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faire fon ambition, reprit, à fon ordinaire, les négociations. Il propofa de nouveau d'entrer dans un accommodement qui termina guerre & procura la paix au Royaume. Le Miniftre fut d'avis que le Roy écoutât les propofitions de fon ennemi; qu'il lui étoit glorieux de l'avoir réduit à lui demander la paix, que c'étoit un aveu de la foi»bleffe de fes forces : que lorfqu'on connoîtroit les intentions » de la maifon dAutriche, on en profiteroit felon les occurren»ces, fans s'engager à rien de prejudiciable à fes droits. Mais fur tout que Sa Majefté, pendant ces pourparlers captieux, » ne devoit point confentir à » une treve, ni à quelque fuf» penfion d'armes, qui put arrê »ter fes progrès. Le Roy fuivit le confeil de fon fage Ministre » & Ferdinand lui offrit de le

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Jaiffer paifible poffeffeur du « Royaume de Hongrie pendant le cours de fa vie, à condition « qu'après fa mort la maison d'Au-« triche rentrât dans tous les « droits; qu'elle s'obligeroit, en " cas que le Roy eut des enfans, de leur donner des Seigneuries & des revenus convenables à leur naiffance, & que l'aîné de fes fils feroit déclaré Vaivode « de Tranfilvanie.

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Il femble par ces propofitions, que Ferdinand auguroit que la vie du Roy Jean ne devoit pas. être longue; car pendant les allées & venues de cette négocia tion, ce Prince fe fentit frappé de maux extraordinaires ; cependant par fon grand courage il continuoit à remettre fous fon obéiffance, les places dont Ferdinand étoit encore le maître dans le Royaume. Il étoit occupé au fiege de l'importante

fortereffe deFogarai en Tranfilvanie, défenduë par Etienne Maillat, un des grands Seigneurs du païs, mais entierement dans le parti de la maifon d'Autriche, lorfqu'il reçût un courier de la part du Miniftre, pour lui apprendre que la Reine venoit de lui donner un fils. Cette nouvelle agréable réJoüit infiniment le Roy; il en fit rendre graces à Dieu dans tout le Royaume, & tandis qu'il les rendoit lui-même, il fit faire trois décharges de toute fon artillerie : il fit publier & preparer de grandes fêtes, & de magnifiques tournois à Millembac, la plus riche ville de Tranfilvanie: mais comme il voulut être prefent à tous ces divertiffemens, fa fanté en fut plus alterée ; enfin fentant diminuer fes forces, ce fage Prince voulut mettre ordre aux affaires, & fe préparer à la morts il declara fes dernieres volontez.

par un teftament authentique, & après avoir rempli tous les devoirs d'un Prince veritablement Chrêtien, il rendit l'efprit à l'âge de 53. ans, le 21. Juillet 1540. & le 14. de fon Regne.

Un Roi fi fage, fi vaillant & fi bon, fut infiniment regretté de tous les peuples: il étoit également bien fait de corps & d'efprit, plus porté à la clemence qu'à la feverité, même envers fes plus grands ennemis : liberal jufqu'à ne fe rien referver pour recompenfer le merite, où l'attachement de fes fujets: il avoit le cœur droit & magnanime, préferant la gloire à tout; inviolablement attaché à la foi Catholique; enfin ses ennemis ne lui ont pû reprocher que de s'être trop livré à la paffion de regner, défaut qui peut être mis au nombre des vertus morales dans les bons Princes, comme il peut

être un vice dans les méchans. Dès que la mort du Roy fut portée à Bude, le Miniftre dans le moment partit pour fe rendre· à Millembac, afin de donner les ordres à la pompe funebre, prévenir par fa prefence les mouvemens ordinaires en pareilles occafions, fur tout pour ménager les efprits, & affurer la Couronne à Etienne, qui n'avoit encore que onze jours. Il fit convoquer lesEtats Generaux à Albe-Royale, felon les loix du Royaume. Le corps du Roy y fut porté, avec toute la pompe, & après fon inhummation, les Ordres du Royaume s'affemblerent en Diéte, pour proceder à l'élection de fon fucceffeur. Le Grand Chancelier en fit l'ouverture, où il déclara la vacance du Trône, & les privileges de la nation pour le remplir. Enfuite Martinufius prit la parole, & par un difcours éga

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