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I

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faveur ni n'embraffa leur défense; ce qui
échappa aux fupplices ne fut jamais ca-
pable de tirer la moindre vengeance de
la République. Il n'en fut
pas de même
des complices de Catilina; malgré des
indices certains, & des dépofitions pré-
cifes de témoins non fufpects, malgré le
propre aveu des accufés,on balança long-
tems fi l'on s'en délivreroit par des voies
violentes, oufion les condamneroit fim-
plement à une prifon perpétuelle; & déja
Céfar par fon éloquence faifoit incliner
les Sénateurs pour le parti de la clémen-
ce qui leur feroit devenue bien funefte,
fi Caton ne leur eût ouvert les yeux fur
le danger qu'ils fe préparoient par une
pitié si déplacée. Leur mort réfolue &
exécutée fut un acheminement à la tran-
quillité publique, mais elle ne pouvoit
être entiérement rétablie, ni la frayeur
diffipée, tant que Catilina fubfifteroit:
auffi Rome ne fe crut-elle abfolument li-

bre que lorfque la mort de ce Rebelle - l'eût mis hors d'état de nuire à fa Patric, & de s'en venger. Le Marquis de Bed: mar eut peut-être éprouvé le même traitement que fes coopérateurs, fi le Sénat - de Venife n'avoit pas refpecté un caractére dont ce Miniftre avoit fait un abus - fi manifefte: mais cette illuftre & fage Compagnie aima mieux laiffer foupçonner au public le véritable auteur de la confpiration, que , que de le punir, au risque de s'attirer fur les bras d'auffi puiffans en- nemis que les Espagnols, Rome foutint par les armes la conduite vigoureufe qu'elle avoit commencé à tenir contre ceux de fes citoyens qui avoient attenté à fa liberté Venife au contraire après avoir employé la force, acheva par diffimulation à fe délivrer d'un parti d'étrangers qui ne fe propofoient rien moins que de renverfer fon gouvernement. Catilina eut, même dans fa patrie, des imi

la

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tateurs qui réuffirent mieux que lui, & jufqu'à préfent perfonne dans un État étranger n'a tenté la même action que Marquis de Bedmar.

le

Voilà les principaux caractéres de ces deux grands événemens, & les traits de conformité qui ont fans doute déterminé l'Abbé de S. Réal à écrire l'hiftoire du fecond, pour approcher de Sallufte qui a décrit l'autre. Il ne m'appartient pas de décider qui de ces deux Auteurs l'emporte.L'Écrivain François offre une narration aisée & coulante, un ftyle vif & majestueux, des portraits deffinés avec beaucoup d'art, une grande jufteffe dans ses réflexions, & autant d'éloquence dans le difcours qu'il fait tenir à Renault que dans les harangues de Sallufte. Il a été heureux dans le choix de fon fujet, & fa maniere de le traiter fait voir que la nature ne s'eft pas tellement épuifée en fa

Dépendances de l'Hiftoire.

Modernes affez de talens, finon pour furpaffer, du moins pour fuivre de près les plus grands Maîtres.

Que fi par hazard on demandoit à que! propos j'ai inféré ici ce morceau, je répondrai que je ne l'y crois pas plus déplacé, que ne le font dans le Traité de études de M. Rollin des lambeaux fort étendus & fort connus, tirés de l'Hiftoire fainte & profane, qui rempliffent un volume, toujours en faveur des jeunes gens. J'ai les mêmes intentions, & de plus le mérite, (fi c'en eft un ) de donner au public une chofe nouvelle, c'eft à luià décider de ce qu'elle peut valoir. Mais il eft tems de revenir à l'Hiftoire, & de dire un mot de fes dépendances.

Par les dépendances de l'Hiftoire j'en tends les Médailles qui en font un des principaux monumens, & les Antiquités. Je ne demande pas qu'on foit Antiquaire décidé, qu'on faffe fon unique occupa:

tion de déchifrer des infcriptions, mais auffi je ne crois pas qu'il foit permis d'ignorer entiérement ce qui concerne ces deux objets, ne fût-ce que pour pouvoir prendre part aux conversations des Sçavans en ces deux genres, & lire leurs écrits avec quelque fatisfaction.

Le petit Ouvrage de Charles Patin Médailles. intitulé l'Hiftoire des Médailles, & celui du P. Joubert réimprimé depuis quelques années, & rendu plus complet, fous le titre de Science des Médailles, fuffiroient pour le premier objet, en donnant affez de lumieres pour ne pas méprifer les antiques, ce qui eft le propre des ignorans, mais en même tems trop peu pour les idolâtrer, vice qu'on reproche à quelques Sçavans.

Quant au fecond, fon immenfe éten- Antiquités. due ne permettant pas de l'embraffer dans toutes fes parties, on pourroit choifir ce qui eft d'un intérêt plus général, ou

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