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donner une idée jufte des vraies maximes de gouvernement. Les écrits des Sçavans fur le droit public, le droit des gens, &c. où l'on remonte aux premiers principes, font peut-être auffi peu applicables à certains événemens dont nous fommes témoins, que les idées de la République de Platon aux mœurs de notre fiécle. Prefque tous contiennent bien des rêveries, des fuppofitions chimériques, & la face du monde qui change fi fouvent doit néceffairement faire varier les intérêts des Princes, & déranger les fyftêmes des Politiques oififs. Ce qu'on pourroit faire de mieux, fi le tems le permettoit, ce feroit de fe mettre au fait des principaux Traités, foit de paix, soit d'alliance ou de commerce qui uniffent les nations de l'Europe, ( car voilà maintenant la premiere base du droit des gens) & de juger dans les circonftances de ce qu'elles doivent faire ou ne pas

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faire, conformément à leurs engagemen refpectifs. Mais ces notions ne paroiffent néceffaires qu'aux perfonnes deftinées par leur naiffance aux grands emplois; le commun des Lecteurs n'a befoin que de l'Hiftoire même pour être fuffifamment au fait des divers intérêts des Souverains,

Fondement Je défirerois encore quelques notions de iltoire. préliminaires qui ont pour objet les fon

& certitude

demens de l'Hiftoire, fa certitude, fes

loix & fon ufage. On prendra une connoiffance fuffifante des fondemens & de la certitude de l'Hiftoire dans une Dif fertation de M. Freret fur cette matiere inférée dans les Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres. On y trouvera des régles de critique applicables à tous les faits, & qui montrent par là-même quelle créance on doit leur accorder, fuivant le degré de leur certitude. Car, pour en donner ici quelques exemples tirés des

hiftoires les plus connues; plus l'origine d'un peuple remonte avant dans l'Antiquité, & plus on a lieu de foupçonner que fon hiftoire eft mêlée de fictions. Ainfi Hérodote a-t-il avancé bien des contes merveilleux, & quelquefois puériles, dans ce qu'il dit des Egyptiens & des premiers tems de la Grece. On n'eft point encore parfaitement d'accord fur les premiers fiécles de Rome, du moins jufqu'à fa prife par les Gaulois: puifque fi d'un côté on en foutient la certitude par les annales des Pontifes & les tables des Cenfeurs, on convient que la plûpart de ces monumens périrent dans l'incendie de cette ville; & que de l'autre, Tite-Live lui-même tombe d'accord fur un fait important, (c'eft le combat des Horaces contre les Curiaces) qu'on nẹ fçavoit parmi les Romains pour quel parti les Horaces combattoient ; fi c'é

né la naiffance, & que les Auteurs é toient partagés : il se détermine à fuivre le plus grand nombre, comme fi une foule d'Écrivains qui en ont copié un premier peu certain lui-même de l'événement, fondoit un témoignage fans réplique, & que la vérité fût toujours du côté de la multitude. Dans notre histoire, fans parler des rêveries des Écrivains qui ont voulu faire descendre nos premiers Rois de ceux de Troye, on fçait que le P. Daniel n'a fait commencer notre Monarchie qu'à Clovis, & qu'il a privé les Pharamonds & les Mérovées d'un rang que tous nos anciens Hiftoriens ne leur avoient pas contesté. Or il n'eft prefque point d'histoire particuliere qui n'offre de femblables difficultés, & l'on fent pour les réfoudre il faut avoir des principes par lefquels on puiffe juger des différens dégrés de certitude qu'ont les évé

nemens.

que

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