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AN. 405.

la même lettre, & par une autre où il dit : Ayant eu quelque relâche nous nous fommes refugiés à Arabiffe, dont Ep. 70. al. 69. nous avons trouvé la fortereffe plus fure que les autres, car nous ne nous tenons pas dans la ville. Mais nous avons tous les jours la mort à notre porte, parce que les Ifaures ravagent tout par le fer & par le feu : nous craignons la famine, à caufe de la multitude des gens renfermés dans un lieu fi étroit. Et dans une lettre à Polybe La crainte des Ifau- Ep. 183. al. 127. res met en fuite tout le monde : les villes ne font que les murailles & les toîts: les vallées & les bois font les villes. Les habitans d'Armenie reffemblent aux lions & aux léopards, qui ne trouvent leur fureté que dans les déferts. Nous changeons tous les jours de place, comme les Nomades & les Scythes. Souvent les petits enfans, que l'on emporte de nuit à la hâte par le grand froid, demeurent morts dans la neige.

Ep. 102. al. 61.

108. at. 147. al. 186.

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.al. 102.

Čes allarmes continuelles l'obligérent à renvoyer un jeu ne lecteur nommé Théodote, qu'il avoit pris auprès de lui, pour l'inftruire & le former à la piété : joint un mal d'yeux dont ce jeune homme étoit incommodé, & auquel le grand chaud & le grand froid étoient également contraires. Il le renvoya donc à fon pere, homme consulaire, & nommé auffi Théodote, & rendit en même tems des préfens que le pere lui avoit envoyés. Il recommanda le fils au diacre Théodote pour fa conduite fpirituelle, & lui écrivit à lui-même, pour le confoler, l'exhorter à prendre grand foin de guérir fes yeux, & s'appliquer autant qu'il pourroit à la lecture de l'écriture fainte. Apprenez-en, dit-il, toujours la lettre & quelque jour je vous en expliquerai le fens. Après que Pall. dial. p. 96 S. Chryfoftome eut été un an à Cucufe, fes ennemis le firent transférer à Arabiffe; c'est-à-dire, apparemment que depuis la fin de l'année 405, il n'eut plus comme auparavant la liberté d'aller à l'une & à l'autre. Au refte ces villes étoient affez voisines, mais Arabiffe plus au nord.

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Cependant fes amis agiffoient toujours à Rome. Demetrius évêque de Peffinonte fit un fecond voyage, après avoir parcouru l'Orient, & publié la communion de l'églife Romaine avec S. Chryfoftome, en montrant les lettres du pape S. Innocent. Demetrius rapportoit des lettres des évêques de Carie, par lesquelles ils embraffoient la communion de S. Chryfoftome & des prêtres d'Antioche, qui fuivoient auffi

'III. Députation d'Oc cident pour faint Chryfoftome.

Pall. p. 27.

P. 28.

AN. 405.

P. 29.`

l'exemple de Rome, & fe plaignoient de l'ordination de Porphyre, comme irréguliére. Enfuite arrivérent à Rome le Prêtre Donatien, économe de l'églife de C. P. & un prêtre de Nifibe nommé Vallagas, ou Vologefe, qui repréfentérent les plaintes des églifes de Méfopotamie. Ces deux prêtres apportérent à Rome les actes d'Optat préfet de C. P. par où l'on voyoit que les femmes de qualité, de familles confulaires, & diaconeffes de l'église de Ĉ. P. comme Olympiade & Pentadie avoient été amenées publiquement devant le préfet pour les obliger à communiquer avec Arface, ou à payer au fifc deux cens livres d'or. Îl fe trouva auffi à Rome des afcètes & des vierges qui montroient leurs côtés déchirés, & les marques des coups de fouet fur leurs épaules.

Le pape S. Innocent en fut touché, & écrivit à l'empereur Honorius, lui marquant en détail le contenu des lettres qu'il avoit reçues. L'empereur ordonna que l'on affemblât un concile, & qu'on lui rapportât ce qu'on auroit réfòlu. Les évêques d'Italie s'affemblérent, & priérent l'empereur Honorius d'écrire à l'empereur Arcade fon frere, qu'il ordonnât de tenir un concile à Theffalonique : afin que les évêques d'Orient & d'Occident puffent aifément s'y trouver, & former un concile parfait, non par le nombre, mais par la qualité des fuffrages, & rendre un jugement définitif. Honorius ayant reçu cet avis, manda au pape d'envoyer cinq évêques, avec deux prêtres & un diacre de Rome, pour porter à fon frere Arcade une lettre qu'il lui écrivit en

ces termes :

