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AN. 412.

Ep 141 Ep.137.133.

Ep. 1400

Ep. 118. al. 56.

n. 1. n. ult.

XLIX.

Concile de Cir

the.

Ep. 141. al. 152.

doivent être préférés, parce que les conjonctures du tems
ne permettent pas de les remettre. Car la charité fe règle,
non par les dégrés d'amitié, mais par la grandeur du befoin.
Ainfi j'ai toujours quelque chofe à dicter, qui me détourne
de dicter ce qui feroit plus de mon goût, dans les petits in-
tervalles de la foule d'affaires dont je fuis accablé
fuis accablé par les
befoins ou les paffions des autres ; & je ne fçais du tout com-
ment faire. Les ouvrages qu'il marque comme étant alors en-
tre fes mains, font: les livres du baptême des enfans, l'a-
brégé des actes de la conférence, la lettre aux laïques Do-
natiftes, les deux grandes lettres à Volufien & à Marcellin,
la grande lettre à Honorat. S. Auguftin marque en plufieurs
autres endroits de fes ouvrages la multitude de fes occupations,
& particuliérement dans la lettre à Diofcore; pour le dé-
tourner de la vanité des études curieufes, & le ramener au
férieux de la philofophie_chrétienne.

La lettre au peuple Donatifte, eft celle du concile de Cirthe ou de Zerte, où préfidoit Silvain primat de Numidie. S. Auguftin y parle au nom de tous les évêques avec lefquels il y avoit affifté, 'pour défabufer les Donatiftes du faux bruit que leurs évêques faifoient courir, que le tribun Marcellin avoit été corrompu par argent pour les condamner. Il y marque en abrégé ce qui s'étoit paffé à la conférence de Carthage, en faveur de ceux qui ne pourroient avoir les actes, ou ne voudroient pas prendre la peine de les lire. n. 3.n.7. Ils ont fait, dit-il, tout leur poffible pour ne rien faire; & ne pouvant en venir à bout, ils ont fait enforte par leurs 7.6.7. difcours inutiles qu'il fût difficile de lire ce qui s'eft fait. Il relève fortement cette parole qui leur étoit échappée, qu'une perfonne ou une affaire ne fait point de préjugé contre une autre ; & tout le refte de ce qu'ils avoient avancé ou avoué contre eux-mêmes. Puis il ajoute : Si nous avons donné quelque chofe au juge pour prononcer en notre faveur, qu'avons-nous donné aux Donatiftes même, pour dire tant de chofes, & lire tant de piéces contre eux & pour nous? Il les exhorte doucement à fe rendre à la vérité fi manifefte fans y réfifter plus long-tems. La lettre eft datée du dix-huitiéme des calendes de Juillet, fous le neuviéme confulat Ep. 142. al. 258. d'Honorius : c'eft-à-dire du quatorziéme de Juin l'an 412. S. Auguftin écrivit vers ce tems à deux prêtres, Saturnin & Eufrate, revenus à l'unité de l'églife avec quelques clercs,

7. 12.

n. 2. n. 13.

pour

AN. 412.

pour les exhorter à perfévérer, & à faire leurs fonctions. dans l'églife chacun felon leur rang. Il écrivit auffi aux Ep. 144. 44, 130, habitans de Cirthe, pour les congratuler de leur réunion, & les exhorter à l'attribuer non pas à lui, mais à la grace de Dieu. Cette converfion femble un effet du concile qui s'étoit tenu en cette ville.

La grande lettre à Marcellin, dont S. Auguftin fait mention dans la précédente, répond à quelques queftions qu'il lui avoit propofées : dont la plus importante étoit, comment la religion chrétienne peut s'accorder avec la politique. Car difoient les païens, comment peut-on accommoder aux maximes d'état, de ne rendre à perfonne le mal pour le mal, de tendre l'autre joue à celui qui nous donne un foufflet, & le refte ? Qui fe laiffe enlever fon bien par l'ennemi ? qui ne cherche à rendre le mal le mal, par pour le droit de la guerre, aux barbares qui ravagent les provinces de l'empire? On ne voit que trop combien les princes chrétiens en fuivant les maximes de leur religion, ont fait de tort à l'empire.

L.

Lettre à Marcel

lin. Politique. Ep. 138. al. 5. Ep. 136. al. 4,

4.

Ep. 138. al. 5.n.

9. 10. &c.

