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fion,ou une dignité feculiere, vous voulez qu'il vous affifte dans vos cupiditez, Ó mon qu'il vous exauce dans vos defirs Legitimes, PON IS eum adjutorem cupiditatum, non exauditorem defiderio

rum.

C'eft où le porte l'infolence des hommes envers Dieu. Ils ne fe contencent pas de l'offenfer: Ils veulent encore que Dieu les y aide, & qu'il leur en fourniffe les moïens : c'est-à-dire, qu'ils voudroient qu'il agît contre les loix, & que fa verité ne condamnâc point ce qu'elle condamne,

Mais c'est bien en vain que les hommes font de telles prieres. Car comme Dieu eft incapable de fe defavoüer lui-même, felon S. Paul, il est incapable auffi de favorifer en rien la cupi dité, puifqu'il l'a condamnée par fa loi éternelle, qui eft lui-même. Ainfi il faut neceffairement ou qu'il rejette ces fortes de prieres, ou qu'il ne les exauce que dans fa colere, & pour punir ceux qui les lui font. C'eft ce que nous apprend faint Auguftin par In Pf. ces paroles: Quiconque demande des 144. chofes injuftes, n'eft exaucé qu'en puni

tion de fa faute: QUANDO injustum aliquis petis, in pœnam exaudiris. N E

VOYEZ Vous pas, dit-il encore, que ce fut pour leur malheur que les Ifraëlites obtinrent de Dien ce qu'ils avoient demandé par une cupidité blámable.

tract,

73.

C'est au contraire, felon ce S. Docteur, par un effet de mifericorde, qu'il nous refufe ce qui ne nous feroit pas utile. Jefus Chrift, dit-il, fe montre In notre Seigneur non feulement quand il Joan. fait ce que nous demandons, mais aussi quand il ne le fait pas, parce qu'il voit qu'il feroit préjudiciable à notre falut. Car ce divin medecin diftingue bien ce qui eft utile au malade, de ce qui lui eft contraire. Et c'est pourquoi quelquefois il n'a pas égard à fes defirs par le foin même qu'il a de fa guerison.

Il y a peu de gens qui ayent quelque fentiment de pieté, qui tombent dans un défaut auffi groffier que de demander à Dieu des chofes qu'ils fçavent qu'ils ne defirent que par amour propre. Mais on fe trompe bien plus fouvent dans les prieres qui font d'elles-mêmes legitimes, & dans lefquelles les paffions fe couvrent plus aifément du nom de devoir ou de devotion, comme quand on lui demande la vie de fes parens, de fes

enfans, de fes amis, la délivrance de quelque tentation: la vocation à la vie religieufe, la retraite du monde, & les autres chofes de cette nature, que l'on croit avoir plus de fujet de defirer par rapport à fon falut.

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C'est pour éviter ces illufions, qui peuvent gliffer dans ces fortes de prieres, que les Peres ont établi cet autre principe, qu'il ne faut jamais demander aucune chofe temporelle par une volonté fixe & arrêtée, mais expofer feulement fon defir à Dieu, en fe foumettant à fa volonté, parce qu'il fçait mieux ce qui nous eft propre que nous-mêmes.

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$3.

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Nous vous avertiffons & nous ,, vous exhortons, mes freres, au ,, nom de notre Seigneur, dit faint Auguftin, que vous ne demandiez ,, jamais rien à Dieu des chofes mortelles & periffables de će monde par ,, un defir qui foit fixe & arrêté, mais feulement ce qu'il fçait être le plus ,, utile pour le falut de votre ame. Car ,, certainement vous ne fçavez ce qui ,, vous eft bon. Quelquefois ce que » vous croyez vous être avantageux, , vous eft dommageable; & ce que yous croyez vous devoir nuire,

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, vous fert. Vous êtes des malades. ,, Ne prefcrivez point à votre mede», cin les remedes qu'il vous doit don ,, ner. Il vous doit fuffire, vous dit il, », que vous foyez affifté de ma grace.. J'ai appliqué le remede convenable ,, à votre playe. Je fçai le temps auquel il a fallu l'appliquer. Je fçai ,, auffi en quel temps il le faudra ôter. Que le malade ne fe retire pas des ,, mains de fon medecin, & qu'il n'en,, treprenne pas de lui donner confeil. Non recedat agrotus à manibus medici, ,, non det confilium medico.

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Et afin que l'on ne s'imagine pas que cela ne s'entend que des biens & des maux temporels, qui n'ont pas un rapport fi direct au falut; faint Auguftin l'applique lui même aux tentations les plus fâcheufes, comme celle de faint Paul, & il prétend qu'on peut faire même en ce genre- là des prieres à Dieu qui ne font point exaucées, parce qu'elles feroient contraires à notre falut, & que l'Apôtre même ne fçavoir pas ce qu'il demandoit quand il demandoit d'être délivré de cette

In Pf.

tentation. L'Apôtre, dit-il, fait voir 144. qu'il n'étoit pas exempt de cette igno- vide in rance qui nous cache ce que nous PL. 25.

tr.7. in devons demander, lorsqu'il dit, qu'il Joan. avoit prié Dieu de lui ôter l'aiguillon de » la chair: puifque Dieu pour lui rendre "raifon pourquoi il ne lui accordoit pas "l'effet de fa priere, & pourquoi il ne "lui eût pas été utile de l'obtenir, lui " dit que fa grace lui fuffifoit, & que "la vertu fe perfectionne dans l'infir

» mité.

Ep.121.

L'Apôtre, dit-il encore ailleurs, » demande, & il ne reçoit pas ce qu'il demande. Le diable demande, & il reçoit ce qu'il demande. Mais l'Apôtre » ne reçoit pas, afin que ce refus même ›› contribuât à sa perfection. Le diable » reçoit pour fa condamnation.

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Bern.

Saint Bernard enfeigne ces mêmes regles touchant les prieres pour les chofes temporelles, en les tirant de S. Gregoire le Grand, qui les avoit prifes de S. Auguftin.

de di- Si nous manquons, dit-il,des chofes verf. temporelles, il les faut demander à Ser. 25. Dieu autant que la neceffité humaine ,, le defire; mais, felon S. Gregoire,

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il faut que ce foit fans emprefle,, ment. Et il en faut ufer de même à ,, l'égard des biens fpirituels qui ne ,, font pas neceffaires au falut, tels que font les difcours pleins de fcience

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