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que le jour de fa mort, elle ne difcontinuoit prefque pas de l'avoir. Elle a vécu environ trente-deux jours. Je l'ai obfervée jufqu'à fa fin avec toute l'attention poffible; & à l'inf tant qu'elle fut morte, M. Munichs l'a difféquée. Il l'a trouvée dans un marafme parfait, & maigre autant qu'un animal encore en vie peut l'être tout l'intérieur du corps étoit cependant en très-bon état ; mais la tête où étoit le fiege du mal, étoit la chose du monde la plus curieuse. »

M. Camper a trouvé que l'os frontis, entiérement régénéré, étoit plus épais que n'étoit l'os original avant le coup électrique dont cet os eft mort, & que celui-ci étoit mobile dans l'os régénéré ou plutôt engendré. Cet habile anatomiste explique ce phénomene en difant que le coup a fait mourir l'os frontis entre les deux yeux de la poule, & qu'il s'est formé entre l'os mort & le périofte, un cal qui a pris la figure de l'os original; cal qui a auffi doublé le dedans des orbites. La conclufion qu'il en tire eft celle-ci : « Le coup électrique a donc détruit la vie de l'os frontal de la poule, fans faire mourir l'animal, & fans détruire l'organisation du périofte. Il faut donc que l'animal ait vécu long-tems après; puifque la régénération de cet os, étoit fans cela impoffible. » On peut voir la figure de Tome II.

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cet os dans les obfervations fur la phyfique & l'hiftoire naturelle, pag. 204,178 3,

Nous dirons ici que, fi une femme eft enceinte, il eft prudent de ne pas tenter fur elle l'expérience de la commotion (à moins qu'elle ne foit très-petite). Il y a des faits qui prouvent que quelquefois la fecouffe qu'elle produit a, occafionné un avortement dangereux.

On eft maître de modérer à fon gré la commotion électrique, & de lui preferire des bornes dans lesquelles, elle ne fera jamais dangereufe, mais toujours falutaire. Cette maniere d'agir fera d'autant plus efficace, qu'on la dirigera immédiatement fur la tête, qui pourroit être le fiege particulier du mal, Pour peu qu'on réfléchiffe fur les caufes de cette maladie, fur fes fymptomes, & fur les propriétés de l'électricité, on fera convaincu que l'électricité négative (1), appliquée à la tête eft un excellent moyen pour calmer cette agitation extraordinaire du fluide nerveux. Les bains d'eau froide employés jusqu'ici, montrent que les conducteurs électriques, propres à diminuer la quantité de fluide électrique, ont toujours été reconnus pour des remedes appropriés à cette maladie.

(1) L'électricité pofitive doit être appliquée dans la démence fans furie, ainfi qu'il eft facile de le voir,

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Qu'on me permette ici une obfervation : c'est que l'eau froide devroit être appliquée immédiatement à la tête & pendant long-tems, ce qu'on ne fait pas dans la méthode vulgaire; auffi n'a-t-elle pas tous les fuccès qu'on en devroit attendre. Si, à tous ces moyens on ajoute fur-tout, comme nous l'avons déjà dit d'après les expériences rapportées précédemment, fi on ajoute la commotion électrique, on peut fe promettre de triompher de cette maladie, au moins par l'heureufe affociation qu'on en peut faire avec les remedes de l'art les plus efficaces. Quelle fatisfaction pour les phyficiens & les médecins, de rendre à la fociété des fujets qui fembloient être irrévocablement perdus pour elle !

Ces moyens devroient être mis en pratique dans les lieux confacrés à ces fortes de malades; quelle fource d'expériences n'acquerroit-on pas? Ils devroient être tentés fur-tout dans les divers pays où ces maladies font plus communes; car il eft des contrées où les influences du climat rendent ces maux plus fréquens, de l'aveu même de leurs habitans. Quel utile tableau que celui qui nous préfenteroit les maladies particulieres à chaque pays On auroit alors une vraie nofographie, ou plutôt une nofo-géographie, c'eftà-dire, une defcription géographique des

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maladies qui regnent fur le globe de la terre; on verroit qu'il y a des maladies propres à l'Amérique, & qui ne fe trouvent point dans les autres parties du monde : j'en dis autant de l'Afie, de l'Afrique & de l'Europe. On y verroit qu'il y a des maladies non-feulement particulieres à chaque royaume & à chaque province, mais encore aux différens territoires; & que les maladies communes à des royaumes entiers, ont cependant des différences très - fenfibles dans les diverfes provinces, & dans les différentes contrées, bien plus dans les mêmes contrées felon les faifons. Cela ne peut être autrement, eu égard à la combinaison prefqu'infinie des caufes, & des circonftances qui ont lieu dans les pays différens. Ce tableau nous préfentant les différences des maladies, les nuances diverfes des maux qui affligent l'humanité, nous montreroit la même nuance dans les causes, dans les effets (1), dans les fymptomes & dans les remedes; & cette gradation, cette fuite progreffive d'un bout du monde à l'autre, porteroit la médecine à cette perfection dont elle eft fufceptible. Je pourrai donner un jour un effai de nofo-géographie que j'ai déjà efquiffé;

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(1) L'auteur de l'efprit des Loix mesure l'ivrognerie des peuples par la hauteur du soleil.

ce n'eft qu'un effai, car le traité entier ne peut être que l'ouvrage du tems.

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Les réflexions précédentes nous conduifent naturellement à dire quelques mots de la nostalgie ou maladie du pays (1). Souvent elle dépend de plufieurs caufes morales, & alors elle n'eft point l'objet de la phyficomédecine; mais quelquefois auffi elle réfulte de la différence des climats. Un homme qui eft né dans des pays de plaines & de vallées, éprouve un mal-aife lorfqu'il eft tranfplanté dans des pays de montagnes. Ici les colonnes de l'air font plus courtes, là elles ont plus de hauteur, cette différence, fouvent trèsgrande, en produit une fort confidérable dans le poids habituel dont le corps eft com primé. J'en rapporterois ici avec plaifir le calcul; mais les principes qu'il fuppofe & les réfultats fe trouvent dans un grand nombre d'ouvrages de phyfique. Indépendamment de cette différence de poids qu'on éprouve dans des pays dont l'élévation au-deffus du niveau de la mer eft plus ou moins grande, il en est une autre encore qui contribue beaucoup plus

(1) Nous nous bornons ici, comme dans la premiere édition, à dire deux mots fur cette maladie ; ceux qui voudront des détails pourront confulter l'article Nostalgie du tome fecond des Effais de médecine théorique & pratique de MM. Brion & d'Yvoíry, médecins à Lyon; ouvrage très-bien fait.

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