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cette cruelle maladie. M. du Boueix affure qu'il lui eft arrivé plufieurs fois d'enlever, comme par enchantement, & dans une feule féance, des odontalgies cruelles, qu'aucun autre moyen n'avoit pu calmer,

On peut voir les expériences que j'ai faites fur ce fujet dans le Journal des Savans, année 1770, p. 487, & dans le chapitre premier de la troisieme partie de cet Ouvrage, auxquelles on peut encore ajouter les fuivantes. Deux perfonnes qui avoient des maux de dents peu considérables, & fur les dents de qui je remarquai une espece de carie écailleufe, furent guéries après avoir reçu quelques.commotions. Si cette douleur étoit occafionnée par des vers dentaires dont l'existence, nous eft attestée par les obfervations de M. Andry, &c., il ne paroîtroit pas improbable de dire que le coup foudroyant qui eft capable de tuer des animaux incomparablement plus gros, a pu faire mourir ces vers, unique caufe de la douleur. Depuis que j'ai fait ces remarques, j'ai lu quelques obfervations, de M. Magellan, fur les infectes polypiers qui forment le tartre des dents. Ce favant a plufieurs fois vu au microfcope les petits vers qui forment cette matiere blanchâtre qui croît entre les dents. En délayant cette fubftance dans l'eau tiede & la plaçant fur le

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porte-objet du microscope, il apperçut diftinctement les petits vers qui la forment, & les figures fingulieres qu'ils ont. Il y en avoit d'oblongs, de carrés, de ronds, de triangulaires, &c. &c. Des obfervations poftérieures ont ensuite confirmé ce phyficien dans fon fentiment. « Ayant perdu, dit-il, une 'des dents inférieures du devant, j'ai obfervé qu'au bout de quelque-tems, cet intervalle a été prefque rempli de cette matiere qui s'accroît petit à petit & s'y endurcit, malgré le foin que j'ai de la nettoyer & de la frotter chaque matin avec une petite brosse ordinaire, en nettoyant le peu de dents qui me reftent. Au bout de quelques mois cette matiere endurcie eft tombée par quelque effort qu'elle a fouffert, en introduifant dans la bouche des commeftibles durs; mais au bout de trois mois ou environ, cette quantité de pierres, s'eft rétablie à-peu-près comme auparavant. En l'obfervant à la loupe, elle a une furface raboteuse, reffemblante aux rétépores, & femble s'accroître de bas en haut par de petits amas, &c. Il femble donc que nous portons fur nous-même dans la bouche un amas de polypiers ou petits infectes, comme ceux qui forment les coraux, les rétépores, &c. « Si la commotion électrique, comme on n'en peut douter, fait mourir,

ces vers dentaires, ces polypes nombreux; la carie des dents n'aura plus lieu, ou du moins ne prendra pas un nouvel accroiffement.

S. III.

De la Cardialgie, de la Colique, &c.

Dans la cardialgie, les commotions peuvent produire une utile fecouffe, ainfi que dans la néphralgie. L'expérience de Leyde, répétée dans la région des reins, a fait rendre des graviers & a délivré des douleurs né, phrétiques un malade à qui je l'avois con feillée. Les étincelles feules ne paroiffent pas un moyen fuffifant de guérifon; mais la commotion électrique a affez d'énergie pour produire cet effet. M. Wefley, à Londres, a guéri par l'électricité dans le cas de gravelle dans les reins (1). M. de Haën parle d'un paralytique fujet à la gravelle depuis plufieurs années, & qui avoit rendu plufieurs petits calculs en différens tems. Après lui avoir donné du raifin-d'ours, qui calma parfaitement les douleurs de gravelle, il commença un mois après la ceffation de ces douleurs à l'électrifer. Le quatrieme

(1) Priestley, tom, II, pag. 412.

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jour pendant l'électrifation, il fentit un calcul defcendre des reins. & tomber dans l'urethre, & au bout d'une heure il fut expulfé entiérement; tandis qu'auparavant ces fortes de calculs arrêtés pendant trois ou quatre jours dans l'urethre, lui faifoient fouffrir des douleurs très-vives. Il n'éprouva dans la fuite ni douleurs ni calculs, quoiqu'il continua pendant deux mois l'ufage du raifind'ours (arbutus uva urfi. Linn.) (1),

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Le choc électrique a fait ceffer plufieurs douleurs fort vives de différentes efpeces, lorfque je le dirigeois fur la partie affectée il amortit la douleur, & l'anéantit en produifant une douleur plus forte; mais comme celle-ci n'eft que momentanée, elle difparoît bientôt. Cette opération répétée anéantit la plupart des efpeces de douleurs. J'ai fait très-fouvent ces expériences qui ont toujours réuffi. Ainfi, il n'eft aucunement douteux que l'hépatalgie, la fplénalgie, la gaftrodynie & autres douleurs de ce genre, qui ne different entr'elles que par le fiege, ne foient diffipées par des commotions électriques, proportionnées à la grandeur du mal. Suivant M. Lovet, Anglois, l'électricité eft prefque un fpécifique dans tous les cas

(1) Rat. Med. tom. II, pag. 202. Tome II.

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de douleurs violentes, quelques anciennes qu'elles puiffent être dans chaque partie du corps; cet auteur a eu des fuccès auffi éclatans que nombreux dans l'électricité médicale. Je fuis forcé d'abréger les articles fuivans ce Mémoire n'étant déjà que trop long; mais comment pouvoir être court dans un fujet auffi vafte ! Une femme nommée Scibaldin, occupée depuis long-tems à fondre & à purifier du vieux plomb, eut une violente colique des peintres, avec des douleurs & des tremblemens dans tous fes membres. Des purgatifs ordonnés par M. de Haën la guérirent; mais les tremblemens reparurent bientôt d'une maniere conftante. Ce favant médecin eut alors recours à l'électricité conjointement avec des pilules, des fumigations & des frictions fur l'abdomen & fur les membres affectés. Au bout de deux mois de traitement, elle fut parfaitement guérie ; & la guérison subsista jufqu'au tems où elle s'occupa de nouveau à fondre des métaux qui occafionna le retour de fon ancienne maladie. Pour en être délivrée elle eut encore recours à l'électricité (1).

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M. Gardane, docteur régent de la faculté de Paris, pense avec beaucoup de raifon que

(1) Tome II, pag. 204.

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