s'étoit proposé de fe tenir pendant
le mauvais tems; que tous les
jours quantité de Nicobarins ve-
noient à bord, y apportoient des
rafraichiffemens qu'ils fe difoient
tous Chrétiens; qu'ils s'appel-
loient l'un Antonio,
l'autre
Francifco, &c. qu'ils faifoient
be figne de la Croix, & réci
toient en langue Portugaise l'O-
raifon Dominicale, la Salutation
Angelique, & le Symbole des
Apôtres ; qu'un entre autres qui
fe nommoit Senan, & qui s'ex-
pliquoit mieux
lui fit entendre qu'il étoit le do--
meftique des Peres; que ces Pe-
res étoient morts depuis long tems
accablez de diverfes_maladies,

que

les autres

Sur

s'é

fur tout de maux d'estomac & de flux de ventre; qu'un autre Infulaire, qui avoit été aussi leur domeftique, nommé Antonio, toit embarqué depuis peu fur un Vaiffeau qui prennoit la route de Manile ; que le Pilote fut invité par le même Senan à venir voir le tombeau des Miffionnaires; mais que comme il étoit trop avant dans l'Ifle, il n'ofa s'écarter fi loin de fon bord ; qu'il fit fes efforts pour engager le Nicobarin de venir avec lui à la côte, mais que ce fut inutilement, parce qu'il ne put fe résoudre à quitter fes parens; qu'il venoit tous les jours à bord, & qu'il fe faifoit un plaifir de faire tomXVII. Rec.

b

au

ber le difcours fur les Peres; que pour faire entendre de quelle maniere ils prioient Dieu, il joignoit les mains, levoit les yeux Ciel d'un air modefte, en difant: bons Padres fempre affim, c'est à-dire, ces bons Peres étoient toujours ainsi; qu'il est à présumer que les Peres auroient fait de grands fruits, s'ils euffent vêcu plus long tems; que felon les apparences ils n'ont pu fe faire à

la nourriture des naturels du Payis, qui ne vivent que de racines appellées ignames, de cocos, & de poißons crus ; que ces Infulaires n'ont ni Pagode, ni Idole qu'ils adorent ; qu'ils se plaignent d'être fort tourmentez des

les

mauvais efprits; que pour chaser, ils répandent de l'eau de coco fur les arbres où ils repofent, fur les alimens qu'ils prennent ; que le Vaiffeau Danois avoit été obligé de quitter l'Isle plûtôt que les ordres ne portoient, à caufe des maladies dont l'équipage fut attaqué, & qu'on attribue à l'excès qu'il faifoit de cocos, & d'une espece d'huitres fort larges qui y font en abondance; que le Capitaine avoit

enlevé deux Nicobarins venus à fon bord, qu'il étoit mort enfuite avec cing Matelots fous les * Andamans ; que quand le vaiffeau mouilla dans la rade de Tran*Ifle de cet Archipel.

quebar, tout l'équipage étoit aux abois ; que M. le Gouverneur parut fort irrité, lorsqu'il apprit la violence faite aux deux Infulaires; qu'il les avoit habillez, &qu'il les nourrisoit jusqu'à ce qu'il fe préfentat une occafion de les renvoyer dans leur Isle. Le même Pilote fait esperer que l'Infulaire nommé Antonio, qui est à Manile, paffera par Pontichery à fon retour Si cela eft, on fera mieux inftruit du tems que les Miffionnaires ont vécu dans l'Ifle, des fruits qu'ils y ont faits, & du genre de mort qui a terminé leurs travaux apoftoliques. Fajoûterai ici, mes RR. PP.