Imágenes de páginas
PDF
EPUB

motions & employer néanmoins des étincelles: il n'y a pas de différence effentielle entre les unes & les autres; elle eft feulement du plus au moins. Une forte étincelle & une foible commotion peuvent ne produire que la même impreffion. Les cinq méthodes d'électrifation dont nous avons parlé, font cinq degrés d'activité du fluide électrique. La méthode la plus douce eft le bain électrique; la diffipation du fluide fe fait infenfiblement dans toute l'étendue de l'atmofphere électrique qui environne le corps ifolé. L'électrifation par impreffion de fouffle vient enfuite dans l'ordre de la gradation; le fluide électrique fe diffipé dans une étendue proportionnée à la furface qu'on préfente au corps ifolé & électrifé: il eft déterminé à paffer par une partie plutôt que par une autre, & cela en plus grande abondance. Dans l'électrifation par aigrettes, dans laquelle on présente une pointe au corps électrifé, le fluide électrique a un courant qui fe meut avec plus de viteffe que dans les manieres précédentes d'électrifer, & fon intensité est plus grande.

Lorfqu'on électrife par étincelles, il y a plus d'intenfité dans la rapidité & dans la denfité du fluide électrique; & ces étincelles peuvent être plus petites ou plus grandes gra

ces

duellement. De fortes étincelles ne paroiffent pas différer effentiellement des commotions; car il eft bien prouvé que lorfqu'on augmente de beaucoup la longueur du conducteur d'une machine, en multipliant le nombre des feconds conducteurs, on reffent des commotions en tirant de fimples étincelles. Ces étincelles ayant alors la même densité & la même rapidité que l'étincelle qui s'élance d'une bouteille de Leyde, d'une furface fuppofée en rapport avec la grande furface en longueur des conducteurs que nous avons fuppofés étincelles, dis-je, ne doivent point différer effentiellement de celle qui a lieu dans la commotion. On peut voir nos mémoires fur les tremblemens de terre dans lefquels nous avons rapporté les expériences de MM. le Monnier, Volta, &c. qui confirment ce que nous venons de dire fur l'augmentation de force des étincelles, lorfque la furface du conducteur eft augmentée, & fur la commotion qu'elles donnent dans cette circonftance. Mais, quoi qu'il en foit de cette raifon qu'on ne fauroit contefter, l'expérience & l'obfervation prouvent d'une maniere conftante que les commotions ont été très-utiles dans la guérifon de beaucoup de maladies, & cette preuve paroît être fans replique.

[merged small][ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

290

S. VI.

De quelques autres manieres d'électrifer.

Ayant cherché depuis long-tems à appro fondir, autant qu'il m'étoit poffible, le sujet préfent, & à le confidérer fous toutes fes faces, j'avois parlé dans ma premiere édition d'une fixieme méthode d'électrifer fans ifolement, qu'on peut employer pour des perfonnes extrêmement irritables. Elle confifte à placer deffous le conducteur de la machine électrique, ou deffous une tige de communication qui en faffe partie, la tête d'une perfonne fon épaule, fa main, &c., felon l'intention qu'on a d'établir le courant par une partie ou par une autre. Lorsqu'on électrifera, le fluide électrique entrant, par exemple, par la tête, fera tranfmis au corps humain, & après l'avoir traverfé dans toute fa longueur, il s'écoulera dans la terre.

J'ai électrifé par cette méthode deux per fonnes dont les nerfs étoient de la plus grande irritabilité, non-feulement, pour éprouver fi cette espece d'électrifation feroit quelqu'impreffion particuliere fur leur fyftême neryeux, mais pour les guérir, l'une d'une palpitation de coeur dont elle étoit quelquefois affectée, l'autre d'une efpece de friffon inter

cutané qu'elle éprouvoit depuis peu de tems: Toute autre méthode d'électrifer les affectoit trop vivement; elles ne purent fupporter que Pélectrifation fans ifolement, qui procura réellement la guérifon qu'elles demandoient. Mais cette méthode exige plus de tems que les autres, parce que le fluide électrique, qui ne refte point accumulé, n'agit pas par répulfion, mais par l'effet d'un fimple courant, par celui d'un ftimulant qui ne fait que s'écouler.

On peut varier cette méthode pour la ren'dre plus ou moins active, en diverfifiant la distance entre le conducteur & la partie du corps qu'on électrife, la tête, par exemple. Si cet intervalle eft plus grand que celui auquel partent des étincelles, il n'y aura pas fenfiblement de choc, mais feulement l'effet 'd'un écoulement paifible du fluide électrique, une impreffion de fouffle fans ifolement. S'il y a contact, ou prefque contact entre le conducteur & la tête vng., les effets de l'écou lement feront plus petits ou plus grands, & augmenteront plus ou moins jufqu'à la diftance où éclatent les étincelles avec plus d'énergie. La vertu répulfive électrique pouvant n'être pas utile dans certaines maladies, on pourra, par cette méthode, la féparer de l'effet du courant. M. Camoy, docteur en médecine

1

médecine, a électrifé de cette façon un épilep tique; il le plaça fous le conducteur avec lequel il étoit en communication par le moyen d'une petite chaîne qui defcendoit à un demi-pouce de fa tête; il partoit des étincelles du conducteur fur la tête du malade; un courant rapide s'établiffoit & fe diffipoit auffi-tôt parce que la perfonne électrifée n'étoit pas ifolée, & que fes pieds communiquoient avec des pointes métalliques; après un certain tems, le malade eut mal à la tête (1).

[ocr errors]

La feptieme méthode, eft la méthode alternative, ou méthode d'électrifer alternativement; pour la pratiquer, il faut électrifer tour-à-tour pofitivement & négativement. On peut l'employer non-feulement dans les fievres, ainfi que nous l'avons dit, mais encore, dans d'autres circonstances où le médecin aura jugé qu'il y a une inertie dans les folides, dans celles où il fera à propos d d'exciter un ébranlement falutaire des fibres, de réveiller l'ofcillation des vaiffeaux & de donner, pour ainfi-dire, une nouvelle activité à tout le fyftême organique, Cette méthode, dont perfonne n'a encore parlé, a l'a➡ vantage de produire les effets que nous venons d'indiquer jufque dans les dernieres molé

(1) Mém. de l'Acad. de Dijon, 1784, pag. 13.

Tome II.

« AnteriorContinuar »