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mieux employé à fecourir le « pauvre peuple quel dommage « qu'on l'employe en faveur d'une « fauffe fecte, qui détruit les cinq «< fortes de devoirs & la vraye vertu, qui renverfe l'union des familles, & anéantit les bonnes « coûtumes! c'eft ce qui fait faigner le cœur.

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Là j'ai fait connoître aux Capitaines & aux Chefs des quar- « tiers, les foins que vous vous donnez pour le bon gouvernement « de cette Province, afin d'y main- « tenir nos ufages,& de perfection-« ner le cœur des Peuples. Alors «‹ l'Ecrivain Kouo yu Siun, & le« Gradué ou ou entcho, & autres «< qui ont foin de la fabrique de cet- « te Eglife, m'ont répondu à voix « haute le Seigneur du Ciel eft le « Maître de toutes chofes, qui oferoit ne pas le refpecter, ne pas « P'honorer?

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Je leur adreffai auffitôt la paro »le, & je leur demandai pourquoi » ils n'honoroient pas leurs Ancê» tres défunts? Pourquoi à la mort » de leurs peres & de leurs meres, » ils ne leur faifoient pas les céré» monies établies par les Loix? » Pourquoi ils avoient parmi eux » des garçons & des filles qui ne fe » marioient point? Pourquoi ils » regardoient comme des Diables » nos anciens fages que nous révé» rons? A tout cela ils me répon» dirent qu'il y avoit un Européan » maître de la Loy, qui la publioit » & leur enfeignoit le chemin du » Ciel ; qu'au regard des cérémo»nies après la mort, elles n'étoient » d'aucune utilité, à quoi bon les » faire? Je leur demandai com» ment s'appelloit cet European, » s'il avoit la Patente Impériale, » quel étoit le lieu de fa demeure, » & fi je ne pourrois pas le voir. » Ce Maître de la Loy, répondi

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rent-ils, s'appelle Quang, il ne «< fort pas aifément, & il ne fe fait « voir que très-difficilement: il ne « dit point s'il a la Patente Impériale ou non. De femblables ré- « ponses me firent juger que c'é- « toient des ignorans, qui avoient « embraffé cette Loi par fimplicité, & fans rien examiner.

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Au moment que j'étois à ré- « pondre à vos ordres, le Portier «< de mon Tribunal m'a apporté un « écrit d'une feuille qu'il a trouvé « fans nom, collé au bas de l'Edit " que j'avois fait afficher. Cet écrit «< eft rempli de tant d'orgueil & " d'expreffions fi groffieres, que je « n'ofe vous en faire le rapport, de « peur de bleffer vos yeux & vos " oreilles.

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En examinant les Regiftres de « mon Tribunal, je trouve que la « 56° année de Canghi,le Tribunal fouverain ordonna qu'on laissât «

» demeurer dans leurs Eglifes ceux » qui avoient la Patente Impériale, » & qu'on chafsât ceux qui ne l'a» voient pas. Cet ordre fut publié » dans tout l'Empire: c'étoit l'ef» fet du bon cœur du feu Empereur » à l'égard des Etrangers qui vien›› nent à la Chine. Cet ordre ne va » qu'à permettre aux Européans de vivre dans leur Loy, il ne permet "pas aux Chinois de la fuivre, & » de fe foumettre à des Etrangers. » De plus ceux qui ont la Patente » Impériale, ont chacun leur Egli» fe; il n'y en doit avoir qu'une feu» le en chaque Province, & l'on » n'a jamais prétendu fouffrir que » dans un petit bien*, tel que Foun"gan, il y eût plus de dix de ces

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Eglifes, où les hommes & les » femmes s'affemblaffent pêle-mê» le fans diftinction de fexe.

* Hien marque une Ville du troifiéme Or dre.

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Lorsque j'examine le Code de " nos Loix, je trouve qu'il n'eft « point permis d'élever des Miao, « & que fi cela arrive, les Manda- « rins des lieux doivent les détrui- « re, & faire fur cela de rigoureu- «< fes défenfes. Les chofes en font « venuës à un point de mépris des Mandarins & de leur autorité, « que fi vous n'employez tout ce « que vous avez de pouvoir pour « en arracher jufqu'à la racine, & « fi vous ne l'employez au plûtôt, « tout le peuple embraffera cette « Loy, & s'écartera abfolument de « nos coûtumes, pour en suivre « d'étrangeres.

Je ne fuis qu'un petit Manda- « rin, & mon autorité eft peu de « chofe, & je n'ai pas le pouvoir «< de réformer de tels abus. J'en «· voye Yang tse ki mon Subftitut « dans toutes les Eglifes de ce dif- « trict, avec ordre d'en dreffer un «

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