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lement (1778), depuis fix ans, & n'a qu'à fe louer de fa conftance. Je m'électrife moi

même depuis neuf ans deux heures par jour & ma fanté eft toujours excellente. »

que

Dès les premieres années où l'on appliqua l'électricité à l'art de guérir, quelques contradicteurs s'éleverent contre ce remede fi utile, foutenant que l'électricité ne pouvoit être nuifible aux malades. Pour appuyer leur prétention, ils citerent l'apoplexie qui fit mourir M. d'Oppelmaier, en attribuant cet accident aux expériences d'électricité qu'il avoit faites fur fa propre perfonne; cependant par les informations qu'on en fit, fa mort ne fut qu'une fuite affez ordinaire de plufieurs attaques de la même maladie, que ce célebre profeffeur de Nuremberg avoit fouffertes précédemment. Sa derniere rechûte vint en effet après ces expériences, dit l'abbé Nollet, mais peut-on affurer que l'électricité Fait tué? Hoc poft hoc, an propter hoc? M. Bofe profeffeur de phyfique à Wittemberg, ayant pris des informations exactes à ce sujet, écrivit à l'abbé Nollet, que ce bruit n'avoit aucun fondement, ce dont il étoit affuré par une lettre de la perfonne qui avoit aidé M. d'Oppelmaïer dans ces expériences.

Quoique l'usage de l'électricité, tel qu'on le pratique ordinairement, ne foit pas nuifiTome II.

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ble, cependant l'abus de l'électrifation pourroit l'être quelquefois pour des tempéramens foibles & délicats. Nous croyons qu'il eft de notre devoir de faire connoître le petit nom- . bre de faits qui autorifent à établir cette exception, qui, d'ailleurs ne prouve rien contre l'utilité de l'électricité ; car l'abus des meilleurs remedes, & des alimens les plus excellens, peut-être également dangereux.

Le P. Barletti attribue l'origine de plufieurs de fes maladies à l'ufage abufif de l'électricité, joint à l'extrême irritabilité de fes nerfs; cependant, il n'exclut pas pour cela l'électricité de la pratique de la médecine. Ce phyficien qui a une fanté délicate s'étoit occupé quelquefois, durant des mois entiers, à faire de nombreuses expériences d'électricité avec de fortes machines & avec des explosions multipliées pendant des quatre & fix heures de fuite par jour, & souvent même plufieurs fois dans la journée. Cette fatigue jointe à celle d'une forte application au travail, & d'une contention d'efprit foutenue, a pu produire dans lui, les fyncopes, les évacuations de fang, la proftration extrême de tout le fyftême nerveux & mufculaire qui en furent les fuites.

Mufchenbroeck affure également avoir reffenti quelques impreffions fâcheufes & peu durables d'un travail trop long-tems con

que,

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tinué, relatif a des expériences électriques, fur-tout en frottant avec la main les globes & principalement les tubes électriques, & en tirant en même-tems de fréquentes étincelles. La nuit il éprouvoit une espece de fievre très-violente, accompagnée d'une chaleur affez confidérable & d'anxiétés. Son époufe qui l'aidoit quelquefois dans ces expériences & fur-tout à frotter le globe électrifentoit enfuite fes forces diminuér. Ces effets nous paroiffent devoir être principalement attribuées à la maniere fatiguante que Mufchenbroeck employoit pour faire naître l'électricité. Tous ceux qui ont frotté des tubes favent combien eft pénible l'action qui eft néceffaire pour obtenir pendant quelque tems l'électricité, & cette fatigue confidérable qui en eft l'effet, auroit également lieu fi on frottoit de la même maniere un tube électrique, ainfi que je l'ai éprouvé à deffein. On voit par-là qu'il faut réduire dans de juftes bornes les effets pernicieux que quelques auteurs ont prêté à l'électricité.

Les meilleurs remedes, les plus efficaces, peuvent n'être pas utiles dans certaines cir conftances; ils peuvent même être nuifibles par accident. Pour empêcher que l'électricité dans certains cas ne devienne dangereufe, on peut avoir recours à des purgaZ z

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tifs. «Si après ce remede, dit une personne de l'art, le tranfport de l'humeur fe faifoit à la tête, il faut vîte avoir recours aux véficatoires. Quant au tems de l'emploi des purgatifs, on doit faifir l'inftant où la matiere morbifique commence à fe déplacer; ce qui s'annonce par un changement en mieux dans la partie affectée, & un mal-aife ou une légere douleur dans un autre endroit. Il faut auffi avoir foin de purger, 1. lorsqu'on fafpend les électrifations pendant quelquetems, parce qu'alors la tranfpiration étant moins abondante, l'humeur qui, féjourne peut caufer des accidens; 2. lorfque les excrétions, que l'électricité avoit augmentées, diminuent; 3. dans les tems froids. parce que la tranfpiration, qui eft abondante pendant qu'on électrife, fe fupprime aiféefe ment lorsqu'on s'expofe à l'air; & c'est pour éviter les accidens qui pourroient en être la fuite, que M. de Sauffure fait mettre fes malades au lit après chaque électrifation. Si la paralyfie eft l'effet d'une pléthore fanguine, comme dans le fujet de la fixieme obfervation de M. Mauduit, il eft à propos de faire précéder le traitement par une faignée qu'on réitérera de tems en tems. Lorfque le pouls devient dur, plein & concentré, il faut ceffer l'électrifation, mettre à la diete, prescrire

des boiffons abondantes: fi ces moyens font infuffifans, il faut avoir recours à une faignée de pied, ce qui a réuffi deux fois à M. Mauduit, fans rien diminuer des bons effets que l'électricité avoit déjà produits (1). Il y a encore d'autres précautions à prendre elles confiftent à ne pas électrifer les femmes enceintes, ni celles qui font fujettes aux pertes; à électrifer moins fortement les femmes que les hommes, parce qu'un effet conftant de Pélectricité eft d'augmenter & de dévancer les regles; à bien diftinguer les tempéramens. Il faut aux phlegmatiques de fortes fecouffes; le fanguin plus fenfible ; doit être plus ménagé le bilieux, le plus irritable des trois, exige plus de précautions que les autres,& veut être moins agité Dans les maladies nerveufes dont la caufe ne peut être foupçonnée, fi, après quelques féances, les accidens augmentent, il faut ceffer;c'eft une preuve que la maladie eft idiopathique. Il y a quelquefois de fréquentés alternatives de bien & de mal, qui ne doivent pas inquiéter; l'expérience a appris à M. Mauduit (2) que cela n'a jamais de fuite (3). »

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(1) Mem. de la Soc. de Méd. tom II,"pag. 315, 319. (2) Ibid, pag. 256.

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(3) De l'applic. de l'électr. à l'art de guérir, Bonnefois pag. 147.

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