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rapporté fur l'électricité des animaux dans le chapitre feptieme de la premiere partie, en font des garans certains.

Quoi qu'il en foit de cette efpece d'élec tricité fpontanée, que nous ne donnons que comme une conjecture, l'existence de celle. qui naît du frottement de la furface du corps humain par les vêtemens dont il eft couvert, ne peut être révoquée en doute. Plufieurs perfonnes font prefque tous les jours en état de renouveler ce phénomene; j'en ai cité quelques-uns dans le chapitre VI de la premiere partie en traitant de l'électricité propre au corps humain en état de fanté. On y a vu qu'en changeant de linge, on apperçoit des étincelles électriques très - fenfibles & trèsvives; qu'en ôtant des bas de foie qu'on a portés quelque tems, qu'en peignant des cheveux, qu'en frottant la poitrine & les jambes, &c. on en voyoit également de trèsbelles. Ces preuves font fi multipliées, tant de perfonnes les ont rapportées, elles étoient fi dignes de foi, elles ont écrit la plupart dans des tems où l'électricité n'étoit pas connue, ou du moins très-peu, qu'on ne peut révoquer en doute leur témoignage: d'ailleurs il eft facile de répéter avec fuccès ces expériences qui n'exigent aucun appareil.

De ces principes on doit conclurre, comme

je l'ai fait dès ma premiere édition, en parlant du mouvement & du repos, des alimens & des habillemens de nature idio-électrique, & en divers autres endroits;'on doit conclure non feulement que pour entretenir la fanté, il faut faire attention à ces divers objets relativement à l'électricité, mais encore que pour la recouvrer lorfqu'on l'a perdue, & guérir de plufieurs maladies qu'on doit traiter par l'électricité, il ne faut pas négliger ces confidérations.

Le frottement des vêtemens fur le corps humain eft donc une caufe productrice d'électricité, & une caufe d'autant plus efficace qu'elle eft continuelle & qu'elle agit jour & nuit, tandis que l'électricité artificielle & communiquée n'agit que quelques minutes, ou tout au plus pendant quelques heures; or, comme on le fait, c'eft moins l'intensité des caufes que leur durée, qui produit des effets avantageux. C'eft donc donner un excellent confeil à certains malades que de leur recommander de porter des camifoles de flanelle ou de poils de différens animaux, de foie, 'de taffetas ciré (1) feul ou combiné avec des

(1) On fait combien est puissante l'électricité du taffetas ciré u verni. La machine électrique de poche, la belle machine électrique de M. Walkiers dans lefquelles les principales parties font du taffetas verni & une peau de chat, & qui donnent une électricité fi forte, ces machines, dis-je, en font des preuves.

peaux velues; le frottement continuel de ces matieres idio-électriques produira conftamment de l'électricité en plus ou moins grande quantité. Si l'électricité a été jugée un remede convenable, ce moyen qui eft infiniment propre à en produire, fera de la plus grande utilité; fi au contraire l'électricité ne convenoit pas à certains tempéramens, ils devroient bien fe garder de porter des vêtemens de cette efpece, mais en prendre qui fuffent oppofés & parfaitement anélectriques ou conducteurs.

J'ai confeillé à une perfonne qui avoit un rhumatisme au bras droit, & que l'électrifation artificielle avoit autrefois guérie du même mal, de porter une manche d'une étoffe de foie bourrue, & le rhumatifme a difparu plutôt, cette feconde fois, par le moyen de cette électrifation fpontanée. A l'article du régime & des habillemens, j'ai rapporté deux autres exemples de guérifon femblable.

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Le mouvement & l'exercice qui font encore fi utiles pour entretenir la fanté, le font encore autant pour la recouvrer lorfqu'on l'a perdue. Ce mouvement augmente le frottement des parties du corps entr'elles & avec les vêtemens d'où doit réfulter un accroiffement d'électrifation, & conféquém

ment des effets qui en font la fuite. Voilà pourquoi,, felon une obfervation très-fouvent répétée, les frictions avec des étoffes convenables ont été employées avec fuccès par plufieurs électriciens, avant & pendant les opérations électriques. Cette pratique ne fauroit être trop recommandée. M. de Haën eft un de ceux qui ont le plus contribué à la répandre, ainsi que nous l'avons dit.

Les expériences que nous avons rapportées dans le chapitre feptieme de la premiere partie, pour prouver la réalité de l'électricité naturelle de l'homme, produite continuellement par les mouvemens naturels, par le frottement du corps, contre les habillemens, & même par le mouvement de la respiration; ces expériences prouvent la réalité & conféquemment l'efficacité de l'électrifation fpontanée. On y a vu que par le moyen d'un électrometre fenfible, on parvient , on parvient par des expériences certaines & évidentes, à rendre visible l'électricité fpontanée du corps humain, feulement après quelques tours de promenade. Il fuffit de fe placer fur un ifoloir en appliquant la main à l'électrometre. On voit bientôt après les boules de cet électrometre s'écarter l'une de l'autre à quelques lignes de diftance. On peut même par les moyens ordinaires connoître fi cette électri

cité eft pofitive ou négative. De tout ce qu'on vient de voir, il réfulte auffi qu'on doit profcrire les lits de plumes & d'autres matieres analogues dans les maladies par excès d'électricité, & au contraire, s'en fervir dans celles qui font par défaut d'électricité.

Si les vêtemens ont tant d'efficacité pour produire & pour augmenter l'électricité fpontanée, qui pourra fe perfuader que les alimens, fi capables par leur différente nature d'augmenter ou diminuer le reffort & le Jeu des diverfes parties du corps, foient fans efficacité? l'expérience de tous les jours nous fait voir le contraire. L'efficacité de beaucoup de remedes, celle encore plus conftante du régime, ne permettent pas d'en douter: nous parlerons de ces objets en leurs lieux. Contentons-nous de conclurre ici que P'électrifation fpontanée ou naturelle s'exerce par les frictions, par le frottement des vêtemens, fur-tout lorfqu'ils font électriques, par l'exercice, par les alimens & par d'autres moyens analogues, qu'il ne faut point négliger, lorfqu'on veut électrifer.

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