Mais je crains.(Quand on aime on croit devoir tout craindre.) Ton Abfence, leTems, quelque nouvel Objet, Tout m'allarme : Hécrois-tu que ce foit fans fujet! Ton Sexe eft plus léger, plus fourbe que le nôtre. Que fai-je fi ton coeur n'en aime pas une autre? Si j'en étois certaine.... Ah! tu dois fouhaiter, Pour ton propre interêt que j'en puiffe douter. » Je quitterai, dis-tu, cette Ville fameuse >>Que traverfent les eaux de laSeine orgueilleuse, » Si-tôt que le bon goût, qui toûjours y fleurit,' Aura poli mes moeurs & formé mon efprit. Hé que m'importe à moi qu'un jour chacun t'admire! Que l'on vante par tout les charmes de ta Lire! Je dois apréhender de nouvelles allarmes; moi ? Ah! plûtôt en faveur d'un Perfide que j'aime, Je le connois trop tard, je m'aveugle moi même. Si-tôt que d'un Objet notre cœur eft charmé, Tu penfes foulager l'ennui qui la tourmente; M'ait juré tant de fois une fauffe tendreffe! Pour te perfuader des maux que je reffens! De trifteffe ou de joïe expirer à tes yeux. l'Amour. Je feche de douleur, je languis, je foupire... Mais comment te pouvoir exprimer mon martire ! Telles font du Deftin les rigoureufes Loix, Que je meurs tous les jours fans mourir une fois. Tu vois fur ce papier que mes lettres tracées, Sont prefque au même instant par mes pleurs effacées; Je ne fais même encor tandis que je t'écris, Je vois ce que je fais, que mes vœux font ftériles, Que pour te rappeller mes foins font inutiles, Je ne me flatte pas; Mais mon penchant pour toi Jufqu'au dernier foupir triomphera de moi. Verras-tu fans pitié ma vie infortunée Aux horreurs du trépas fans ceffe abandonée? L'efpoir me faifoit vivre. Et tu me l'as ôté. C'est l'Arrêt de ma mort que ta bouche a dicté. Si ton cœur fe contente aujourd'hui de me plaindre, Peut-être auras tu lieu dès demain de me craindre : Qui, fi-tôt que la Parque aura fini mes jours, Mon Ombre à tous momens marchera fur tes pas, Tu voudras l'éviter: tu ne le pourras pas. Ton coeur me vengera du trépas que j'attens. ma joie : Je rirai des tourmens dont tu feras la proïe. Enfin je veux, Cruel, que pour te mieux punir, Tu fouhaites la mort fans pouvoir l'obtenir.. 鮮茶 P LA MES ME. ELEGI E III. RETE à voir dePluton le ténébreux Empire, Je n'aurois jamais cru que je pûffe t'écrire, Cher Amant. Toutes fois je le fais malgré moi, Peut-être même encor le fais-je malgré toi, Mais quels que foient les maux où mon ame eft plongée, Ne crains plus les tranfports d'une ardeur ou tragée: Le trifte abattement de mes fens, de mon cœur Que tu prennes le foin de recueillir ma Cendre: vie, |