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certificats & pieces authentiques des différentes guérifons que j'ai opérées par l'électricité.

M. Gardini, célebre médecin d'Italie, & ami de l'illuftre pere Beccaria, a cité la differtation précédente, en preuve de ce qu'il avançoit fur cette matiere, dans fon Mémoire qui a également été couronné, & je fuis enchanté de faifir l'occafion qui fe préfente de donner un témoignage public de mon eftime à un favant auffi diftingué par fes profondes connoiffances.

CHAPITRE II.

De l'électricité appliquée à la cécité

IL eft une portion du genre humain condamnée à une obfcurité éternelle, & à qui le bienfait de la lumiere eft inconnu, heureuse fans doute dans fon infortune, de n'en pas connoître le prix ! Mais il en eft d'autres plus malheureux encore à mon avis qui, après avoir joui du spectacle de l'univers, s'en voient privés pour jamais, & font d'autant plus à plaindre dans leur trifte privation, qu'ils connoiffent toute l'étendue du bien qui leur est ravi, & que le doux espoir

donné aux mortels leur eft pour toujours en levé. Je n'ai jamais porté mes regards fans émotion & fans attendriffement fur ces victimes infortunées, & l'humanité m'a inspiré un nouveau moyen de les arracher à leur déplorable fituation. Quelques expériences tentées, & toutes les vraisemblances font en fa faveur, puiffe-t-il être en effet auffi efficace qu'il paroît devoir l'être!

La cécité réfulte d'une cataracte, d'un glau come, ou d'une goutte fereine. Les anciens croyoient que la cataracte étoit une pellicule qui, flottant dans l'humeur aqueufe de l'œil, interceptoit les rayons de lumiere, & les empêchoit de porter leur impreffion fur la rétine. Les modernes penfent avec plus de raison, que la cataracte n'est autre chose que le cryftallin même, qui, étant condensé, a perdu fa transparence. Cependant M. Littre & M. de la Peyronie étoient dans le fentiment qu'il peut y avoir, & qu'il y a même quelquefois des cataractes membraneuses.

Selon les modernes, tels que Heifter & les plus favans oculistes de nos jours, le glaucome eft un vice du corps vitré, qui eft devenu opaque de tranfparent qu'il étoit ; enforte que l'épaiffiffement de l'humeur contenue dans les cellules de ce corps, le rend disposé à réfléchir les rayons de lumiere qui

devroient le traverfer, & de cette réflexion réfulte la couleur de verd de mer qui a fait donner le nom de glaucome à cette maladie qui eft regardée comme incurable.

La goutte fereine, qui eft imparfaite ou parfaite, felon qu'on diftingue ou qu'on ne diftingue pas la lumiere des ténebres, eft une maladie dans laquelle l'organe immédiat de la vifion eft rendu en partie ou même totalement paralytique, en forte que les faisceaux optiques peignent fur la rétine l'image des objets dont ils font réfléchis, fans qu'il en réfulte une fenfation entiere , ou fans que l'impulfion en foit aucunement transmise à l'ame par le moyen du nerf optique : ce qui conftitue une diminution confidérable de la vue, ou même une véritable cécité, quoiqu'il n'y ait aucun vice apparent dans les yeux.

Prefque tous les médecins ont attribué la caufe prochaine de cette maladie à l'obftruction du nerf optique; mais il vaut mieux dire en général, felon la remarque de M. d'Aumont, que tout ce qui peut produire la paralyfie dans quelque partie du corps que ce foit, peut auffi être la caufe de la goutte fereine, lorfque cette caufe a fon fiege dans le nerf optiqne. C'eft ce que prouvent les recherches anatomiques faites dans les yeux

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de ceux qui font morts avec la goutte fe reine on a toujours trouvé le vice dans le nerf optique, qui, dans quelques fujets, étoit defféché, exténué, & de la moitié plus qu'il ne doit être naturellement. Bonnet, Wepfer, & Pavius ont vu des veffies, des tumeurs pleines d'une humeur aqueufe qui preffoient les nerfs optiques: ainfi la cause qui les affecte de paralyfie, peut avoir fon fiege ou vers leur origine & leur trajet, ou à leur entrée dans l'orbite; elle peut auffi se trouver dans l'intérieur des nerfs, c'est-à-dire, dans les vaiffeaux fanguins qui pénétrent leur fubftance. C'eft principalement à la compreffion de ces différens vaiffeaux engorgés qu'on doit attribuer la caufe de la goutte fereine périodique, qui ceffe ordinairement dès que cet engorgement ceffe par quelque moyen que ce puiffe être. Il est auffi très-vraisemblable, continue M. d'Aumont, que l'on doit chercher la caufe de la goutte fereine imparfaite dans une forte d'infiltration féreufe des membranes de l'œil, & fur-tout de la fclérotique; en forte que par leur épaiffiffement contre nature, elles compriment le nerf optique, & rendent paralytique une partie des filets nerveux qui le compofent.

Les gens de l'art favent combien il eft difficile de guérir la goutte fereine, même lorfqu'elle

qu'elle n'eft qu'imparfaite mais lorsque la cécité eft complette & invétérée elle est incurable. C'eft donc dans ce cas où il eft louable de faire des tentatives pour trouver de nouveaux remedes. Les principes que j'ai expofés, & qui font ceux des plus habiles médecins & oculiftes, ferviront de bafe à mes raifonnemens.

L'électricité a été appliquée avec fuccès à la guérison de la paralyfie. MM. Jallabert, le Cat, de Sauvages en ont guéri plufieurs. Dans la fameufe thefe de Pragues, on cite la guérifon de quatre paralytiques; M. Raft, célebre médecin de Lyon, en a vu plufieurs bons effets; c'est ce dont on a été auffi témoin dans plufieurs autres villes: de forte qu'on peut maintenant regarder ce fait comme inconteftable. Or, felon tous les médecins, la goutte fereine eft une paralyfie du nerf optique, en tout ou en partie. Donc l'électricité peut être un remède falutaire à cette espece de cécité qui réfulte de la goutte fereine. Si c'eft une obftruction du nerf optique dont dépend la goutte fereine, on fait que l'électricité n'eft pas moins efficace dans ce cas Si on a guéri des membres atrophiés, fi on leur a rendu peu-à-peu leur embonpoint, par le moyen de l'électricité, ne fera-t-on pas autorifé à employer le même fecours dans Tome II. B b

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