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Ovid.

qui ne conduifent que trop fouvent à la dépravation des mœurs. Or rien n'est plus fimple ni plus aifé, il ne faut pour cela que penfer & réfléchir, & l'être raifonnable ne doit-il pas en contracter l'habitude & s'en faire un plaifir? Mais on ne fçauroit commencer de trop bonne heure, car il en eft des préjugés & des paffions comme des maux du corps : une fauffe délicateffe,une folle efpérance qu'il fera toujours tems de les déraciner, les rend incurables.

Principiis obfta: ferò medicina paratur, Cùm mala per longas invaluere moras. Avant que de s'attacher à chaque partie de la Philofophie, comme j'en vais tra-cer l'idée, je pense qu'il feroit indifpenHable de commencer par une hiftoire abré-gée de cette fcience, pour y prendre une idée du Portique & du Lycée, de l'A.cadémie, en un mot des différentes fectes

qui ont partagé la Philofophie chez les Grecs, & du Pyrrhonisme même qui femble tous les jours acquérir de nouveaux fectateurs. Mais par rapport au dernier il feroit bon d'obferver l'extrême différence qui fe rencontre entre les anciens Pyrrhoniens & ceux d'aujourd'hui, les premiers admettant un doute univerfel, ou plutôt fe faifant une efpéce de jeu de réduire tout en problême ; les feconds par un aveuglement qu'il eft difficile de concevoir, tirant de la foibleffe de l'ef prit humain qui n'eft que trop réelle, des raifons de nier tout, & par là-même donnant à l'efprit humain une force que d'ailleurs ils affectent de lui refufer. Méthode qui, à proprement parler, n'est une fufpenfion de jugement, qu'une audace à obfcurcir les vérités naturelles pour attaquer enfuite celles qui fervent de fondement à la Religion; car on n'ignore plus le véritable but de tous ces

pas tant

nouveaux fyftêmes. On trouvera l'hiftoire dont je parle dans le Difcours de Regis, dans les réflexions du P. Rapin fur la Philofophie en général, & dans la comparaifon de Platon & d'Ariftote, & comme le même Auteur en a donné fur toutes les parties de cette science, à mefure qu'on s'y appliqueroit, on feroit précéder ou fuivre ses réflexions; à moins qu'on n'aimât mieux s'en tenir à ce qu'a dit M. Rollin dans le douzieme Tome de fon Hiftoire ancienne, où il a raffemblé ce que Diogene, Laerce & ⚫ d'autres ont écrit de plus curieux fur les anciens Philofophes. Ce qui concerne leurs opinions n'y eft pas auffi développé que ce qui regarde leurs perfonnes.Auffi dirai-je par la fuite un mot des véritables fources d'où il faut tirer des notions exactes de leurs divers fyftêmes, pour difcerner ce que les Modernes ont de commun avec eux, & ce qu'ils ont ado

pté ou rejetté de leurs fentimens.

De l'histoire de la Philofophie en gé- Logique. néral on en viendra à l'étude de la Logique ou Dialectique, dont l'ufage ne s'étend pas feulement aux autres parties de la Philofophie, mais encore à toutes les autres sciences qu'on peut acquérir par la voie du raisonnement, dont celleci se propose d'enseigner les régles par des obfervations fur les facultés de penfer, de juger, & de tirer des conféquen→ ces, plufieurs jugemens. Facultés que la nature a mises dans tous les hommes, mais qui dans tous ne font pas également développées. La Logique du Port Royal jouit parmi nous, & avec raifon, d'une eftime conftante, cependant tout n'eft pas également effentiel dans cet ouvrage, quoiqu'il ne renferme rien que d'u tile. On fe difpenfera donc de lire le dernier chapitre de la feconde Partie, & toute la troifieme, excepté le chapitre

dixieme qui donne des régles auffi fimples que lumineufes pour juger de la bonté ou du défaut de tout raifonnement. La quatriéme mérite aussi d'être méditée. En faifant dans fes lectures une application des régles excellentes qu'elle renferme, on parviendroit en peu de tems à acquérir, non cette inutile théorie qu'on' appelle communément Logique, mais cette Logique fi peu commune, & qui eft proprement la jufteffe d'efprit. Au défaut de cet ouvrage on pourroit s'en tenir à la Logique de le Clerc qui dans moins de cent pages contient & ce qu'on trouve dans toutes les autres, & des obfervations neuves applicables aux divers dégrés de certitude que mé, ritent les matieres fur lesquelles on peut raifonner. Un mois, fouvent une femaine fuffiroient à cette étude, au lieu d'en employer fix à débrouiller des cahiers écrits durement,&remplis de questions inutiles,

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