C'est la troifiéme fois que j'écris à votre clémence, pour la prier de réparer ce qui s'est fait par cabale contre Jean évêque de C. P. mais il me femble que mes lettres ont été fans effet. Je vous écris donc encore par ces évêques & ces prêtres, ayant fort à cœur la paix de l'églife, dont dépend celle de notre empire; afin qu'il vous plaife d'ordonner que les évêques d'Orient s'affemblent à Theffalonique : P. 30. car ceux de notre Occident ont choifi des hommes inébranlables contre la malice & l'impofture, & ont envoyé cinq évêques, deux prêtres & un diacre de la grande église Romaine. Recevez-les avec toute forte d'honneur: afin que, fi on leur fait voir que l'évêque Jean a été chaffé justement, ils me perfuadent de renoncer à fa communion; ou qu'ils me détournent de celle des Orientaux, s'ils les convainquent

d'avoir agi par malice. Car pour les fentimens des Occidentaux à l'égard de l'évêque Jean, vous les verrez par ces deux lettres, que j'ai choifies entre toutes celles qu'ils m'ont écrites, & qui valent toutes les autres: fçavoir, celles de l'évêque de Rome & de l'évêque d'Aquilée. Mais je vous prie fur-tout de faire trouver au concile Théophile d'Alexandrie, même malgré lui: car on l'accufe d'être le principal auteur de tous ces maux.

AN. 405.

Quoique la lettre marque cinq évêques, il n'en paroît que quatre chargés de cette députation; fçavoir, Emilius évêque de Benevent, Gaudence de Breffe, Cythegius & Marien, dont on ne fçait pas le fiége. Ils étoient accompa- p. 32. gnés des prêtres Valentinien & Boniface, & chargés des let- P-31 tres de l'empereur Honorius, du pape Innocent, de Chromace d'Aquilée, de Venerius de Milan, & des autres évêques d'Italie; avec une inftruction du concile de tout l'Occident, Ils prirent le chemin de C. P. par les voitures que fourniffoit l'empereur, & furent accompagnés de quatre évêques Orien taux, qui retournérent avec eux, fçavoir, Cyriaque, Demetrius, Pallade & Eulyfius. L'inftruction des députés portoit, que Jean ne devoit point paroître en jugement, qu'il n'eût été auparavant rétabli dans fon églife & dans la communion, afin qu'il n'eût aucun fujet de refufer d'entrer au concile.

Vers le même tems, le pape S. Innocent étant confulté par S. Exupére évêque de Toulouse, fur divers points de difcipline, lui répondit par une lettre décrétale. Sur la continence des clercs, il renvoie à la décrétale de S. Sirice, donnée vingt ans auparavant: & veut que les diacres & les prêtres , qui ayant ignoré cette loi auront habité avec leurs femmes, gardent leur rang; à la charge de vivre déformais en continence, & de ne pouvoir monter à un dégré plus élevé : mais pour ceux qui ont eu connoiffance de la décrétale, il veut qu'ils foient dépofés. Quant à ceux qui après leur baptême ont toujours vécu dans l'incontinence, & demandent la communion à la mort, S. Innocent dit que l'ancienne difcipline étoit plus févére, & qu'on leur accordoit feulement la pénitence, & non la communion; c'est-à-dire, qu'on leur impofoit la pénitence, & qu'on les abandonnoit enfuite à la miféricorde de Dieu, fans leur donner l'abfolution. Mais à préfent, dit S. Innocent, on leur accorde l'un & l'autre,

IV. Décrétale à S.

Exupére.

C. I.

Sup. liv.xv111. n. 34.35. Decr. Sir. c. 7.

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Decr. Innoc. c. 2.

V. fup. liv. vii.

n. 3. ex Cypr. ad

Anion.

AN. 495.

c. 3.

C. 4.

Ambr. ep. 25.26.
Sup. liv.xv111.

n 57.
Decr. Inn. c. 6.

c. 4.

c. 7.

Paul. ep. 21. al. 12. ad. Amand Hier. ad Ruff.

Il rend raifon de cet adouciffement. Du tems que les perfécutions étoient fréquentes, on craignoit que la facilité d'être reçu à la communion, & l'affurance d'être réconcilié, ne détournât pas affez de la chute. Mais depuis que l'églife eft en paix, on a eu plus d'égard à la miféricorde divine, & on n'a pas voulu paroître imiter la dureté des Novatiens. Il eft remarquable que la difcipline étoit plus févére fous les perfécutions; & en général, qu'elle peut changer felon les tems.

