Ou dois-tu la garder encor entre tes mains, Mon bras, mon amour feul doit fervir ma vengeance: Tout autre ne feroit en le privant du jour, Que punir un Méchant, fans venger mon amour. Qui peut faire en mon cœur révolter ma tendreffe! De moi-même déja ne fuis-je plus maîtreffe? Ma haine, mon courroux fe laiffent défarmer! Hélas quand par raison on ne veut plus aimer, , C'eft alors que l'amour a plus de violence. cœur. En vain il me trahit, me perd, me déshonore, Je ne puis.... Difons tout. Cruel! je t'aime encore. Toutefois fi tes jours me font fi précieux, Immole entre tes bras mon indigne Rivale : Pour lui donner ton cœur tu fûs me l'aracher,! Ingrat! C'est dans le fien que je l'irai chercher. C'est par là que je veux dans ma fureur extrême Te caufer des tourmens plus grands que la mort même, Me la voir immoler à mes jaloux transports, Pour toi, c'eft fans mourir endurer mille morts. Que prétens-je? Et pourquoi la choisir pour victime! Quel crime a-t-elle fait; fi fes appas..... Quel crime ! Devrois-je après ce coup balancer un moment ? Quel crime! Elle me vient de ravir mon Amant, Elle m'enleve un cœur que fans elle Fulvie Auroit pû poffeder le reste de sa vie, Elle le rend ingrat, traître, parjure.... Ah Dieux! Pourroit-elle être encore innocente à mes yeux? vengeons. Mon Sexe dangereux, quoique foible & timide, Outré dans fon amour fut toûjours intrépide: Les meurtres, les poifons, mille crimes divers C'est un amour cent fois plus cruel que la haine, Et c'eft peu du trépas de celle qui m'outrage, vivre, promettre de Ils mourront.Et contente auffi-tôt de les fuivre, Moi-même de mes jours je romprai le lien Pour punir leur amour & contenter le mien. CEPHIS E. ELEGIE VII. E faifois mon bonheur d'aimer & d'être aimée, JE Il va s'évanoüir ainfi qu'une fumée, Au feul objet que j'aime on me veut aracher, de charmes, A l'Amour oprimé ne coutoit point de larmes: De cet aimable Empire alors étoient bannis Tous ceux qui par l'amour n'étoient pas réunis. Aujourd'hui pour former cette union fi fainte, O tems! ô mœurs ! on va jufques à la contrainte; Depuis qu'à l'Interêt on dreffe des Autels; Seul il regle les vœux & le fort desMortels. Erafte,ainfi pour nous le Sort change de face, Mais n'apréhendons pas le coup qui nous menace: Si de notre bonheur on interromt le cours, Songeons que fans fe voir on peut s'aimer toûjours. Depuis ce tems heureux qu'à ta premiere vûë Je rougis de fentir une flamme inconnuë, Que voyant dans tes yeux briller la même ardeur, Je reçus tes foupirs & te donnai mon cœur, vœux, Qu'à nous voir réunis par un Himen heureux; Mais le Sort nous trahit. On veut me faire un crime D'un feu que la vertu rend pour nous légitime: Ce n'eft pas tout. On veut qu'à Damis dès de main. Je donne en même-tems & mon coeur & ma main. Péres dénaturés, que prétendez-vous faire? Quel plaifir prenez-vous à caufer ma mifere? Si vous ne voulez pas qu'Erafte foit à moi, Du moins à fon Rival n'engagez pas ma foi; Il est riche. Eft-ce l'Or qui peut dans l'Hime née Entretenir toûjours une paix fortunée! C'eft l'amour, la vertu. Prendrai - je pour Un objet éternel de haine & courroux? Ne |