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Sur la prise de Montmellian.

Le plus grand de nos Rois difoit à la Victoire,
Sa fidelle compagne au chemin de la gloire;
Déeffe, qui toujours fi prompte à mes desirs,
Faites de leur fuccès vos plus charmans plaifirs;
Souffrirez-vous encor qu'un roc inaccessible
D'un injufte ennemi foit l'azile paifible?
La Victoire, à ces mots, lui jettant des regards,
Tels qu'au jour d'un triomphe elle en jette au Dieu

Mars,

Répondit auffi-tôt : Héros dont le courage
D'une conftante ardeur à tous vos pas m'engage,
Puis-je vous refuser ? Vous parlez, j'obéïs;
Je vais joindre ces monts à l'Empire de Lys:
Malgré mille périls vos guerriers intrépides
Y monteront, portez fur mes aîles rapides;
Et vous allez enfin triompher dans les airs,
Ainfi que fur la terre, ainsi que fur les mers.

BETOU

LAUD.

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Son génie à fon fiécle a fervi de flambeau.
Dans fes fameux écrits toute la France admire
Des Grecs & des Romains les précieux trésors.
A fa perte on ne fçauroit dire

Qui perd le plus des vivans ou des morts.
Epitaphe de M. Patru.

Le célébré Patru fous ce marbre repofe.
Toujours comme un-Oracle il s'eft vû confulter,
Soit fur les vers, foit fur la profe.

Il fçut jeunes & vieux au travail exciter :
C'est à lui qu'ils devront la gloire

De voir leurs noms gravez au temple de Mémoire.
Tel efprit qui brille aujourd'hui

N'eût eu fans fes avis que lumieres confuses;
Et l'on n'auroit befoin d'Apollon ni de Mufes,
Si l'on avoit toujours des hommes comme lui.

I Tous ceux qui ont connu particulierement cet Auteur en ont parlé d'une maniere fort avantageuse. Il avoit fait beaucoup d'Epigrammes, que fes héritiers n'ont pas jugé à propos de rendre publiques. Heureusement pour celles-ci, elles avoient paru du vivant de M. DESREAUX.

N***.

Sur la mort fubite d'un Grand.

F

IGURE du monde, qui paffe

Et qui paffe dans un moment ;
Pompe, richeffe, honneur, funefte amusement
Dont un mortel s'enyvre, & jamais ne se lasse :
De quoi fert votre éclat à l'heure de la mort?
Il ne peut ni changer ni retarder le fort.

L** plus haut que lui ne voyoit que fon Maître :
Dans le comble des biens, des grandeurs, du plaifir,
Lorsqu'il la craint le moins, la Mort vient le faifir,
Et ne lui donne pas le tems de la connoître.
Hélas! aux grands emplois à quoi bon de courir
Pour veiller fur foi-même heureux qui s'en délivre!
Qui n'a pas le tems de bien vivre,
Trouve mal-aifément le tems de bien mourir.

Prieres vaines & ftériles fans les actions.

Ce n'eft point par le bruit d'une vaine priere
Que l'on peut emporter le Royaume des Cieux ::
Il faut combattre, agir, courir dans la carriere,
Et l'on trouve à la fin ce tréfor précieux.

Le Ciel n'est pas le prix de nos difcours frivoles;
Dieu l'accorde aux vertus, & non pas aux paroles.

N***.

t

LIVRE XII.

BOURSAULT.

BOUR- E

SAULT.

DME BOURSAULT, né en 1638. à Muffy-l'Evêque, petite ville de Champagne, vint à Paris en 1651. n'ayant encore qu'une connoiffance très-imparfaite de la Langue Françoise : mais il fit fi bien, qu'à force de travail & d'application il en pénétra toutes les délicateffes, & s'en rendit familiéres toutes les beautez. Ce fut pour lui un grand malheur, que les difpofitions favorables qu'il avoit à apprendre, ayent été négligées dès l'enfance par un pere, moins occupé de l'éducation de fa famille, que de fes plaifirs. La connoiffance des Langues mortes lui eût ouvert le chemin à une brillante fortune: car ayant fait en 1671. par

l'ordre

2

I

du feu Roi un livre intitulé l'Etude des
Souverains, ce grand Prince en fut fi con-
tent, qu'il fit l'honneur à M. BOURsault
de le nommer sous-Précepteur de MON-
SEIGNEUR. Le feul défaut de latinité ne
lui permit pas de profiter d'une grace fi
hatteuse ; & il fe vit remplacé par un hom-
me d'un mérite fupérieur & de la plus
vafte érudition. Au refte, quoique M.
BOURSAULT ne fut pas fçavant ( s'il eft
vrai qu'on doive en refufer le titre à qui
ne fçait ni grec ni latin) il a fait divers ou-
vrages, tant en profe qu'en vers,
qui l'ont
mis au niveau des plus beaux Efprits de
fon fiécle. On lira toujours avec plaifir fes
Lettres, & fur tout celles 3 qu'il adresse

1 Cet ouvrage écrit avec autant de feu que de jugement, eft rempli d'un bout à l'autre d'exemples illuftres & néceffaires, tant aux jeunes Princes qu'on instruit, qu'aux grands hommes qui font chargez de leur éducation.

2 Feu M. Huet, Evêque d'Avranches.

3 Madame la Comteffe de la Suze les a célébrées dans le Madrigal fuivant.

Babet, qui que tu fois, que tes Lettres font belles!
Que pour toucher les cœurs elles ont de pouvoir!
Ce font des beautez naturelles,

Qu'on ne fe laffe poin: de voir, ̧

BOUR

SAULT.

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