Imágenes de páginas
PDF
EPUB

P'électricité est très-falutaire pour la rachialgie, & fur-tout pour la colique des peintres. Ce médecin guérit, en juin 1764, par le moyen de l'électricité, un plombier qui, à la fuite de la colique des peintres, avoit fes bras & fes mains pendans, dans l'état de relâchement le plus complet. Chaque jour, il fut électrifé pendant une heure, & on lui donna cinq commotions dans les premiers jours: pendant les intervalles d'une fecouffe. à l'autre, on tiroit de fortes étincelles de prefque tous les points des membres paralyfés; on fe borna enfuite aux étincelles.

Le feptieme jour & à la feptieme électrifation, le mouvement de fes doigts devint plus manifefte. Ce paralytique qui, la veille pouvoit à peine retenir un fil d'archal, dont la plus grande partie, pofoit fur le conducteur de la machine, foutint cette fois une barre de fer d'un demi-pouce de diametre, fur environ un pouce de longueur, & après l'électrifation un fauteuil de 15 à 18 livres. Depuis ce tems, on vit, chaque jour, fes mains de plus en plus fe dégourdir, fes mufcles fe contracter & fe relâcher à fon gré. « Enfin, dit M. Gardane, infenfiblement il fut en état de boire, de manger & de s'habiller fans l'aide de fa femme, lui qui juíques-là n'avoit pu fe paffer des plus petits

fans retour,

foins. La maigreur de fes membres difparut ils redevinrent nerveux comme auparavant, les veines furent de plus en plus apparentes. Pour abréger, en vingt électrifations, c'eft-à-dire, en moins d'un mois de tems notre malade recouvra tellement l'u

[ocr errors]

fage de fes bras & de fes mains, que craignant une rechûte, s'il retournoit travailler au plomb, dont il avoit fi fort à fe plaindre, il fe mit à traîner un petit chariot de déménagement, qui lui fut donné par des personnes compatiffantes, qu'une curiofité charitable conduifoit à ces expériences. On fait que celui qui traîne ce chariot le charge également des meubles qu'il doit transporter, il faut être fort pour cet exercice; il n'y a donc qu'une guérifon bien affermie qui ait pu mettre notre paralytique en état de foutenir des travaux de cette nature. »

On remarque dans le cours des électrifations, des phénomenes observés par d'autres auteurs, tels que l'accélération du pouls, les fueurs, le flux hémorrhoïdal & le dévoiement. M. Gardane fit à l'hôpital de la Charité de Paris, où l'on traite beaucoup de maladies de Icette efpece, des recherches fur cette colique des peintres, qui ne lui paroît être produite que par le plomb, dont la pouffiere subtile, en ‹ s'introduisant dans les inteftins, deffeche la

[ocr errors]

mucofité de leurs parois, endurcit les excrémens, & devient le principe de cette compreffion qui en produit tous les symptomes. De ces obfervations, il conclut judicieufement que fi l'électricité a produit des fueurs, & fur-tout un dévoiement dans le plombier paralytique, elle est très-appropriée à la colique faturnine, à la colique des peintres, &c. (1). nor fition

mbach at toisis. IV.

[ocr errors][merged small]

Quant au rhumatifme, on ne peut guere douter que l'électricité ne foit très-propre à fa guérifon. Faifons taire tout raisonnement, pour n'écouter que l'expérience. M. de Sauvages a guéri plufieurs perfonnes attaquées de cette maladie, en n'employant que l'électricité: quo folo auxilio innumeros fanatos vidimus. La méthode qu'il fuivoit étoit celle d'une électrifation continuée pendant quelque tems, en tirant des étincelles du cou, & enfuite en donnant une feule commotion (2). L'abbé Adams a guéri par le moyen de l'électricité un grand nombre de

(1) Conjectures fur l'électricité médicale, avec des recher thes fur la colique métallique. Paris, 1778.

(2) Nofolog. tom. II, pag. 9, 30, 698.

malades; il en a traité près de deux cents en divers tems, avec beaucoup de fuccès, & a procuré la guérifon de plufieurs rhumatismes, de plufieurs fciatiques. Zetzell a vu de très-bons effets de l'électricité dans un rhumatisme de cinq ans, qui avoit laiffé les membres perclus. Il obferve avec raison, « qu'il ne faut tirer des étincelles que des muscles paralyfés, & non pas des antagoniftes , que l'on doit relâcher au contraire, par des vapeurs & des fomentations émollientes, & qu'il faut avoir foin de feconder l'électricité par l'ufage des remedes qui empêchent l'humeur de fe porter sur une autre partie; comme dans l'obfervation qu'il cite, dans laquelle la matiere mise en mouvement, fe fixa fur les inteftins, où elle occafionna les douleurs les plus aiguës. Lovet ne l'a jamais vu réuffir dans les vieux rhumatismes; mais il en a obtenu de trèsbons effets dans les récens: obfervation confirmée par M. de Sauffure. Van-Swieten cite un cas où une électrifation de trois mois n'eut aucun fuccès, il femble même en redouter les mauvais effets, par le transport de l'humeur morbifique fur une autre partie. M. Mauduit rapporte une obfervation bien encourageante. Un homme âgé de quaranteneuf ans étoit tourmenté depuis dix-fept

[ocr errors]
[ocr errors]

jours, par un violent rhumatisme qui le privoit entiérement de l'ufage du bras droit; il fut électrifé douze fois par bains en différens tems, une demi-heure par féance; à chaque électrifation la douleur ceffoit, & elle revenoit lorfqu'il laiffoit quelques jours d'intervalle enfin, il fut fi complétement guéri, qu'il travailloit auffi librement que s'il n'avoit jamais eu de mal; & cet état fubfiftoit encore deux mois après la fin de fon traitement. On aida l'électricité avec un purgatif & une tifane fudorifique (1)..

پسورد

On fit encore dans le tome vingt-quatrieme des Mémoires de l'Académie des Sciences de Stockolm, que M. Gustave-Frederic Hiotberg a guéri pendant plufieurs années, par l'électricité, des rhumatifmes invétérés, & qui interdifoient totalement l'ufage de certains membres. Il combina enfuite l'ufage des remedes internes, les frictions & la chaleur pour raffermir la fanté recouvrée au moyen de l'électricité. Ceux qui ont enfuite éprouvé quelque refroidiffement, & ne fe font pas privés de l'eau-de-vie, du porc, & autres ali

(1) Linnai & Zetzell confectaria, &c. -- Effai de Lovet. -- Mém. de la Société de Méd. tom. II, pag. , pag. 350, 354. -- Aphorismes de Van-Swieten, tom. V, pag. 631, 638, &c. §. 1495. -- ( De l'appl. de l'électr. pag. 128, 129.)

« AnteriorContinuar »