S. Auguftin répond que les païens eux-mêmes & les Romains ont loué la clémence & le pardon des injures : que rien n'eft plus propre à entretenir la concorde & l'union des citoyens, qui eft le lien de la fociété civile, & le fondement de la véritable politique; parce que l'on réunit bien mieux ceux que l'on corrige par la patience & la douceur que ceux que l'on foumet par force. Le précepte de tendre l'autre joue, & les autres femblables, ne fe doivent pas pren dre à la lettre, pour être toujours pratiqués extérieurement, mais felon la difpofition du coeur. Ce qui n'empêche pas que l'on ne châtie les méchans, pour leur faire du bien malgré eux comme un pere corrige fon enfant, en le faifant fouffrir. La guerre même fe pourroit faire ainfi , pour ôter aux méchans le pouvoir de malfaire impunément, qui eft leur plus grand malheur. En effet l'évangile ne défend Lu. 111. 14. point la guerre, puifqu'il prefcrit les devoirs des gens de guerre. Que l'on nous donne de tels foldats; que les peuples des provinces, les maris, les femmes, les parens, les enfans, les maîtres, les efclaves, les rois, les juges, ceux qui lèvent les droits du prince & ceux qui les payent: qu'ils foient, chacun dans leur état, tels que le chriftianifme deTome IV.

L

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not. ibi.

LI.

mande, & que l'on dife encore qu'il eft contraire au bien d'un état.

Quant au reproche que l'on fait aux princes chrétiens d'avoir ruiné l'églife Romaine, c'eft une pure calomnie; puifqu'avant la lumière de l'évangile, Sallufte fe plaignoit que l'avarice, le luxe & la débauche avoient commencé à ruiner la république. Juvenal marque le progrès de ces vices & combien les Romains s'étoient éloignés de la frugalité & de la pauvreté de leurs peres, qui avoit été le fondement de leur grandeur; Dieu récompenfant par la puiffance temporelle ce qu'ils avoient de vertu, quoique fans la vraie religion. Pour traiter plus à fond cette queftion fi importante, S. Auguftin commença peu de tems après le grand ouvrage de la cité de Dieu, adreffé au même Marcellin. Volufien, à qui S. Auguftin écrivit en même tems, une Lettre à Volufien. lettre fameufe, étoit un noble Romain, frere d'Albine, & oncle de la jeune Melanie. Il n'étoit pas encore chrétien, mais très-instruit des lettres humaines & de la philofophie. Ep. 132. al. 1.v. S. Auguftin l'avoit exhorté à lire les faintes écritures, principalement des apôtres, qui pouroient l'exciter à lire les prophètes qu'ils citent. Et en même tems il s'offroit de réfouEp. 135.4.2. dre fes difficultés. Volufien lui propofa en effet plufieurs quef tions fur l'incarnation du Verbe & les miracles de JefusChrift, & finit en difant: On tolére en quelque forte l'ignorance dans les autres évêques : mais quand on vient à Auguftin, on croit que tout ce qu'il ignore manque à la religion. Marcellin, ami de Volufien, accompagna cette lettre de celle dont je viens de rapporter la réponfe. S. Auguftin répondant à Volufien, dit que le Verbe de Dieu ayant pris un corps pour fe rendre fenfible, l'a pris dans une vierge, & s'eft chargé de toutes les foibleffes de la nature humaine, pour montrer qu'il étoit véritablement homme que Dieu eft uni à l'homme pour faire une feule perfonne de Jefusn. 11. Chrift, comme l'ame unie au corps en chaque homme ne fait qu'une feule perfonne. Avec cette différence, que l'on conçoit plus aifément l'union de deux chofes incorporelles, comme le Verbe divin & l'ame de Jefus Chrift, que de deux chofes dont l'une eft corporelle, comme notre ame & notre corps. Jefus-Chrift eft venu non feulement inftruire les hommes de toutes vérités, mais leur donner le fecours néceffaire

Ep. 136.

Ep. 137. c.6.7.

&c.

pour le falut. S. Auguftin montre enfuite la grandeur de fes miracles, que les païens.ne nioient pas; mais ils leur oppofoient les prétendus miracles d'Apollonius, d'Apulée, & des autres magiciens. Enfin il ramaffe les preuves de la religion chrétienne, par une fuite abrégée de toute l'histoire de la religion, depuis la vocation d'Abraham jufques à fon tems.

ne fût

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n. 13.

n. 15.

LII. Lettre à Macé donius.

Ep.151. ap. Aug.
Ep. 153. al. 54.

7.3.

