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ULRIC ¡DE HUT

TEN.

ULRIC DE HUTTEN.

Ulric

Lric de Hutten naquit le 20. ou le 2 1. Avril 1488. à Steckelberk, Château de Franconie, qui appartenoit à fa famille.

A l'âge de onze ans, on l'envoya à l'Abbaye de Fulde pour y faire les études. Après y avoir demeuré quelque temps., il alla pour le même fujet à Cologne, & enfuite à Francfort fur l'Oder, où il fut reçu Maîtres-ès-Arts à l'âge de 18. ans, c'est-à-dire l'an 1506. à la premiere promotion qui fut faite dans cette Academie, que Joachim Electeur de Brandebourg venoit d'ériger.

Il commença de bonne heure à s'appliquer à la Poëfie Latine, qu'il cultiva toûjours beaucoup.

Il paroît par l'Epigramme qu'il a compofée fur le Siége de Padoue, qu'il y étoit dans l'Armée de l'Empereur Maximilien, qui le faifoit en 1509. & il avoue dans une Lettre à Pirckbeymer que ce fut le befoin d'ar

gent, qui l'engagea à faire cette ULRIC eampagne. DE HUT

Il retourna cependant bien-tôt TEN après en Allemagne où il recommença à s'appliquer à l'étude, contre la volonté de fon pere, qui n'ayant ni goût ni eftime pour les Belles-Lettres,les regardoit comme des chofes indignes d'occuper des perfonnes de naissance; & qui irrité pour ce fujet contre lui, lui refusoit

fecours dont il avoit befoin; ce qui apparemment avoit été caufe de la difette, qui lui avoit fait faire. le voyage d'Italie.

Il auroit bien voulu, puisqu'il avoit de l'inclination pour les sciences, qu'il fe fut du moins appliqué à la Jurifprudence, qui pouvoit lui être plus utile pour s'avancer; mais Ulric de Hutten ne fe fentoit aucun attrait pour cette forte d'étude.Cependant voyant qu'il n'y avoit point d'autre moyen pour appaifer fon pere, que de condefcendre en cela à fes volontez, il convint de faire un nouveau voyage en Italie, pour y étudier en Droit dans quel que Univerfité de ce Païs..

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ULRIC Ce voyage doit être de la fin de DE HUT-l'année 1510. ou du commencement de la fuivante. Il alla d'abord

TEN.

à Pavie, où il arriva au mois d'Avril 1511. Mais à peine y avoit-il quatre mois qu'il y demeuroit, que cette Ville fut affiegée par les Suiffes qui la prirent. Il fut lui-même fait prifonnier & dépouillé de tout ce qu'il avoit. Mais ayant été enfuite relâché, il fe retira au mois de Juillet à Boulogne.

Il alla de-là faire un tour en Bohême & en Moravie, & arriva en fort mauvais état chez l'Evêque d'Olmutz. Ce Prélat qui aimoit les gens de Lettres le reçut avec plaifir; lui fit prefent d'un cheval, & lui donna même de l'argent pour continuer fon voyage. Hutten s'en fervit pour gagner Vienne, où Jeachim Vadianus, qui nous apprend ces particularitez dans la Lettre qu'il a mife à la tête des Epigrammes de Hutten, le vit, & reçut de lui les Poëfies qu'il publia dans la fuite.

Ce fut apparemment de-là qu'il retourna pour la troisième fois en

Italie, où l'on voit par une de fes ULRIC Lettres dattée de Boulogne le 31. DE HUTS. Juillet 1516. qu'il étudioit encore TEN. -en Droit dans ce temps-là; ainfi les quatre années qu'il dit dans fa Lettre à Pirckheymer avoir perdu à cet te étude, ne doivent point être prifes de fuite, mais entendues dé tout le temps qu'il y avoit donné à differentes reprises.

Ce fut dans ce dernier voyage qu'il donna des preuves fignalées» de fon courage dans une occafion particuliere. Etant allé à Viterbe où l'Ambaffadeur de France étoit alors, & s'étant trouvé avec cinq François, qui parloient affez mal de l'Empereur, il ne put fouffrie leurs difcours, & prit querelle avec eux. On en vint aux armes, & Hutten, quoiqu'abandonné de fes camarades, leur tint tête à tous cinq, en tua un, &t mit les autres én fuite, fans avoir eu d'autre mak qu'une bleffure à la jouë gauche.

Les liaisons qu'il avoit avec Erafme, lui furent avantageufes, & le firent traiter favorablement par tous les favans des Villes d'Italie qu'il

X iiij.

ULRIC vifita, & où ce grand homme étoit DE HUT-eftimé & aimé; mais principalement par ceux de Venife, tels qu'étoient Batifte Egnatius, Ermolae Barbaro le jeune, Ange Contareni, André Afulanus, &c.

TEN

Hutten retourna la même année 1516. en Allemagne, & paffant par Augsbourg, il fut tellement recommandé à l'Empereur Maximilien par Conrad Peutinger, Jacques Spiegel, & Jean Stabius Mathematicien, que ce Prince lui confera la Couronne Poëtique avec beaucoup de folemni, té. Il reconnoît dans une de fes lettres que ce fut principalement au bon office de Peutinger, qu'il fut redevable de cet honneur, & que ce fut même chez lui que fa Couronne fe fit des mains de fa fille Conftance.

De retour en fa patrie, il n'y fut pas auffi bien reçu qu'il l'efperoit; on favoit déja que le temps qu'il auroit dû donner à l'Etude de la Jurifprudence, n'avoit été employé qu'aux Belles-Lettres, & fa famille & fes amis lui en firent mille reproches, qui lui cauferent à la verité de la peine, mais dont il fe moqua

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