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Ne connoît de vertus que dans l'Or qu'il entaf

fe:

Et vous voulés unir fon fort avec le mien,
Ah! plûtôt de mes jours je romprois le lien.
Je confens que fon cœur foit éxemt de tout
Crime.

A-t-il de la vertu? Je lui dois mon eftime.
Mais à moins que l'amour ne parle en fa faveur
Je ne puis lui donner ni ma foi, ni mon cœur.
La foi fe donne en vain quand le cœur fe
refuse.

L'Epoux qui la reçoit trop crédule s'abuse:
La Discorde bien-tôt par fon foufle fatal
Interdit toute entrée à l'amour Conjugal.
Elle regne en fa place. Et fur fes pas entraîne
La froideur, le dégoût, le mépris & la haine.
Vous croïés par l'Himen unir deux jeunes
Cœurs;

Et vous affociés pour jamais leurs malheurs.
Réduits à fouhaiter que la mort les fépare
Ils foufrent des tourmens inconus au Ténare
Et fouvent le malheur pèrvertit les Humains
L'un dans le fein de l'autre enfanglante fes
mains,

Péres, qui n'écoutés qu'un interêt fordide Pour former ces liens où l'Or toûjours décide De votre authorité, Cruels! vous abufés

Mais voïés les malheurs où vous nous expofés Pareils à ces Tirans dont la feule peinture Semble du Cœur humain dégrader la Nature, Qui faire fouffrir & mourir plus longpour

tems

A des morts autrefois attachoient les vivans.
Vous frémiffés d'horreur de cette barbaric.
Hé vous pouffés encor plus loin votre furie :
Coupables des forfaits où fouvent à la fin
Nous force malgré nous un fi trifte Deftin.
Non, non, pour fatisfaire un aveugle Ca
price,

Je ne puis m'expofer au plus cruel fuplice:
La raifon & le fang m'ont foumife à vos Loix;
Mais ils doivent auffi regler feuls votre choix.

Faites donc éclatter toute votre colere, Envoïés-moi gémir au fond d'un Monaftere, On me peut dès ce jour renfermer en ce Lieu ; Mais ne prétendés pas m'y confacrer à Dieu. Lui puis-je offrir un Cœur mondain, plein de tendreffe,

Dont moi-même à préfent je ne fuis plus maî

treffe?

Il ne reçût jamais un homage forcé.

Ille veut libre, ou bien il en eft offenfé. Témoins, que dis-je ? Autheurs de toutes mes allarmes,

Ne vous pourai-je au moins ébranler par mes

larmes ?

Voulés-vous que du Sort jouet infortuné,
Je maudiffe le Jour que vous m'avés donné.
Ah! plûtôt rendés-vous à mà jufte priere,
Acordés à mes pleurs ma grace toute entiere,
Et d'un vil amas d'Or déformais moins char
més ,

Réuniflés deux Coeurs l'un pour l'autre formés.

Q

ARICI E.

ELEGIE VIIN

U E chaque inftant aigrit la douleur qui me preffe!

Quoi ! je ne puis revoir l'Objet de ma tendref

fe!

Je l'attens vainement. Mes voeux font fuperAus.

Quel coup de foudre, ô Dieux! je ne le verrai plus.

Cependant, Malheureuse! en perdant ce que j'aime,

Je ne puis déformais m'en prendre qu'à moi

même :

Quel que

foit mon malheur, oüi je l'ai mérité: Il eft le digne prix d'une injufte fierté.

Qu'en amour on a tort d'en croire l'aparence! C'eft un mafque fouvent que notre indiffé

rence.

Que mon cœur a déja païé bien chéremens

Le fecret que j'ai fû cacher à mon Amant! Tout me rapelle encor mes premieres allar

mes.

C'estici qu'à mes pieds triste, fondant en lar

mes,

Il m'exprimoit fes feux; J'y trouvai tant d'appas

Que je ne pus ni fuir, ni l'interrompre. Hélas! Fut-il jamais Amant plus preffant & plus tendre?

Long-tems pour m'émouvoir, me forcer à me

rendre

Il emploïa foupirs, plaintes, larmes, tranf

ports;

Il déchiroit mon cœur & malgré mes efforts..... Què fai-je ? J'allois prefque avouer ma fọibleffe,

Quand mon orgueil choqué d'un amour qui le bleffe,

Soudain pour prix du fien lui ravit tout efpoir; Enfin je lui deffens de me jamais revoir.

Triomphe Malheureux dont je fuis la Victi

mę !

Ah! C'est trop retenir le dépit qui m'anime L'honneur s'eft fatisfait. Qu'il me laiffe à mon

tour

Contenter malgré lui mon cœur & mon amour Qu'éxige-t-il encor après ce Sacrifice?

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