S. Auguftin n'intercédoit pas feulement pour les Donatiftes; mais il s'efforçoit de fauver du fupplice toutes fortes de criminels, fuivant la conduite générale de tous les évêques. C'eft le fujet d'une grande lettre à Macédonius, vicaire d'Afrique, qui le confulta fur cette queftion. S. Augustin répond: Ce n'eft pas que nous approuvions le péché ; mais nous avons pitié de l'homme, en même tems que nous déteftons le crime: & comme la correction des moeurs n'a lieu qu'en cette vie, la charité que nous avons pour le genre humain, nous oblige d'intercéder pour les criminels; de peur que le fupplice par lequel ils finiroient cette vie, fuivi du fupplice qui ne finiroit point. Pour montrer enfuite que la religion autorife cette pratique, de quoi Macédonius fembloit douter, il emploie l'exemple de la bonté divine, Matth. v. 42. qui fait lever fon foleil fur les bons & fur les mauvais ; & qui puniffant en cette vie un très-petit nombre de crimes, afin qu'on ne doute point de fa providence, réferve les autres au dernier jour, afin d'y fignaler fa juftice. Nous aimons donc les méchans, dit-il, nous leur faifons du bien, nous prions pour eux, parce que Dieu le commande nous le faifons fans participer à leurs crimes, non plus que lui, Rom. 11. 3. mais pour les amener à la pénitence à fon imitation. Que s'il ufe de patience même envers ceux qu'il fçait qui ne feront point de pénitence, combien plus devons-nous avoir pitié de ceux qui promettent de s'amender, quoique nous ne foyons pas affurés qu'ils feront ce qu'ils promettent ? Ces paroles femblent marquer que les évêques n'intercédoient que pour ceux qui promettoient de fe convertir, & de recevoir Te baptême ou la pénitence; & ce qui précède fait affez voir, combien ils comptoient peu la pénitence que le condamné pouvoit faire depuis le jugement jufques au fupplice. Macédonius avoit objecté la pratique de l'églife, qui ne Ep. 152.7. 2; recevoit qu'une fois à la pénitence publique. S. Augustin en convient mais il ajoute, que : Dieu ne laiffe pas d'exercer fa patience envers les pécheurs qui retombent. Si quelqu'un

Ep 153.n.7.

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nous difoit, continue-t-il : Ou recevez-moi encore à la pénitence ou permettez que je fuive mon défefpoir, & que je faffe tout ce que je voudrai, m'abandonnant au plaifir & à la débauche, autant que mes facultés & les loix humaines. me le permettent; ou fi vous m'en détournez, dites-moi s'il me fervita de quelque chofe pour la vie future, de me mortifier, de faire de plus grandes auftérités qu'auparavant, des aumônes plus abondantes, en un mot de mieux vivre & d'avoir une plus ardente charité: perfonne de nous ne fera affez infenfé pour lui dire, que tout cela ne lui fervira plus de rien. Donc l'église a ordonné très-fagement, de n'accorder qu'une fois cette pénitence fi humiliante; de peur que ce remède, d'autant plus falutaire qu'il eft moins expofé au mépris ne fût moins utile en devenant plus commun. Et toutefois perfonne n'eft affez hardi pour dire à Dieu : Pourquoi pardonnez-vous encore à cet homme., qui après fa n. 8.9. &c. premiére pénitence s'eft engagé de nouveau dans le péché?

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Saint Augustin relève enfuite la qualité de pécheur, qui étant commune à tous les hommes, fe trouve auffi dans les juges, les accufateurs & les interceffeurs ; & les oblige tous; 15. felon leurs différens devoirs, à avoir pitié des coupables. par principe d'humanité. Puis il conclud: Vous voyez donc que la religion autorife nos interceffions, & que nous pouvons demander grace même pour des fcélérats, puifque ce n. 15. font au moins des pécheurs qui parlent pour des pécheurs, & à des pécheurs. Ce n'eft pas à dire que la puiffance fouveraine, le droit de vie & de mort, les ongles de fer, les armes, foient inutilement inftituées : toutes ces chofes ont leurs règles, leurs caufes, leurs utilités; pour retenir les méchans par la crainte, & faire que les bons vivent parmi eux en fureté. Mais les interceffions des évêques ne font pas contraires à cet ordre des chofes humaines, qui en eft le fon7.17. dement, & qui rend la grace d'autant plus grande que le fupplice étoit plus jufte. Il y a quelquefois de la cruauté à pardonner, & de la miféricorde à punir. C'eft pourquoi il ne faut pas pouffer le châtiment jufques à la mort, afin qu'il refte un fujet à qui il foit utile. Il eft vrai qu'il y a des perfonnes à qui il eft permis de faire mourir, comme le juge, le bourreau, le voyageur attaqué par un voleur, le foldat en 2. 18. guerre. Et fouvent celui qui eft la caufe ou l'occafion de la mort d'un autre, n'en est n'en eft pas coupable: il faut regarder l'in

ก.

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