On doutoit fi les chrétiens après leur baptême pouvoient exercer des jugemens criminels, ou même donner des requêtes pour demander une peine fanglante. S. Innocent répond, que puifque la puiffance publique portant le glaive pour la vengeance des crimes, eft établie de Dieu, il eft permis aux chrétiens de l'implorer, & même de l'exercer. S. Ambroife étant confulté fur ce point, avoit répondu de même. Le pape S. Innocent déclare adultéres ceux qui après le divorce, contractent un nouveau mariage, & les perfonnes qu'ils époufent: enforte que les uns & les autres doivent être exclus de la communion des fidèles. C'est que les divorces étoient permis par les loix civiles. Il marque que les hommes faifoient plus rarement pénitence pour adultére, que les femmes; non que la religion chrétienne ne condamne également ce crime en l'un & en l'autre : mais parce que les femmes accufoient plus rarement leurs maris, & glife ne punit point les crimes cachés. A la fin de fa décrétale, il met le catalogue des livres facrés tels que nous l'avons aujourd'hui, & marque quelques livres apocryphes & condamnés. La décrétale eft datée du dixiéme des calendes de Mars, fous le confulat de Stilicon & d'Antemius, c'est-à-dire, le vingtiéme de Février 405.

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que

l'é

Saint Exupére, à qui cette décrétale eft adreffée, étoit un des plus illuftres évêques des Gaules. On croit que c'est ep. 4. c. 10. in fin, le même qui eft nommé par S. Paulin comme prêtre de l'église de Bourdeaux. S. Jérôme relève fa charité, en difant qu'étant évêque, il jeûnoit pour nourrir les autres. Rien n'eft plus riche, dit-il, que celui qui porte le corps du Seigneur dans un panier d'ofier, & fon fang dans du verre : c'est-à-dire, qu'il Ep. 11 ad Age avoit vendu les vafes facrés ruch. c. 6. affifter les pour pauvres. Il le loue d'avoir purgé l'églife de fimonie, & attribue à ses mérites la confervation de la ville de Toulouse, au milieu des

ravages

ravages des barbares. Vers ce même tems S. Exupére envoya en Orient le moine Sifinnius avec une fomme d'argent pour foulager les moines de Palestine & d'Egypte. Sifinnius rendit à S. Jerôme une lettre de S. Exupére, des moines Minerius & Alexandre, & de plufieurs perfonnes pieuses, qui lui propofoient des queftions fur l'écriture. A cette occafion S. Jerôme envoya à S. Exupére fon commentaire fur le Prophète Zacharie, qu'il compofa en même tems fous le confulat d'Arcade & d'Anicius Probus, c'est-à-dire en 406: il envoya auffi le commentaire fur Malachie à Minerius & à Alexandre, avec une grande lettre fur le jugement dernier & la réfurrection.

Par le même moine Sifinnius, S. Jerôme envoya en Gaule fon traité contre Vigilance, aux prêtres Riparius & Defiderius, qui l'en avoient prié. Vigilance étoit Gaulois de la ville de Convenes, c'est-à-dire de Comminges. Il paffa en Espagne & vendit du vin : puis il fut prêtre de l'église de Barcelone. Ce fut là apparemment qu'il fit connoiffance avec S. Paulin qui en parle dans fes lettres comme d'un ami, & le recommanda à S. Jerôme quand il alla en Palestine. Car Vigilance fit ce voyage, & demeura quelque tems à Jérufalem. Il y étoit du tems du tremblement de terre qui arriva en 394. Il paffa en Egypte & en d'autres pays, & commença à enfeigner des erreurs. Il attaqua même S. Jerôme, l'accufant d'Origénifme, parce qu'il lui avoit vu lire des livres d'Origène. S. Jerôme lui écrivit fur ce fujet, vers l'an 397; montrant qu'il ne le lifoit que pour profiter de ce qu'il avoit de bon, & exhortant Vigilance à s'inftruire ou à fe taire.

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In Vigil. c. 4

Environ sept ans après, & vers l'an 404, le prêtre Riparius écrivit à faint Jerôme que Vigilance recommençoit à dogmatifer; qu'il parloit contre les reliques des martyrs, & contre les veilles dans les églifes. S. Jerôme lui répondit fommairement; ajoutant que, fi on lui envoyoit le livre de Ep. 53. ad Rip; Vigilance, il y répondroit plus amplement. On le lui envoya en effet. Le moine Sifinnius, envoyé par S. Exupére, fut auffi chargé par les prêtres Riparius & Defiderius de l'écrit de Vigilance ; & S. Jerôme l'ayant lu, y répondit par In Vigil. c. un écrit très-véhément, qu'il dicta en une nuit, parce que Sifinnius étoit preffé d'aller en Egypte.

Saint Jerôme y réfute toutes les erreurs de Vigilance, qu'il dit être fucceffeur de l'hérétique Jovinien, en ce qu'il

Tome IV.

B

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