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Ou dois-tu la garder encor entre tes mains,
Si tu n'en détruis pas les perfides Humains.
Mais non, c'eft à moi feule à punir qui m'ofe
fense,

Mon bras, mon amour feul doit fervir ma vengeance:

Tout autre ne feroit en le privant du jour,

Que punir un Méchant, fans venger mon

amour.

Qui peut faire en mon cœur révolter ma tendreffe!

De moi-même déja ne fuis-je plus maîtreffe? Ma haine, mon courroux fe laiffent défarmer! Hélas quand par raison on ne veut plus aimer,

,

C'eft alors que l'amour a plus de violence.
J'ai beau me rapeller fes fermens, fon offence,
Il triomphe l'Ingrat. Mais malgré mon ardeur
Je fais des coups plus fûrs pour lui percer le

cœur.

En vain il me trahit, me perd, me déshonore, Je ne puis.... Difons tout. Cruel! je t'aime

encore.

Toutefois fi tes jours me font fi précieux,
Je ne t'épargnerai que pour te punir mieux.
Qüi, je veux que ma main, à tous les deux
fatale,

Immole entre tes bras mon indigne Rivale : Pour lui donner ton cœur tu fûs me l'aracher,! Ingrat! C'est dans le fien que je l'irai chercher. C'est par là que je veux dans ma fureur extrême Te caufer des tourmens plus grands que la mort même,

Me la voir immoler à mes jaloux transports, Pour toi, c'eft fans mourir endurer mille morts. Que prétens-je? Et pourquoi la choisir pour

victime!

Quel crime a-t-elle fait; fi fes appas..... Quel

crime !

Devrois-je après ce coup balancer un moment ? Quel crime! Elle me vient de ravir mon Amant, Elle m'enleve un cœur que fans elle Fulvie Auroit pû poffeder le reste de sa vie,

Elle le rend ingrat, traître, parjure.... Ah

Dieux!

Pourroit-elle être encore innocente à mes yeux?
Non, c'est trop différer. Plus elle a fû lui plaire,
Plus la cruelle doit éprouver ma colere;
Il n'importe comment, ni qui nous outrageons.
Vengeons-nous fans fonger fur qui nous nous

vengeons.

Mon Sexe dangereux, quoique foible & timide,

Outré dans fon amour fut toûjours intrépide:

Les meurtres, les poifons, mille crimes divers
N'ont que trop par nos mains effraïé l'Univers'.
Déja par les fureurs où mon ame s'emporte,
La haine dans mon coeur fe montre la plus forte
La pitié, les remords lui font place à leur tour.
Et je fens à la fin que je n'ai plus d'amour.
Ou du moins, fi c'eft lui qui malgré moi
m'entraîne,

C'est un amour cent fois plus cruel que la haine,
Moi-même en cet inftant il me glace d'horreur:
Ah! cet excès d'amour en eft un de fureur.
C'en eft fait, livrons-nous au tranfport de
ma rage,

Et c'eft peu du trépas de celle qui m'outrage,
Il faut punir l'Ingrat qui vient de me trahir,
Du moins de ce qu'en vain je voudrois le haïr.
L'un pour l'autre ils ont beau fe

vivre,

promettre de

Ils mourront.Et contente auffi-tôt de les fuivre, Moi-même de mes jours je romprai le lien Pour punir leur amour & contenter le mien.

CEPHIS E.

ELEGIE VII.

E faifois mon bonheur d'aimer & d'être aimée,

JE

Il va s'évanoüir ainfi qu'une fumée,

Au feul objet que j'aime on me veut aracher,
Au feul que je détefte on me veut attacher.
Cet heureux tems n'eft plus, où l'Himen plein

de charmes,

A l'Amour oprimé ne coutoit point de larmes: De cet aimable Empire alors étoient bannis Tous ceux qui par l'amour n'étoient pas réunis. Aujourd'hui pour former cette union fi fainte, O tems! ô mœurs ! on va jufques à la contrainte;

Depuis qu'à l'Interêt on dreffe des Autels; Seul il regle les vœux & le fort desMortels. Erafte,ainfi pour nous le Sort change de face, Mais n'apréhendons pas le coup qui nous

menace:

Si de notre bonheur on interromt le cours, Songeons que fans fe voir on peut s'aimer toûjours.

Depuis ce tems heureux qu'à ta premiere vûë Je rougis de fentir une flamme inconnuë,

Que voyant dans tes yeux briller la même ardeur,

Je reçus tes foupirs & te donnai mon cœur,
Tu le fais, fatisfaite & du tien la maîtreffe,
Je trouvois mon bonheur égal à ma tendreffe:
Il ne me reftoit plus pour combler tous mes

vœux,

Qu'à nous voir réunis par un Himen heureux; Mais le Sort nous trahit. On veut me faire un crime

D'un feu que la vertu rend pour nous légitime: Ce n'eft pas tout. On veut qu'à Damis dès de

main.

Je donne en même-tems & mon coeur & ma

main.

Péres dénaturés, que prétendez-vous faire? Quel plaifir prenez-vous à caufer ma mifere? Si vous ne voulez pas qu'Erafte foit à moi, Du moins à fon Rival n'engagez pas ma foi; Il est riche. Eft-ce l'Or qui peut dans l'Hime

née

Entretenir toûjours une paix fortunée!

C'eft l'amour, la vertu. Prendrai - je pour
Epoux

Un objet éternel de haine & courroux?
Et Damis l'eft pour moi. Son ame vile & baffe

Ne

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