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n.7.

AN. 411.

de- n. 12.

me dans la premiére ordonnance il offroit de recevoir un adjoint, Petilien, évêque Donatifte, dit: Il ne nous convient pas de choisir un fecond juge, puifque nous n'avons pas demandé le premier. Et après la lecture de la feconde ordonnance, il dit: Je demande premiérement que celui qui m'a fait appeller, qui m'a tiré de chez moi, & m'a fait fouffrir la fatigue du voyage, propofe fes demandes, afin que je fçache fi je dois répondre & ce que je dois dire. Marcellin dit : Cela fe fera mieux en fon lieu; & fit continuer la n. 13. lecture des actes. On lut la déclaration des Donatiftes, & n. 14. 16. 18. les deux lettres des catholiques, dont la feconde étoit la réponse à cette déclaration : & toutes ces piéces furent inférées au procès verbal.

Alors Marcellin demanda fi les Donatiftes avoient choisi leurs députés contre les catholiques. Les Donatiftes répondirent, que les catholiques avoient déja plaidé la caufe, avant que l'on eût réglé les qualités des parties. Ce qu'ils difoient Brevic. c. 8. à caufe de la feconde lettre des catholiques, qui contenoit fommairement toute la queftion. Ils demandérent donc que l'on traitât du tems, de la procuration, de la perfonne, de la cause, avant que d'en venir au fond. Marcellin dit que la cause étoit en fon entier, & revint à demander fi on avoit obéi à fon ordonnance, en choififfant le nombre des députés par lesquels tout devoit être traité.

XXXIII.

Chicanes des Do natistes.

Mais les Donatiftes commencérent à parler du tems, & à dire que la cause ne pouvoit plus être agitée, parce que le jour en étoit paffé. Car les quatre mois, portés par la premiére ordonnance du commiffaire, étoient accomplis le dix-neuviéme de Mai, & l'empereur avoit ordonné que l'affaire fût traitée dans quatre mois d'où les Donatiftes concluoient que le terme étoit paffé; & demandoient que les catholiques fuffent condamnés comme défaillans, quoiqu'ils fuffent préfens, & n'euffent jamais été interpellés de procéder plutôt. Marcellin répondit: que les parties étoient convenues du premier de Juin, & que fi elles n'euffent pas été préfentes, l'empereur lui avoit donné pouvoir d'accorder encore deux mois. Mais parce qu'il avoit dit que cette exception, fondée sur le tems, convenoit mieux à un tribunal féculier qu'à un ju- Brevic. c. 9. gement épiscopal; les Donatiftes en prirent occafion de dire que l'on ne devoit point agir contre eux par les loix féculiéres, mais feulement par les écritures divines. Sur quoi le

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commiffaire demanda le fentiment des deux partis. Les catholiques le priérent de faire lire leur procuration, affurant

que l'on y verroit qu'ils traitoient cette affaire par les écri

tures divines, & non par les formalités judiciaires. Les Donatiftes s'oppoférent à cette lecture, & chicanérent quelque tems fur ce point: mais les catholiques l'emportérent, & la procuration fut lue. Après qu'on en eut lu feulement la date, Adeodat, évêque Donatifte de Mileve, interrompit pour dire: Qu'on life fans préjudice de nos droits. Marcellin dit: J'ai déja déclaré plufieurs fois que les lectures fe faifoient fans préjudice. En effet les Donatiftes avoient déja fait plufieurs femblables proteftations. On lut la procuration toute entiére, avec les foufcriptions des évêques qui l'avoient souscrite en présence du commiffaire, au nombre de deux cens foixante-fix.

Sur quoi il s'éleva une conteftation, qui dura quelque tems. Les Donatiftes demandérent que tous ceux qui avoient foufcrit la procuration, fe préfentaffent : foutenant que les catholiques avoient pu furprendre le commiffaire, en faisant paroître devant lui des gens qui ne fuffent pas évêques ; & qu'ils avoient ajouté de nouveaux évêques, outre ceux des anciens fiége, pour augmenter leur nombre. Les catholiques foutenoient que leurs confreres ne devoient point fe préfenter, craignant que les Donatiftes ne vouluffent faire du tumulte à la faveur de la foule, & rompre la conférence. Car leurs chicanes faifoient affez voir qu'ils n'en vouloient point du tout. Et on croyoit qu'ils n'avoient point. encore ofé faire de défordre, parce que la multitude n'étant que de leur côté, on n'eût pu s'en prendre qu'à eux. Toutefois les catholiques cédérent : ils confentirent que l'on fit entrer tous ceux qui avoient figné leur procuration; & il parut que les Donatiftes ne croyoient pas qu'il en fût venu à Carthage un fi grand nombre, parce qu'ils étoient entrés modeftement & à petit bruit.

