Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Les principales maladies de cette claffe font, la démence qui eft un délire général, doux & chronique, fans fievre; la folie' (mania), qui eft un délire fouvent furieux, ordinairement général & périodique, fans fievre aiguë. La démonomanie n'existe point felon nous; c'eft une fourberie infigne, ou bien ce genre rentre dans les autres qui lui font analogues; le transport ou délire (paraphrofine delirium ), est une aliénation d'efprit aiguë, paffagere fouvent fébrile. L'infomnie, l'oubli, la ftupidité, la berlue, le tintouin, le fomnambulisme, la frayeur nocturne, la boulimie ou faim canine, la fantaisie & l'antipathie, font des maladies peu importantes, fur lefquelles il feroit fu perflu de s'appefantir. Nous dirons cepen dant deux mots de la nostalgie, du fatyriafis, de la nymphomanie & du tarentisme. Ces maladies en général dépendent de bien des caufes; & qui oferoit nier que dans la manie, il n'y ait une trop grande quantité de feu, de fluide électrique, de fluide nerveux ? dénominations qui annoncent le même fluide modifié différemment, ou des fluides qui ont entr'eux une très-grande analogie. Il fuffi roit peut-être, pour en être convaincu, de réfléchir fur les principales causes des maladies de cette claffe; mais quelques expé-;

[ocr errors]

2

[ocr errors]

riences relatives à ce fujet, peuvent encore nous confirmer dans ce fentiment. Dans l'année 1777, j'eus une grande occafion d'observer, pendant plufieurs mois, un maniaque qui étoit dans la même maifon où je demeurois; je profitai de cette circonftance pour faire quelques expériences fur l'électricité animale. J'appliquai fur le front de ce maniaque un ruban de foie, joint à une efpece de ruban de laine, & en les retirant un certain tems après, je trouvai dans ces rubans tous les fignes d'électricité. Cette expé-! rience, répétée avec des rubans semblables! fur le front d'une autre perfonne qui fe portoit bien, ne donna pas à beaucoup près, des fignes auffi forts; las différence étoit très-fenfible. Le réfultat a été le même avec des rubans blancs, fur des rubans noirs, &c. Ces expériences analógues ra celles de M. Symmer, lues à la Société Royale de Londres, en 1759, & de M. Cygna de celle de Turin (1), prouvent, fi je ne me trompe, qué dans la manies il y a une quantité de fluide électrique, plus grande que la quantité ordinaire & naturelle; & conféquemment, que l'électricité négative eft très-propre à cette maladie, fur-tout fi

[ocr errors]

(1) Troifieme volume des lettres fur l'électricité, par l'abbé Nollet.

[ocr errors]

on a foin de l'appliquer immédiatement à la tête, & en particulier aux tempes. Alors, en diffipant l'excès de ce fluide, elle détruira la caufe du mal: maisje me hâte de propofer le chocélectrique comme beaucoup plus efficace.

La commotion électrique, donnée à la tête, eft certainement très-propre à calmer le trouble, & à enchaîner la violence & la fureur, qui font particulieres à ces fortes de maladies. Des expériences déjà faites, confirment finguliérement ce que je viens d'avancer, & montrent que le choc électrique donné dans certaines bornes, n'est point dangereux, comme on pourroit d'abord fe l'imaginer. « C'eft par le moyen de deux de mes grandes jarres, qui n'étoient pas chargées complétement, que fix hommes ont été renversés par terre. Je pofai un des bouts de ma baguette de décharge fur la tête du premier, qui pofa fa main fur la tête du fecond, celui-ci fur celle du troifieme, ainfi fucceffivement jufqu'au dernier, qui prit en fa main la chaîne attachée aux ventres des jarres. Après les avoir difpofés ainfi, j'appliquai l'autre bout de ma baguette au premier conducteur, & ils tomberent tous à la fois. Lorsqu'ils fe releverent ils déclarerent tous qu'ils n'avoient reffenti aucun coup, & ne com

2

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

prenoient pas comment il leur étoit arrivé de tomber, aucun d'eux n'ayant entendu le craquement, ni vu la lumiere. Vous fuppofez que cette expérience eft dangereufe; néanmoins j'en ai effuyé moi-même une femblable, ayant reçu, par accident, un coup pareil au travers de la tête, qui me renverfa par terre fans me faire de mal; & j'ai vu une jeune femme, qui, en voulant fe faire électrifer les pieds pour quelque indifpofition, reçut une plus grande décharge dans la tête, s'étant, par inadvertence penchée en avant pour placer ses pieds, au moyen de quoi, fon front, (comme elle étoit fort grande) toucha prefque à mon premier conducteur, elle tomba par terre, & fe releva auffitôt, fans fe plaindre de rien. Une perfonne ainfi frappée, s'abat, pour ainfi dire, pliée en double, les articulations perdant tout-à-la-fois leur force & leur roideur, de forte qu'elle coule dans Pinftant fur la place, fans chanceler le moins du monde auparavant, & fans jamais tomber de fon long. Une trop forte charge 1à la vérité, pourroit tuer un homme; mais je n'en ai point encore vu qui en ait été même bleffé (1).

་་་

C

[ocr errors]

Euvr, de Franklin, tom. I, pag. 186 & 187, 1773.

Comme dans un ouvrage de la nature de celui-ci, il eft à propos d'examiner les effets d'une forte commotion, nous rapporterons quelques expériences faites de cette maniere.

M. le Prince de Gallitzin a fait effuyer le choc de fes batteries à un grand nombre d'animaux; la plupart font reftés fous le coup: cependant plufieurs autres qui paroiffoient morts en font revenus peu-à-peu, fans qu'on ait pris d'autres foins que d'en tremper quelques-uns dans l'eau. « Un de ces animaux naturellement reffuscités, dit cet illustre phyficien dans une de fes lettres, m'a fourni une obfervation fort curieufe. C'étoit une poule ; elle effuya un choc de 64 bouteilles, & parut morte. Un quart-d'heure après on vint me dire qu'elle commençoit à respirer, J'en pris foin : elle revint peu-à-peu, & dans une heure de tems elle put marcher; mais elle me parut aveugle & même imbécille, fi je puis m'exprimer ainfi ; car elle étoit toujours dans les deux extrêmes ou parfaitement tranquille & ne bougeant pas de la place, ou courant de toutes fes forces vers le mur & fautant contre. Cette cécité & cette frénéfie lui durerent quatorze à quinze jours; elle mangeoit très-peu. Le troifieme jour après le choc, elle eut une attaque d'épilepfie, qui de jour en jour devint plus fréquente, fi bien

que

« AnteriorContinuar »