beaucoup des magasins, il aura attention de faire choix de ceux qui ne feront pas trop humides, ou trop expofés aux exceffives chaleurs du pais; & s'il ne pouvoit en avoir d'autres, il fera mettre dans les humides, une couche de planches ou de fagots avant de placer en pile les facs de froment ou de farine. Comme ce ne doit être que dans le cas de néceffité, le Garde-magafin fe fera autorifer par le Munitionnaire général qui eft für les lieux, & rapportera l'ordre comme piéce juftificative de la dépenfe, fans quoi elle lui fera rayée. A l'égard de ceux qui font trop expofés à l'air, il fera fermer une partie des jours, & par préférence, ceux du côté du midi, pour n'en laiffer qu'autant qu'il conviendra.

Les Magiftrats doivent mettre en bon état les magafins qu'ils donneront. Cependant, fi on ne pouvoit les y obliger, & qu'il y eût des réparations indifpenfables à faire, le Garde-magafin priera le Commiffaire des Guerres d'en arrêter un Etat, de faire lui-même le

marché, de recevoir les ouvrages qui feront faits, & de vifer les quittances, pour mettre le Munitionnaire à portée de répéter la dépenfe fur le Roi. Sans ces précautions, quelque médiocre qu'elle fût, elle feroit en pure perte pour le Garde-magasin.

Si les magafins fournis par les Villes, ne fuffifoient pas pour contenir tous les effets du Munitionnaire, le Garde-magafın en pourra louer des particuliers; mais ce ne doit être qu'en présence du Commiffaire des Guerres, qui jugera de la néceffité, & qui vifera en ce cas le marché & les quittances des loyers, pour en répéter le montant fur le Roi.

Le Commiffaire des Guerres fe fera donner un Etat de tous les grains, farines, effets & uftenciles qui feront dans les magasins des vivres & dans les fours, lorfqu'il prendra poffeffion de fon Département. On en fait un inventaire à chaque renouvellement de marché, fur l'ordre du Miniftre de la Guerre ou de l'Intendant. Ces inventaires fe

font ordinairement tous les ans au mois de Janvier le Commiffaire des Guerres nomme des Experts pour l'estimation des effets & uftenciles.

On trouvera à la fin de ce Chapitre, un Modéle de ces inventaires.

OBSERVATIONS.

Lorfque les Troupes font affemblées en Corps d'Armée, foit en tems de guerre ou en tems de paix, le Roi fait fournir le pain, foit par le Munitionnaire qui eft chargé des grains & de la manutention, ou par l'Entrepreneur à qui le Roi donne des grains de fes magafins, & avec lequel il a un traité pour la manutention feulement.

On fe régle, pour ce qui doit revenir à chaque Officier ou autres, fur l'Etat du Roi qui eft envoyé à l'Intendant par le Secretaire d'Etat de la Guerre.

Le Roi fournit ordinairement le pain aux Troupes dans les Places Frontières.

Chaque Sergent, Soldat, Brigadier,

Cavalier & Dragon en a une Ration par jour.

Les Officiers n'en doivent avoir que pendant la guerre & en campagne, pour la fubfiftance de leurs domeftiques, ce qui fait partie du traitement qui leur eft réglé, les quantités qui reviennent à chacun font, fuivant leur grade, fixées par les Ordonnances du Roi.

Il y a eu des tems où on a été obligé de faire du pain de munition avec du froment pur; cela eft arrivé en Italie, lorfqu'on s'apperçut que le feigle incommodoit fi fort les Troupes, qu'il étoit à craindre que cela n'occafionnât des maladies, & ne fît périr beaucoup de Soldats.

Il est arrivé fouvent que le pain a été fabriqué en Dauphiné, en Rouffillon, & dans d'autres Départemens, avec du froment pur, parce qu'il n'y avoit pas de feigle, ou qu'il étoit trop cher; mais en Flandre & en Allemagne,

il

il a toujours été fabriqué avec les deux tiers de froment, & l'autre tiers de feigle.

Du tems de Louis XIV. & depuis, excepté dans les dernieres années, les marchés des vivres ont toujours été faits en Septembre ou Octobre, & le Miniftre a intérêt de remettre les chofes fur ce pied, parce qu'au mois de Décembre & de Janvier, les grains rencheriffent, les chemins font impraticables pour les voitures, & les débordemens ou les gelées empêchent les moutures.

Le Miniftre, pour la fûreté du fervice, oblige les Munitionnaires d'avoir dans les Provinces où ils fourniffent le pain aux Troupes, un certain nombre de facs d'emplacement, & de lui remettre de quinze en quinze jours, des Etats certifiés place par place, département par département, de l'exiftence des magafins en grains & farines, & de la confommation journaliere; ces Etats fe fuivent, & le reftant de la derniere quinzaine eft rapporté à la premiere colonne de la quinzaine fubféquente.

Tome IV.

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