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mais d'une bonté poëtique, c'eft-à-dire,.
telles
que par les caractéres donnés, on
juge certainement quel parti prendront
les perfonnages introduits. De cet art fi
néceffaire de foutenir les caractéres, on
fent que naît l'unité d'intérêt qui doit
s'allier avec celle d'action & de deffein.
Je ne fais qu'indiquer ici ces préceptes,
que je crois avoir fuffifamment éclaircis
& développés ailleurs par des exemples
tirés des meilleurs Poëtes, tant anciens
que modernes.

Poëfie.

Il y a long-tems qu'on difpute fur la But de la fin ou le vrai but que fe propofe la Poëfie cette queftion a produit beaucoup d'ouvrages polémiques, & cependant elle eft facile à réfoudre. La Poëfie doitelle plaire? doit-elle inftruire? Horace a décidé par ce feul vers:

Omne tulit pun&tum qui mifcuit utile dulci.

Art Poët:

Mœurs.

qué, mais parce qu'on y trouve comme les germes de tous les fondemens de l'art. On s'attachera fur-tout à ce qu'enfeigne le Poëte Latin fur les mœurs, ce qui eft infiniment fimple, quoiqu'il y ait fur cet article d'immenfes commentaires & des differtations fans fin. On peut voir auffi ce qu'en a dit Ariftote au fecond Livre de fa Rhétorique. Des préceptes & des obfervations judicieufes de ces deux grands Maîtres, il réfulte que les mœurs doivent être convenables à l'âge, au fexe, au pays, à la condition des perfonnes que le Poëte fait agir ou parler: conformes à celles que l'on a trouvées, foit dans la Fable, foit dans l'Hiftoire : égales, ou fe foutenant dans tout le cours de l'ouvrage, fans varier ni fe démentir: enfin bonnes, non d'une bonté morale fans doute, autrement le caractére de Mezence dans Virgile & celui d'Athalie dans Racine, feroient très-défectueux,

mais d'une bonté poëtique, c'eft-à-dire,.
telles que par les caractéres donnés, on
juge certainement quel parti prendront
les personnages introduits. De cet art si
néceffaire de foutenir les caractéres, on
fent que
naît l'unité d'intérêt qui doit
s'allier avec celle d'action & de deffein.
Je ne fais qu'indiquer ici ces préceptes,
que je crois avoir fuffifamment éclaircis
& développés ailleurs par des exemples
tirés des meilleurs Poëtes, tant anciens
que modernes.

Poëfie.

Il y a long-tems qu'on difpute fur la po fin ou le vrai but que fe propofe la Poëfie cette queftion a produit beaucoup d'ouvrages polémiques, & cependant elle eft facile à réfoudre. La Poëfie doitelle plaire? doit-elle inftruire? Horace a décidé par ce feul vers:

Omne tulit pun&tum qui mifcuit utile dulci.

Art Poët:

& de l'utile qui affure au Poëte les fuffrages de fon fiécle & l'admiration de la postérité. D'ailleurs en le fuppofant fenfé pourra-t-il ne fonger qu'à plaire ? If én eft des graces dans les ouvrages d'efprit comme de celles du corps ; quand elles ne font foutenues d'aucun autre mérite, elles éblouiffent fans faire des impreffions durables. L'utilité fera donc toujours le principal but d'un Ecrivain fage, & l'agrément un véhicule pour y parvenir plus sûrement. Que fi la Poëfie s'eft quelquefois écartée de cette fin, ce n'eft point la faute de l'art, mais uniquement celle des perfonnes qui en ont abufé pour faire fervir leur efprit d'interpréte à la corruption de leur cœur. L'abeille tire du fuc des fleurs pour en compofer fon miel, & le vil frelon les flétrit par fon attouchement : la chofe eft pourtant la même, la différence n'est dans l'ufage. Il y auroit de l'injufti

que

xions fur la Poëfic & fur la Peinture; on ne fçauroit trop le méditer, fi l'on veut par des connoiffances auffi claires qu'amufantes fe former un goût fûr & délicat, qui n'admire ou ne critique qu'en rendant des raisons folides de fes jugemens. Le goût naturel (car tous les hommes en portent en eux les femences pour les arts d'imitation) le goût naturel une fois développé & fortifié par le fecours des principes, ne demanderoit plus qu'à être exercé fur les productions des beaux Arts. A la premiere vûe d'un tableau de le Brun les yeux feroient émerveillés, & l'efprit confufément étonné par la nobleffe & l'entente du deffein, par la force ou la grace des attitudes, par la multitude & la variété des perfonnages, par l'expreffion des fentimens & des paffions. Mais on n'en fçauroit pas encore bien juger, il faudroit revoir ce tableau peut

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