fcrupule. Il étoit venu en Gaule des 18. gens d'Afrique & de Mauritanie, qui fçavoient bien qu'ils avoient été baptifés, mais ils ne fçavoient pas dans quelle fecte. S. Leon répond qu'il ne faut pas les baptifer, puifqu'ils ont reçu la forme du baptême, de quelque maniére que ce foit; il faut feulement les réunir à l'églife catholique par l'impofition des mains avec l'invocation du Saint-Efprit, c'estInquif. 19. à-dire la confirmation. D'autres ayant été baptifés en enfance,

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&

& pris par les païens, avoient vécu comme eux, & étoient venus encore jeunes en terre des Romains. S. Ruftique demandoit ce qu'on devoit faire, s'ils demandoient la communion. Saint Leon répond: S'ils ont feulement mangé des viandes immolées, ils peuvent être purifiés par le jeûne & l'impofition des mains: s'ils ont adoré les idoles, ou commis des homicides ou des fornications, il faut les mettre en pénitence publique. On voit ici une impofition des mains différente de la confirmation & de la pénitence publique. Au reste ces derniers articles font rapporter cette décrétale au tems de l'incurfion des Vandales.

AN. 441.

LI. Premier concile

d'Orange.

Tom. 3. conc.p.

1446.

Genn. illuftr. c.62.
Praf. coli. XI.
Marc. chr.an. 456.

Vers le même tems les évêques de Gaule tinrent un concile dans l'églife de Juftinien au territoire d'Orange, le fixiéme des ides de Novembre, fous le confulat de Cyrus, c'està-dire le huitiéme de Novembre 441. S. Hilaire d'Arles préfidoit; & on y voit les foufcriptions de feize autres évêques, dont les plus connus font, Conftantin de Gap, Aufpicius de Voifon, Maxime de Riès, & S. Eucher de Lyon, qui déclare qu'il attendra le confentement de fes comprovinciaux. S. Eucher avoit été moine dans l'ifle de Lero, ami de S. Honorat & de Caffien, qui leur adreffa une de fes conférences. Il avoit été marié, & fès fils Veran & Salone furent tous deux évêques. Nous avons de lui quelques écrits de piété. En ce concile d'Orange furent faits trente canons de difcipline. Le premier porte: Que les hérétiques qui étant en danger de mort defireront de fe convertir, pourront recevoir des prêtres l'onction du chrême & la bénédiction, au Sirmond not. pofth. défaut de l'évêque : ce que quelques-uns entendent de la confirmation. Le fecond canon & le plus fameux eft conçu en ces termes: Aucun des miniftres qui peuvent baptifer, ne doit aller nulle part fans avoir le chrême, parce qu'il a été réfolu entre nous de n'en faire l'onction qu'une fois. Si quelqu'un ne l'a pas reçue dans le baptême par quelque néceffité, on en avertira l'évêque à la confirmation. Car il n'y a qu'une feule bénédiction du chrême : non que l'onction réitérée porte quelque préjudice; mais afin qu'on ne la croie pas néceffaire. D'autres exemplaires ôtent la négation, & portent Afin qu'on la croie néceffaire. Il eft difficile de voir le fens de ces paroles: & encore plus difficile de croire que l'on ait quelquefois donné la confirmation fans onction, comme femble dire ce canon avec la négation. On ne peut Tome IV.

L 11

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