On fit donc entrer les évêques catholiques qui avoient foufcrit la procuration; & à mesure qu'ils étoient nommés, ils s'avançoient, & étoient reconnus par les Donatistes du même lieu, ou du voisinage: & par-là on connut auffi les lieux où il n'y avoit point de Donatiftes. Tous les catholiques qui avoient foufcrit, fe trouvérent préfens, & chacun fortit auffi-tôt qu'il eut été reconnu, excepté les dix

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huit députés. Quand on appella Victorien, évêque catholique de Muftite, il dit: Me voici ; j'ai contre moi Felicien de Muftite, & Donat de Ture. Alors Alypius dit: Remarquez le nom de Felicien. Eft-il dans la communion de Pri- Sup. l.xx. n. 10. mien? C'est que ce Felicien avoit été condamné comme Maximianifte , par le grand parti des Donatiftes, dont Primien étoit le chef. Petilien, embarraffé de cette queftion, dit à Alypius: Qui vous a donné cette commiffion? Au nom de qui le demandez-vous ? Voulez-vous agir pour ceux qui font dehors? Alypius dit: Qu'il réponde à ma queftion. Petilien dit: Cela regarde le fonds de l'affaire. Marcellin dit: Sui- . 126, vons ce qui eft commencé. On examinera cela ensuite, fi l'on veut. Ainfi l'on continua de vérifier les foufcriptions.

Cependant l'excepteur Hilarius dit: Nous avons empli nos Cell, 1.7. 132. tables; ordonnez que d'autres écrivains prennent notre place, & que l'on nous donne des gardes. Ces tables étoient des planches cirées, fur lesquelles ils écrivoient en notes. Vital, notaire de l'églife catholique, fit la même remontrance. Marcellin ordonna qu'on leur donnât des gardes. On leur donna, de la part des catholiques, les évêques Deuterius & Reftitut, deux des quatre deftinés à cette fonction ; & de la part des Donatiftes, Victor & Matinien. Les gardes scellérent les tables, afin qu'on ne pût les ouvrir pour les mettre au net, qu'en leur préfence; & on continua de vérifier les foufcriptions. Après que la vérification fut achevée, le commiffaire Marcellin invita les évêques à s'affeoir, comme il avoit déja fait; témoignant la peine qu'il avoit de les voir debout, tandis qu'il étoit affis. Petilien le remercia avec de grands complimens: mais il déclara qu'ils demeureroient debout comme devant leur juge. On lut enfuite la procuration des Donatiftes avec les foufcriptions; & à la requifition des catholiques, on les vérifia toutes, en faifant approcher tous les évêques Donatiftes, à mesure qu'ils étoient nommés. Le premier étoit Janvier évêque des Cafes-noires, qui déclara qu'il n'avoit point d'adverfaire, c'eft-à-dire, d'évêque catholique du même titre. Enfuite Primien de Carthage, qui étoit lui-même un des commiffaires. Le troifiéme étoit Felix évêque de Rome; fur quoi Aurelius, évêque catholique de Carthage, dit: Qu'il fe dife évêque de Rome, mais fans préjudice de l'abfent, c'est-à-dire, du pape Innocent. Petilien, évêque Donatifte, dit: Perfonne n'ignore la raifon qui l'a Tome 1V.

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amené. Vous n'ignorez pas vous-mêmes que toute la noblesse Romaine eft ici. Il vouloit dire que Felix étoit venu comme plufieurs autres Romains, enfuite de l'invafion d'Alaric. Aurelius dit: Nous pouvions auffi faire venir des évêques d'Outremer, pour ajouter leurs noms à notre procuration. Marcellin dit: Quoique je ne le doive connoître qu'entre les évêques d'Afrique, je l'accorde d'abondant, fans préjudice de l'évêque de Rome.

