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LE ROI DU FESTIN.

ODE IV.

HERS Enfans du Dieu de la Tonne,

CHE

A mon tour le fort m'a fait Roi.

De Pampre verd qu'on me couronne,
Je m'en vais vous donner la loi.

Le feul Trône où j'ofe prétendre
Eft un Tonneau rempli de vin;.
Pour mon Sceptre je ne veux prendre,
Comme Bacchus, qu'un Thirfe en main.

Les i mites de mon Empire
Seront de la Table au Cellier :
Et l'unique gloire où j'aspire,
C'eft de bien boire, & le premier.

Après quoi je ne veux pour gage,
Et ferment de fidélité,

Pour tout refpect, pour tout hommage,
Que vous voir boire à ma fanté.

Armés-vous donc d'une Bouteille

Qu'elle foit vuidée en deux coups;
Voïons qui du Dieu de la treille
Tient mieux la place parmi nous.

Buvez, c'est tout ce que j'ordonne §
Que chacun s'enyre en ces lieux.
Je veux bien céder ma Couronne
A celui qui boira le mieux.

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CE QUI REND L'AMOUR

L

DURA BEE.

ODE V.

ES beaux yeux de la brune Ifinene

D'aucun trait n'ont atteint mon cœur

Froid, de la blonde Célimene

Je vois l'éclat & la blancheur.

Taille fine, petite bouche,
Grands yeux : Inutiles appas !

De tout cela rien ne me touche
Quand l'efprit ne s'y trouve pas.

Le Renard cenfé de la Fable
M'apprend à juger fainement.
Iris que vous feriez aimable,
Si vous aviez du fentiment!

Sans l'efprit, l'amour quoiqu'extrême.
Ne fçauroit avoir un long cours:
Et l'homme fage jamais n'aime
Que ce qu'il peut aimer toûjours.

Sur leur teint les lis & les rofes
Ne font encor que de fleurir;

Mais les fleurs font à peine éclofes
Qu'on les voit déja fe flétrir.

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Je ne vous ai jamais flattée,
Vous pour qui je fuis enflammé
Sage & fidelle Galathée,
C'est votre efprit qui m'a charmé.

En vain des appas de ces Belles
Chacun vous paroît entêté.

Pour moi vous en avez plus qu'elles :
L'efprit vaut mieux que la Beauté.

On les aime. Mais avec l'age
Elles verront changer leur fort,
Et vous plus heureuse & plus fage
Vous n'en changerez qu'à la mort.

L'AMANT

DELI.CA T.

O DE VI.

J'AIME Daphné, j'aime Cloris,

Entre elles mon coeur fe partage :
Ce n'eft pas que je fois volage,
Mais je fuis doublement épris.

Dans l'une le feu qui me preffe
A fait naître la même ardeur
L'autre reçoit avec froideur
Tous les gages de ma tendreffe,

Daphné par un tendre retour
Ne fçauroit me fixer pour elle;
Et plus ma Cloris m'eft rebelle,
Plus elle m'inspire d'amour.

J'aime qu'un cœur facile & tendre
Réponde à mes premiers defirs:
Mais j'aime encore mieux les plaifirs
Que l'on m'a fait long-temps attendre.

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