Ne connoît de vertus que dans l'Or qu'il entaf fe: Et vous voulés unir fon fort avec le mien, A-t-il de la vertu? Je lui dois mon eftime. L'Epoux qui la reçoit trop crédule s'abuse: Et vous affociés pour jamais leurs malheurs. Péres, qui n'écoutés qu'un interêt fordide Pour former ces liens où l'Or toûjours décide De votre authorité, Cruels! vous abufés Mais voïés les malheurs où vous nous expofés Pareils à ces Tirans dont la feule peinture Semble du Cœur humain dégrader la Nature, Qui faire fouffrir & mourir plus longpour tems A des morts autrefois attachoient les vivans. Je ne puis m'expofer au plus cruel fuplice: Faites donc éclatter toute votre colere, Envoïés-moi gémir au fond d'un Monaftere, On me peut dès ce jour renfermer en ce Lieu ; Mais ne prétendés pas m'y confacrer à Dieu. Lui puis-je offrir un Cœur mondain, plein de tendreffe, Dont moi-même à préfent je ne fuis plus maî treffe? Il ne reçût jamais un homage forcé. Ille veut libre, ou bien il en eft offenfé. Témoins, que dis-je ? Autheurs de toutes mes allarmes, Ne vous pourai-je au moins ébranler par mes larmes ? Voulés-vous que du Sort jouet infortuné, Réuniflés deux Coeurs l'un pour l'autre formés. Q ARICI E. ELEGIE VIIN U E chaque inftant aigrit la douleur qui me preffe! Quoi ! je ne puis revoir l'Objet de ma tendref fe! Je l'attens vainement. Mes voeux font fuperAus. Quel coup de foudre, ô Dieux! je ne le verrai plus. Cependant, Malheureuse! en perdant ce que j'aime, Je ne puis déformais m'en prendre qu'à moi même : Quel que foit mon malheur, oüi je l'ai mérité: Il eft le digne prix d'une injufte fierté. Qu'en amour on a tort d'en croire l'aparence! C'eft un mafque fouvent que notre indiffé rence. Que mon cœur a déja païé bien chéremens Le fecret que j'ai fû cacher à mon Amant! Tout me rapelle encor mes premieres allar mes. C'estici qu'à mes pieds triste, fondant en lar mes, Il m'exprimoit fes feux; J'y trouvai tant d'appas Que je ne pus ni fuir, ni l'interrompre. Hélas! Fut-il jamais Amant plus preffant & plus tendre? Long-tems pour m'émouvoir, me forcer à me rendre Il emploïa foupirs, plaintes, larmes, tranf ports; Il déchiroit mon cœur & malgré mes efforts..... Què fai-je ? J'allois prefque avouer ma fọibleffe, Quand mon orgueil choqué d'un amour qui le bleffe, Soudain pour prix du fien lui ravit tout efpoir; Enfin je lui deffens de me jamais revoir. Triomphe Malheureux dont je fuis la Victi mę ! Ah! C'est trop retenir le dépit qui m'anime L'honneur s'eft fatisfait. Qu'il me laiffe à mon tour Contenter malgré lui mon cœur & mon amour Qu'éxige-t-il encor après ce Sacrifice? |