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Orateurs

tins.

Demofthe

nes.

ce qu'ils ont puifé dans les autres & qu'on juge fainement du prix des richeffes qui leur appartiennent en propre & de celles qu'ils ont empruntées. Il eft incroyable quelle fineffe de goût on acquerroit, même en peu de tems, avec de pareilles attentions.

De cette théorie ou de la connoiffance

Grecs & La des regles, il faut paffer à la pratique des grands maîtres.Demofthenes & Cicéron, de l'aveu même des ennemis de l'Antiquité,ayant marché dans la carrière de l'Éloquence avec tant de gloire, que fi on les a quelquefois atteints, au moins ne les at-on jamais devancés ; on ne fauroit avoir une juste idée de l'Éloquence fans lire au moins quelques harangues de l'un & de l'autre. Mais il eft néceffaire de commencer par la comparaifon que le P. Rapin a donnée de ces deux grands Orateurs. Il convient enfuite de voir la belle Préface que M. l'Abbé Maffieu a mise à

la tête de la Traduction des Philippiques de Démofthenes, par M. de Toureil, dont elle facilite extremement l'intelligence. Enfuite on pafferoit aux Philippiques mêmes & aux deux harangues de Démofthenes & d'Efchines pour la couronne, obfervant de faifir cette maniére impétueuse & foudroyante qui caractérise l'Orateur Athénien. Et comme rien ne perfectionne & n'épure tant le goût que la comparaifon des piéces du même genre; à ces morceaux d'Éloquence Politique de l'Antiquité, il feroit à propos d'opposer ou des Traités fur les prétentions des Princes, ou des déclarations de Guerre, ou des Mémoires de Négociations compofés par les Moder nes. J'avoue qu'on n'y trouveroit peutêtre pas tout le feu, toute la véhémence des Grecs, mais on y rencontreroit plus d'ordre, de jufteffe & d'attention à observer les bienséances. Car quel feroit

Cicéron.

aujourd'hui l'homme d'État qui dans la compofition d'un Manifefte fe permît les invectives & les expreffions indécentes que Démofthenes prodigue contre le Roi de Macédoine dans fes Olyn thiennes & dans fes Philippiques? on ne peut juftifier ces excès qu'en les attribuant à la haine que les Grecs nés répu blicains confervoient pour le pouvoir Monarchique.

J'en dis autant de certains détails bas auxquels Cicéron fe livre dans fes harangues contre Antoine, & qui décélent affez que fes reffentimens particuliers entroient pour quelque chofe dans ces déclamations qu'il attribuoit uniquement à l'amour de la Patrie. Ce n'eft donc tant aux Philippiques de Cicéron que je voudrois qu'on s'attachât, qu'à ses Cațilinaires & à quelques-uns de fes plaidoyers contre Verrès. On ne fauroit se dispenser de lire l'oraison pour le Poëte

pas

"Archias, non qu'elle foit la plus belle, car c'eft une des plus courtes, mais parce que c'est moins un plaidoyer qu'un éloge des Lettres; éloge capable d'en donner à ceux qui les cultivent l'idée la plus noble, & d'inspirer à ceux qui les aiment un goût encore plus vif pour el les. C'eft-là que l'on trouve ce morceau fi heureux, fi vrai, tant de fois répété, mais toujours nouveau: Hac ftudia adolefcentiam alunt, fenectutem obleîtant, fecundas res ornant, adverfis folatium prabent, delectant domi, non impediunt foris, pernoctant nobifcum, peregrinantur, rufticantur. Le difcours pour Сём lius eft un modéle de défenfe judiciaire, & au fonds de la matière qui eft extrèmement intéreffant, il joint l'exemple des plus grandes & des plus belles figures de Rhétorique. Dans toutes les autres Piéces de cet Orateur on rencontre des principes, des fentimens nobles, élevés,

pro Rabir.

qu'un efprit intelligent ne laiffera paš paiser fans réflexion. Tel eft ce bel endroit de l'oraifon pour Rabirius Posthumus que je transcris ici, quoiqu'un peu long, parce qu'outre les beautés de fentiment, il contient un portrait des vertus militaires de Céfar, dont on peut faire exactement l'application à un des plus grands Généraux qu'ait jamais eû Cicer. Orat. la France *. Caftris locum capere, exercitum inftruere, expugnare urbes, aciem hoftium profligare, hanc vim frigorum, biememque, quam nos vix hujus urbis rectis sustinemus, excipere: his iffis diebus hoftem perfequi, tum, cùm etiam fere latibulis se tegant, atque omnia bella jure gentium conquiefcant:funt ea quidem magna, quis negat ?........bec mira laus eft, que non Poëtarum carminibus, non annalium monumentis celebratur, fed prudentium judicio extenditur.Equi* M. le Comte de Saxe,

Pothum.

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