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Après que dix eurent reconnu leurs foufcriptions, Marcellin vouloit, pour abréger, qu'ils certifiaffent celles de tous n. 165. &c. les autres mais les Donatiftes voulurent paroître tous l'un après l'autre, fous prétexte qu'on conteftoit leur nombre. Entre ces foufcriptions, il s'en trouva une d'un prêtre pour fon évêque. Petilien dit: Il eft aveugle. Alypius dit : Que l'on réponde s'il eft préfent. Primien dit: Difons la vérité; il eft aveugle, il n'a pu venir, il a envoyé fon prêtre. Alypius dit: Qu'il foit marqué qu'ils veulent auffi inférer les noms des abfens ; nous pourrions donc auffi inférer les noms de tous les évêques catholiques qui n'ont pu n. 195.208.209: nir, par maladie ou par quelque autre raifon. Il s'en trouva ainfi plufieurs abfens, pour qui d'autres avoient foufcrit afin de groffir le nombre. Quodvultdeus, évêque de Ceffite en Mauritanie, étant nommé, ne parut point. Petilien dit : Il est mort en chemin. Fortunatien, l'un des députés catholiques, dit: Comment donc a-t-il fouferit ? Petilien dit : On Aug. brev. c. 14. a parlé d'un autre. Les catholiques crurent qu'ils vouloient dire qu'un autre avoit foufcrit pour lui: mais la foufcription portoit que lui-même avoit foufcrit à Carthage étant malade, & étoit mort en retournant chez lui. Les catholiques demandérent qu'on relût ce que Petilien avoit dit, qui ne s'accordoit pas avec cette réponse. Marcellin demanda leur affirmation devant Dieu, s'il avoit été préfent à Carthage, fuivant les termes de la procuration ; & Emerit fut réduit à dire : Et fi un autre l'a mis pour lui? Ainfi la faufseté fut prouvée.

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1.200.

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XXXV.

7.213.

Après que l'on eut vérifié toutes les foufcriptions, MarNombre des évê- cellin fit compter par fes officiers le nombre des évêques de part & d'autre. Il s'en trouva deux cens foixante & neuf en comptant les abfens pour qui d'autres avoient foufcrit, & • même le mort. Des catholiques, il s'en trouva deux cens foixante-fix qui avoient foufcrit, & vingt autres qui approu

que

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Sup.. 28.

vérent de vive voix la procuration. Ainfi c'étoit deux cens quatre-vingt-fix. Alypius déclara qu'il y en avoit fix-vingts abfens pour maladie, ou pour leur grand âge, ou pour quel affaire néceffaire. Là-deffus Petilien dit : Qu'il foit écrit qu'il y en a beaucoup plus des nôtres abfens, & des fiéges vacans pour lesquels il faut ordonner des évêques. Cette remontrance contredifoit la déclaration que les Donatiftes Aug. verb. c. 14. avoient donnée avant la conférence, où ils difoient qu'il n'étoit demeuré que les malades. Fortunatien déclara que les catholiques avoient auffi foixante-quatre fiéges vacans. Ainfi il paroît que l'églife catholique avoit alors en Afrique quatre cens foixante & dix chaires épifcopales, quoiqu'il y en eût quelques-unes occupées par les Donatiftes feuls. Par où l'on peut juger du nombre des évêques dans tout le refte du monde.

n. 219.

Enfuite tous ceux qui n'étoient pas néceffaires, fe retiré- n.218. rent; & il ne demeura que le comte Marcellin avec fes officiers, & les trente-fix évêques députés, dix-huit de chaque côté. Alors Marcellin ayant demandé quelle heure il étoit un officier répondit qu'il étoit onze heures, c'est-à-dire, qu'il ne reftoit qu'une heure du jour. C'eft pourquoi du confentement des parties la conférence fut remife au fur-lendemain, c'eft-à-dire, au troifiéme jour de Juin; afin qu'il y eût un jour d'intervalle pour mettre au net les actes. Ainfi finit la premiére journée.

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n. 221.

XXXVI. Seconde journée. 3. Juin.411.

Le jour marqué étant venu, qui étoit le troifiéme de Juin, on s'affembla au même lieu; c'eft-à-dire, le commiffaire avec fes officiers & les députés des deux partis. Le commiffaire Brev. coll. 2. avec fes officiers les pria encore de s'affeoir. Les évêques catholiques s'affirent: mais les Donatiftes le refuférent fant que la loi divine leur défendoit de s'affeoir avec de tels adverfaires. Marcellin leur déclara qu'il demeureroit auffi debout. Les évêques catholiques fe levérent, & il fit ôter fon fiége. Enfuite il fit lire une requête que les Donatiftes avoient donnée le jour précédent, par laquelle ils demandoient communication de la procuration des catholiques, pour venir préparés à la conférence; parce que les écrivains ne pourroient avoir mis les actes au net. Au bas de cette requête étoit l'ordonnance du commiffaire, qui leur accordoit ce qu'ils demandoient..

Il demanda enfuite s'ils étoient d'accord de foufcrire tous

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