fenfiblement fur le glacis des foffez de la citadelle fur cette hauteur on voit une Eglife dédiée à faint Gerard, de là on découvreles fuperbes couverts du Palais Royal& fes portiques magnifiques les autres côtez de la Ville ont de vaftes & delicieu fes : campagnes. Ferdinand ordonna de commencer par le fiege de cette importante Ville, non feulement parce qu'elle facilitoit la reduction de tout le Royaume; mais encore par un fentiment de vengeance, ayant fur tout recommandé à fon General de fe faifir de la perfonne du Moine George, & de lui envoyer pieds & poings liez. ni Il eft à remarquer que la plûpart des Historiens de ce temps, n'ont donné d'autre nom d'autre qualité à Martinufius, que celle de Moine, pour mieux colorer leurs reflexions malignes. Ils ont affecté de le traiter de fuperbe & d'ambitieux, par rapport à fa magnanimité, & à la magnificence, fans avoir égard à fes dignitez de premier Miniftre,de Regent d'un grand Royaume, & de Tuteur de fon Roy, ni à celles d'Archevêque & de Cardinal, qu'il devoit foûtenir avec fplendeur : ils n'ont voulu le regarder que par rapport à fon premier état de Moine, auquel cet éclat ne pouvoit convenir fans orgueil & fans extravagance: ils ont voulu oublier que des Moines celebres leur capar pacité & leur merite, élevez aux mêmes dignitez, n'ont pas fait de difficulté de foûtenir leur rang avec la même pompe, & n'ont pas laiffé de s'attirer les éloges de tous les Ecrivains judicieux. Témoin le fameux Abbé Suger, Moine de faint Denis, qui fut premier Miniftre & Regent en fa France fous Louis VII. & en dernier lieu le Cardinal Ximenez en Efpagne: quoi que par profeffion il ne fut queCordelier: l'un & l'autre devenus fi puiffans, que le premier voulut lever une armée à fes dépens, pour le fecours de la Terre fainte, l'autre en leva une, équipa une flote de fes deniers, paffa en Afrique, où il conquit le Royaume d'Oran fur les Maures. On fait en paffant cette reflexion › pour faire connoître les injuftes préventions de ces plumes venales, qui pour flatter la maifon d'Autriche, ont bien voulu facrifier le bon fens à leurs lâches adulations & à leurs baffes invectives. Rocandolph fans s'arrêter en chemin, arriva devant la ville de Peft qui lui ouvrit les portes; il fit fans obftacle paffer fur le pont toute fon armée & alla reconnoître la place: mais ayant > bien obfervé fes grands boulevards, fes profonds foffez, fes fortes tours & fes bonnes murailles le tout dans les régles pour être bien défendu, il connut les difficultez de ce fiege. Il l'avoit formé une autre fois, comme nous l'avons vû, & quoi qu'il eût été obligé de le lever, il s'en falloit de tout que cette place fùt auffi bien fortifiée : cependant il la fit investir & prit fon quartier fur le mont de faint Gerard. De ce même côté, pour étonner la Reine, il fit dreffler une baterie qui portoit dans le Palais, & s'attacha à une groffe tour fort élevée qui le dominoit; mais comme fa chûte eût écrasé cette fuperbe maison, qui auroit coûté des fommes immenses à reparer, & que, felon fes idées, elle devoit loger Ferdinand, il fit ceffer cette baterie & en employa une moins terrible. G Il envoya un Officier de mar que à la Reine, pour la porter à tenir l'ancien traité. Cet en وو voyé lui reprefenta, que Fer dinand étoit prêt de lui donner " l'inveftiture d'une Principauté où elle & le Prince fon fils » vivroient avec fplendeur & tranquillité. Que fi elle fuivoit les mauvais confeils du Moine » George, qui, fur le titre imaginaire de Regent & de Tu»teur du Roy, ne fongeoit qu'à ufurper l'autorité fouveraine, » elle alloit fe précipiter dans fa perte & caufer celle de cette grande Ville; qu'elle n'étoit » pas en état de refifter à la furie » de l'artillerie qui l'alloit battre "ni aux forces puiffantes qui alloient l'attaquer de toutes parts. Le Regent, qui étoit prefent à ces promeffes & à ces menaces, prit la parole, & s'adreffant à la Reine, il lui dit d'un ton ferme: |